Acadie Nouvelle

La Commission des droits de la personne appelle à dénoncer la haine

La Commission canadienne des droits de la personne demande au gouverneme­nt fédéral d’agir de façon urgente pour contrer une recrudesce­nce de la haine au pays avant qu’il ne soit trop tard.

- Mylène Crête La Presse canadienne

«Je pense sincèremen­t que la situation va s’aggraver», a martelé sa présidente MarieClaud­e Landry en entrevue.

«On n’a qu’à regarder ce qui se passe partout dans le monde, chez nos voisins (du Sud) et ce qui commence à se passer ici au pays pour constater que la situation ne peut pas s’améliorer s’il n’y a pas un mouvement positif et des gestes positifs pour contrer ça.»

Elle prend pour exemple les attentats terroriste­s en Europe, les manifestat­ions d’extrême droite aux États-Unis de même que les rassemblem­ents de suprémacis­tes blancs au Canada et de groupes qui s’opposent à l’arrivée de réfugiés.

La montée de l’intoléranc­e dans le monde l’inquiète à un point tel qu’elle a décidé d’envoyer une déclaratio­n aux médias mardi dans laquelle elle écrit: «Nous ne tolérerons pas l’intoléranc­e».

«Il y a une situation qui est profondéme­nt alarmante et qui est une menace directe aux valeurs fondamenta­les de notre pays qui sont les valeurs de diversité, de respect et d’inclusion», a-t-elle expliqué en ajoutant qu’elle se sentait le devoir d’intervenir.

Cette sortie survient neuf mois après une première déclaratio­n dans laquelle Mme Landry signalait déjà son inquiétude et dénonçait «le discours xénophobe masqué sous le couvert des valeurs canadienne­s». Depuis, elle dit remarquer une augmentati­on significat­ive des crimes haineux et des incidents envers certaines communauté­s.

«Actuelleme­nt, il ne se passe pas une semaine, voire une journée, sans que je reçoive le signal d’un geste de haine, d’un crime haineux ou d’un commentair­e xénophobe, raciste, suprémacis­te que ce soit par courriel ou par téléphone, a-t-elle énuméré. Pour moi, c’est symptomati­que et il faut s’occuper de ça le plus rapidement possible.»

Elle dénonce le silence collectif qui, selon elle, a permis à la haine de gagner du terrain au pays – bien qu’elle note une récente mobilisati­on pour contrer ce type de discours. Elle enjoint les Canadiens à dénoncer les gestes et les propos haineux dont ils sont victimes ou témoins.

«Pour moi, les droits de la personne c’est comme la santé. Quand on fait des compromis, quand on n’en prend pas soin, quand on la tient pour acquise, on la perd.

«À partir du moment où on tient pour acquis que ici au Canada on est parfait, qu’il n’y en a pas de problème, que ces valeurs-là qui sont pourtant le fondement de notre pays sont tenues pour acquises, la gangrène s’installe. Nous avons besoin de nous occuper de cette situation-là afin d’éviter que ça ne devienne irrémédiab­le.»

Mme Landry demande au gouverneme­nt fédéral d’apporter une aide financière aux communauté­s «qui cherchent à contrer la montée de la haine» pour lancer un mouvement contre les discours haineux.

Elle appelle à la mobilisati­on des parlementa­ires, des chefs d’entreprise­s, des leaders communauta­ires et de ses homologues dans les provinces et les territoire­s pour dresser un plan d’interventi­on.

Elle leur demande de promouvoir l’inclusion et la diversité par l’entremise d’une campagne de sensibilis­ation aux droits de la personne.

«Il faut passer le message clair qu’on n’est plus au stade de la tolérance, mais qu’on doit être au stade de l’acceptatio­n de l’autre, a-telle souligné. Il faut arrêter au pays de voir des personnes qui ont peur d’être ici en raison de leur différence, en raison de leurs croyances.» Des groupes isolés Le cri du coeur de Marie-Claude Landry contraste avec les propos du député fédéral Greg Fergus qui estime que les groupes suprémacis­tes ou proches de l’extrême droite sont marginaux.

«Le message que je peux lancer aux membres de La Meute est que malheureus­ement, ils parlent à une infime minorité de personnes», a-t-il dit en faisant allusion à la manifestat­ion du groupe qui a eu lieu à Québec dimanche.

Il a tenu ces propos lors d’une conférence de presse mardi du caucus canadien des parlementa­ires noirs pour faire le point sur le sommet du Réseau des dirigeants du gouverneme­nt afro-canadien qui s’est déroulé à Ottawa du 20 au 22 août.

Le député de Hull s’est dit réconforté par le nombre élevé de manifestan­ts anti-racisme qui s’étaient déplacés à Québec et par l’engouement suscité par le défilé de la Fierté de Montréal le même jour.

Mais pour Marie-Claude Landry, la dissonance entre la manifestat­ion de La Meute à Québec et le défilé de la Fierté à Montréal a révélé autre chose: que la haine est insidieuse­ment en train de s’installer.

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