Acadie Nouvelle

Réfugiés haïtiens: le N.-B. est prêt à donner un coup de main

- patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

Plus de 8000 demandeurs d’asile, majoritair­ement des Haïtiens, sont entrés irrégulièr­ement au Canada en provenance des États-Unis depuis le début juin. La plupart ont passé la frontière par le Québec. Le Nouveau-Brunswick est prêt à mettre l’épaule à la roue si jamais le besoin s’en fait sentir.

Au Nouveau-Brunswick, les demandes d’asile n’ont pas bondi, mais le gouverneme­nt provincial surveille la situation de près.

«Nous sommes conscients et surveillon­s la situation. Le gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick n’a pas encore été invité à jouer un rôle, mais nous sommes prêts à aider si on nous le demande», a indiqué par courriel, Jason Hoyt, le directeur des communicat­ions pour le ministère de l’Éducation postsecond­aire, de la Formation et du Travail.

Depuis avril 2016, le Grand Moncton a accueilli près de 500 réfugiés syriens. Encore aujourd’hui, ils arrivent dans la région au rythme d’une à deux familles par mois.

L’Associatio­n multicultu­relle du Grand Moncton (AMGM) a beaucoup appris depuis et est prête à intervenir si jamais son aide est réclamée pour recevoir des demandeurs d’asile haïtiens.

«Je pense qu’avec ce qu’on a appris dans la dernière année et demie avec les Syriens, on est prêts. On a fait quelques gaffes dans cette dernière année et demie. On a appris de ça. On sait ce qu’on fait. Lorsque la situation s’est développée au Québec, on a formé une équipe à l’interne. On a un plan établi. Si d’ici 48 heures on a la nouvelle, disons, que 300 personnes viennent ici, on est prêts à les accommoder», a confié Chantal Poirier, directrice générale de l’AMGM.

Le nombre d’employés à l’AMGM a doublé. Ils est passés de 23 à 64 et l’organisme embauche toujours. Il a aussi développé de précieux contacts avec les propriétai­res de logements de la région pour héberger des réfugiés ou des demandeurs d’asile.

«Dans le passé, je ne pense pas que l’AMGM avait une assez grande équipe pour prendre soin de tous ces gens qui rentraient. Aujourd’hui, je peux dire que nous sommes prêts», a renchéri Mme Poirier.

Comparativ­ement aux Syriens, la situation des Haïtiens qui fuient les ÉtatsUnis pour s’établir au Canada est bien différente. Les familles sont moins grandes et les raisons de leur déplacemen­t ne sont pas les mêmes.

«Si on reçoit des Haïtiens, la démographi­e est très différente. Ce sont de plus petites familles et 50% d’entre eux sont âgés de 18 ans à 40 ans. Ce sera donc plus facile de trouver des logements pour eux comparativ­ement aux Syriens pour qui trouver un logement pour une famille de 11, ce n’est pas facile», a précisé la directrice générale.

ILS PARLENT FRANÇAIS

Par ailleurs, les Haïtiens pourraient s’intégrer beaucoup plus facilement que les Syriens au Canada puisqu’ils ont une barrière en moins, la langue. Le français est une langue officielle de Haïti et est parlé par 42% de la population selon l’Organisati­on mondiale de la Francophon­ie.

Le gouverneme­nt provincial s’est d’ailleurs donné l’objectif d’avoir un taux de 33% de nouveaux arrivants francophon­es au Nouveau-Brunswick. Or, il était encore très loin de sa cible en 2016 alors que seulement 17% des immigrants accueillis étaient francophon­es.

«Un autre aspect qui rend cette situation très différente est que les Haïtiens parlent français et fort probableme­nt anglais. Bon nombre d’entre eux habitent et travaillen­t aux États-Unis depuis un certain temps. La langue est possibleme­nt le facteur le plus important pour une intégratio­n sociale et économique réussie; ces individus pourraient donc s’intégrer avec peu ou pas de soutien», a précisé le directeur général du Conseil multicultu­rel du NouveauBru­nswick, Alex LeBlanc.

Il serait cependant difficile de miser sur l’arrivée de Haïtiens au NouveauBru­nswick pour atteindre les objectif en matière d’immigratio­n francophon­e de la province.

En 2016, 50% des ressortiss­ants d’Haïti qui ont formulé une demande d’asile au Canada ont essuyé un refus selon La Presse canadienne.

«Nous devons absolument augmenter notre population francophon­e, mais la façon la plus stable est d’utiliser nos programmes d’immigratio­n économique établis», a précisé M. LeBlanc.

Le contexte est aussi très différent de «l’initiative de réinstalla­tion des Syriens, puisque les Haïtiens n’ont pas la garantie de pouvoir (rester au Canada).»

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Un demandeur d’asile, assis près d’une tente à la frontière canado-américaine, regarde son téléphone cellulaire. - Archives
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Le gouverneme­nt fédéral a confié au député libéral Emmanuel Dubourg la mission de sensibilis­er la communauté haïtienne des États-Unis sur la politique canadienne en matière d’accueil de réfugiés. - Archives
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