Vieillissement de la population: «pas de catastrophe à l’horizon»
Le vieillissement de la population est bel et bien une réalité, mais ce n’est pas une raison pour sonner l’alarme, affirme le Dr Réjean Hébert, ancien ministre de la Santé et des Services sociaux et ministre responsable des aînés du Québec.
«Il n'y a pas de catastrophe à l'horizon», a déclaré l'actuel doyen de l'École de santé publique de l'Université de Montréal.
Le Dr Hébert a été invité à prendre la parole jeudi matin à l'occasion de la 2e École d'été de perfectionnement sur le vieillissement, tenu les 17 et 18 août, à l'Université de Moncton, campus de Shippagan.
Selon le dernier recensement, un peu moins de 20% de la population du Nouveau-Brunswick est âgée de 65 ans et plus. Si la tendance se maintient, le nombre de personnes âgées va continuer de grimper dans la province.
Il y a seulement quelques semaines, le Comité sénatorial permanent des finances nationales a publié le rapport Soyons prêts pour une nouvelle génération d'aînés actifs.
On y propose d'élaborer une stratégie nationale pour les aînés afin de contrôler la croissance des dépenses, tout en s'assurant d'offrir des soins appropriés et accessibles. Aux yeux du Dr Hébert, il est plutôt «simpliste» de présumer que les coûts vont grimper à mesure que la population vieillit.
«Ça ne tient pas compte de la demande des soins. On sait que la demande va diminuer avec le temps. La prochaine génération de personnes âgées seront en meilleure santé que nos parents et nos grandsparents. Ensuite, la réponse du système de santé sera différente.»
Il cite en exemple une étude réalisée par Robert G. Evans, un économiste de l'Université de la Colombie-Britannique.
Au cours des prochaines années, le Dr Hébert espère voir une transition vers un système de soins centré sur les soins à domicile qui mise sur la prévention. Lorsque le système de santé publique a été mis sur pied, il y a une cinquantaine d'années, la population canadienne était plus jeune. L'accent avait alors été mis sur les soins aigus pour soigner des maladies infectieuses. Avec la population vieillissante, ce sont les maladies chroniques qui deviendront plus répandues.
«Il y a une bonne nouvelle là-dedans. Les maladies chroniques peuvent être prévenues, d'où l'importance de la prévention. (…) Il faut décentraliser le système de santé des hôpitaux et avoir un système centré sur les soins à domicile. C'est là où les personnes âgées avec les maladies chroniques vivent. Ce n'est pas à l'hôpital que ça se passe.»
POUR MIEUX COMPRENDRE LE VIEILLISSEMENT
Le Dr Hébert n'était pas le seul invité de marque à prendre la parole à la 2e École d'été de perfectionnement sur le vieillissement. L'événement a rassemblé un nombre d'experts francophones du domaine, du Nouveau-Brunswick et du Québec. Ils ont abordé plusieurs sujets différents, dont l'abus et la négligence des personnes âgées, la sexualité chez les personnes âgées, la situation des proches aidants pour une personne atteinte de démence et autres.
Vendredi après-midi, Suzanne DupuisBlanchard, professeure agrégée à l'École de science infirmière à la Faculté des sciences de la santé et des services communautaires de l'Université de Moncton et experte sur le vieillissement des populations, a présenté une conférence portant sur la stratégie provinciale sur le vieillissement.
Selon Irène Savoie, responsable de l'Éducation permanente à l'Université de Moncton, campus de Shippagan, l'un des objectifs de l'École d'été est de permettre aux travailleurs sociaux et à d'autres intervenants francophones de la province d'avoir accès aux connaissances les plus récentes.
«Au Nouveau-Brunswick, on sait que la population est vieillissante. Les intervenants ont des besoins en perfectionnement. Les gens viennent mettre au point leurs connaissances pour améliorer la prestation des soins aux personnes âgées.»
«Il a fait un exercice extrêmement intéressant. Il a dit que si en 1980, il avait fallu prédire le nombre de lits d’hôpitaux nécessaires en l’an 2000 pour répondre aux besoins, il aurait fallu deux fois plus de lits. En 2000, par rapport à 1980, il y avait la moitié moins de lits d’hôpitaux. Pourquoi? Parce que le système de santé a changé. Quand on fait les prédictions, il faut tenir compte de la demande et de l’offre.»