300 millions $ permettraient de sauver le système ferroviaire des Maritimes
Un consultant spécialisé dans le domaine ferroviaire suggère au gouvernement fédéral d’investir près de 300 millions $ afin d’assurer la pérennité de la ligne l’Océan.
C’est connu, les chemins de fer ont joué un rôle immense dans la fondation du Canada, y compris le chemin de fer intercolonial. Mais le service s’est grandement désagrégé en Atlantique au fil des dernières décennies. Greg Gormick est d’avis que des investissements majeurs s’imposent. Consultant, il a terminé en fin de semaine la rédaction d’un rapport (commandé par l’organisme Sauvons le train du nord du NB) suggérant des investissements afin de maintenir en fonction la ligne l’Océan du transporteur ferroviaire Via Rail.
«Si rien n’est fait rapidement, on risque d’assister sous peu à la fin du transport de passagers par train dans l’Est», a-t-il mis en garde en entrevue téléphonique.
Selon ses constatations, les heures de la flotte de wagons utilisés actuellement pour desservir cette ligne seraient comptées.
«Il s’agit de wagons achetés de la GrandeBretagne en 2001, des wagons sécuritaires et de bonne qualité devenus soudainement disponibles. Ça semblait être une bonne affaire à l’époque pour Via Rail, mais le problème c’est qu’ils n’étaient pas conçus pour notre climat», indique-t-il, notant que ceuxci sont rapidement tombés en morceaux.
Ainsi, une quinzaine d’années seulement après leur achat, plus d’une quarantaine des 109 wagons seraient hors service, leurs pièces servant à maintenir le reste de la flotte opérationnelle.
«C’est en quelque sorte du cannibalisme, ils se mangent pour survivre. Ce qui est inquiétant, c’est que éventuellement, ça va cesser et à ce moment, on aura un sérieux problème. Par quoi va-t-on les remplacer? Va t-on même les remplacer», se questionne M. Gormick.
L’une des solutions qu’il défend serait l’achat d’une quarantaine de nouveaux wagons plus spacieux et plus adaptés à l’Amérique du Nord. Une ligne de production est d’ailleurs en fonction à New York en ce moment (pour une compagnie espagnole) ce qui, selon M. Gormick, pourrait s’avérer une occasion unique d’économiser énormément d’argent.
«Si on peut sauter sur ce contrat et ajouter des wagons au carnet de commandes, ce serait beaucoup moins dispendieux que de recommencer à zéro et de redémarrer une nouvelle ligne», explique-t-il.
Dans l’ensemble, M. Gormick soutient que le coût d’achat d’une flotte de 40 wagons pourrait se chiffrer à quelque 200 millions $. À cette somme s’ajoute une soixantaine de millions $ pour mettre à jour la section de rails Miramichi-Rogersville (près d’une centaine de km).
«On parle donc de 300 millions $ pour conserver un lien ferroviaire vital pour le pays. Ça peut sembler beaucoup, mais ça attirerait plus d’usagers et surtout on continuerait de desservir cette région», croit M. Gormick.
Mais est-ce que l’achat de nouveaux wagons serait suffisant pour garantir plus de clients sur la ligne l’Océan? Car c’est là justement que le bât blesse. Au fil des ans, le nombre d’usagers n’a cessé de diminuer et les prix ont explosé, ce qui a notamment incité Via Rail à réduire ses services à trois jours par semaine.
«Je crois que si on offre des wagons plus performants et que l’on rétablit le service passager quotidien, la compagnie sera en mesure de faire des économies et par le fait même de réduire le coût des billets. Car la disponibilité du train et le coût des billets sont les deux principaux irritants. Si on règle ces problèmes et qu’en boni les nouveaux wagons sont plus confortables pour les passagers, c’est certain qu’on va assister à une hausse du nombre d’utilisateurs», prédit-il.
En fait, il va même jusqu’à soutenir que l’investissement gouvernemental se payerait de lui-même en quelques années.
En cette année de 150e anniversaire, M. Gormick estime que le gouvernement fédéral se doit de s’engager sérieusement en faveur du chemin de fer dans l’Est.
«Ce serait ironique (et honteux) que 150 ans plus tard, le moyen de transport qui a servi de symbole pour unifier le pays disparaisse dans l’Est. Ce serait un drôle de message qui serait envoyé. Le gouvernement a plutôt l’occasion de souligner l’importance du réseau en s’assurant de sa longévité pour les 30 prochaines années, pour la prochaine génération. C’est un héritage précieux», exprime-t-il.