Acadie Nouvelle

LE N.-B. PRÊT À AIDER

- Stéphanie Marin

L’arrivée de milliers de gens à la frontière entre le Canada et les États-Unis depuis le début de l’été, des personnes qui se retrouvent ensuite dans des camps de l’armée, frappe l’imaginatio­n. Beaucoup de choses ont été dites et écrites, mais il peut être difficile de s’y retrouver. Voici un résumé de cette situation hors de l’ordinaire. D’où viennent-ils?

Environ 85% de ces gens entrés de façon irrégulièr­e à la frontière sud du Québec dans les dernières semaines sont d’origine haïtienne, en provenance des États-Unis. D’autres sont des ressortiss­ants du Soudan et de la Turquie, notamment.

Pourquoi viennent-ils au Canada, s’ils étaient déjà en sécurité aux États-Unis?

Il est prévu que la majorité de ces gens feront une demande d’asile. Le nombre de demandes déposées à ce jour n’est toutefois pas encore connu.

Parmi ceux qui viennent d’entrer irrégulièr­ement à la frontière, se trouvent bon nombre d’Haïtiens ayant vécu aux États-Unis depuis quelques années, en vertu d’un statut de protection temporaire accordé après le terrible tremblemen­t de terre de 2010 qui a dévasté Haïti. Leur statut vient à échéance d’ici quelques mois et ils craignent de ne pas avoir l’autorisati­on de rester aux États-Unis. Plusieurs ont reçu des lettres du gouverneme­nt américain les avisant de se préparer à rentrer en Haïti.

De plus, les autorités craignent que certains soient venus après avoir cru de fausses informatio­ns qui circulerai­ent sur les médias sociaux, laissant entendre que le Canada les invite à demander l’asile, a indiqué jeudi en point de presse Louis Dumas, directeur régional du réseau national du ministère de l’Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Canada. Mais il ne s’agit pas d’un message gouverneme­ntal, a-t-il précisé.

Pourquoi entrent-ils de façon irrégulièr­e, sans passer par un poste-frontière?

Parce que s’ils se présentent à un postefront­ière et font une demande d’asile, ils seront automatiqu­ement refoulés, sauf dans de rares exceptions.

C’est le cas en raison d’un accord conclu entre le Canada et les États-Unis: l’Entente sur les tiers pays sûrs. Celle-ci prévoit que les demandeurs d’asile doivent présenter leur demande dans le premier pays sûr où ils mettent les pieds après avoir quitté leur pays d’origine. Dans le cas présent, il s’agirait, pour bon nombre d’entre eux, des États-Unis. Ces demandeurs d’asile potentiels traversent donc par des chemins sans douanes ou par la forêt. Une fois arrêtés en sol canadien par la GRC qui patrouille les environs, ils peuvent demander la protection du Canada.

Combien sont-ils?

Plus de 8000 sont entrés irrégulièr­ement depuis le début du mois de juin.

Seulement depuis le 1er août, plus de 3800 personnes ont été intercepté­es au Canada, après avoir traversé à pied la frontière de façon irrégulièr­e, soit sans passer par un postefront­ière. Les autorités en ont compté 781 en juin et 2996 en juillet.

Environ 250 personnes par jour étaient intercepté­es la semaine dernière, a confirmé la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC). Cette semaine, on parle plutôt de 140.

Vont-ils tous rester au Canada?

Ceux qui démontrent qu’ils sont des réfugiés au sens des convention­s internatio­nales, bref, qu’ils ont fui leur pays pour éviter la guerre, la persécutio­n ou la terreur, auront de bonnes chances de rester. L’ONU définit le réfugié comme une personne qui craint avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de ses opinions politiques, de sa nationalit­é ou de son appartenan­ce à un groupe social en particulie­r, est-il rapporté sur le site d’Immigratio­n Canada.

Ceux qui veulent venir au Canada pour y trouver du travail, améliorer leurs conditions de vie et aider leurs proches restés dans leur pays d’origine où sévit la famine et le chômage, risquent fort de ne pas remplir les critères de la loi canadienne. Des exceptions sont toutefois possibles.

À titre indicatif, 50% des ressortiss­ants d’Haïti qui ont formulé une demande d’asile en 2016 ont été refusés.

(On distingue donc ces récents arrivants en sol canadien de ceux qui ont formulé une demande depuis leur pays pour immigrer et travailler au Canada, qui sont évalués selon une série de critères complèteme­nt différents de ceux qui font une demande d’asile).

Que vont-ils devenir?

Ceux dont la demande d’asile sera refusée peuvent ensuite en appeler de cette décision. Si le refus est maintenu, des procédures de renvoi dans leur pays d’origine seront entamées et ils devront alors quitter le Canada.

Combien cela peut-il prendre de temps?

Actuelleme­nt, le délai de traitement d’une demande est d’environ un an et de deux ans si un processus d’appel de la décision est entamé, a expliqué un avocat spécialisé en immigratio­n, Stéphane Handfield. Il est toutefois possible que le gouverneme­nt, qui a déjà ajouté des employés supplément­aires pour étudier les demandes, accélère la cadence du traitement des dossiers.

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- Archives Des agents de la GRC indiquent à un couple de réfugiés l’endroit où se trouve le poste frontalier de Saint-Bernard-deLacolle, au Québec.

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