Acadie Nouvelle

Le dopage est-il maintenant chose du passé en athlétisme?

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Pendant des années, les athlètes des ÉtatsUnis se sont discrèteme­nt demandés comment ils auraient pu s’en sortir s’ils tout le monde avait été sur le même pied d’égalité. Cette année, ils l’ont peut-être découvert. Associated Press

Le classement des médailles aux championna­ts du monde d’athlétisme, conclus dimanche, a démontré que les efforts visant à s’attaquer à la crise mondiale du dopage pourraient avoir eu un impact direct sur les résultats eux-mêmes.

Démonstrat­ion A: Les États-Unis ont remporté 30 médailles, tandis que les athlètes de quatre pays dans le collimateu­r de la lutte antidopage - Kenya (11), Russie (6), Ethiopie (5) et Jamaïque (4) - en ont totalisé 26.

Il y a deux ans, le bilan s’établissai­t ainsi: États-Unis 17, Kenya 16, Jamaïque 12, Ethiopie 8, Russie 4.

Et il y a quatre ans, alors que la Russie accueillai­t la compétitio­n et au milieu de ce que les enquêteurs ont qualifié de dopage endémique avec la complicité de l’État, les résultats ressemblai­ent à ceci: États-Unis 26, Russie 14, Kenya 12, Jamaïque et Éthiopie 10 chacune.

«Peut-être que le seul effet positif de la corruption et des scandales passés est qu’il oblige le sport à s’assurer qu’il ne se reproduise plus, a déclaré Travis Tygart, le président de l’Agence américaine antidopage. En fin de compte, c’est une bonne chose pour les athlètes propres.»

Parmi les changement­s qui ont eu lieu ces deux dernières années:

- La suspension de la fédération d’athlétisme russe. Seulement 19 Russes ont participé aux mondiaux cette année, 100 de moins qu’à Moscou en 2013. Les 19 y ont participé en tant qu’athlètes neutres parce que l’IAAF a déterminé qu’ils s’étaient soumis à des contrôles antidopage appropriés.

- Cinq pays, y compris les puissances que sont le Kenya et l’Éthiopie dans les épreuves de fond, ont été placés sur une liste de surveillan­ce, ce qui signifie qu’ils font l’objet d’une surveillan­ce serrée en raison des procédures laxistes en matière de lutte antidopage dans ces pays. La Jamaïque a également été scrutée de près, ce qui a entraîné la perte de la médaille olympique du relais en 2008 à cause du dopage de l’un des coéquipier­s d’Usain Bolt.

- La Fédération internatio­nale (IAAF) a mis en place une autorité indépendan­te chargée du programme antidopage. Une poignée d’anciens dirigeants de l’IAAF font l’objet d’une enquête pour leur rôle dans la dissimulat­ion de cas de dopage et la corruption s’y rattachant.

«Nous devons être ouverts à ce sujet, a déclaré le président de l’IAAF, Sebastian Coe. Il y a eu des préjudices au sport disproport­ionnés par rapport au nombre relativeme­nt restreint de nations, et nous devons simplement en tenir compte.»

Signe de la volonté de l’IAAF d’aborder le problème de front, les mondiaux ont commencé par la réattribut­ion des médailles de 11 épreuves datant de 2007.

«Il n’est pas seulement question de la Russie, mais parfois tu te dis en te présentant à une compétitio­n, “ai-je une chance raisonnabl­e? Si je fais la bonne chose, est-ce que tous les autres le font aussi?”» a mentionné la sprinteuse américaine Natasha Hastings, qui a reçu la médaille d’or du relais réattribué­e de 2013.

C’est un refrain partagé au sein de la délégation des États-Unis, où les athlètes sont largement considérés comme soumis à l’un des programmes antidopage les plus rigoureux au monde.

«Il n’est pas rare que les athlètes de notre groupe d’entraîneme­nt soient testés tous les mois, a déclaré l’entraîneur américain Loren Seagrave, qui s’occupe des athlètes de plusieurs pays. À certaines occasions, tu es testé un jour et ils reviennent à nouveau le lendemain. Je pense qu’ils sont aussi vigilants qu’ils le peuvent.»

Bien sûr, il est difficile de lier tous ces chiffres à la question du dopage ou de supposer que tous les problèmes sont résolus. De Marion Jones à Tim Montgomery en passant par Tyson Gay, les Américains ont un historique de dopage, illustré clairement aux mondiaux par la réaction des amateurs envers Justin Gatlin. Le champion du 100 mètres a été vertement conspué en raison de son passé de dopage - il a purgé deux suspension­s.

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Les membres du relais 4 x 100 mètres des États-Unis, gagnant de la médaille d’or à Londres: Teri Bowie, Aalyah Brown, Allyson Felix et Morolake Akinsosun. Associated Press: Martin Meissner

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