Lettre ouverte à la ministre Mélanie Joly
Philippe Lang (Témiscouata-sur-le-Lac) Président des associés des Filles-de-Marie de l’Assomption de Campbellton
Le 15 août dernier, j’assistais à la célébration eucharistique présidée par l’archevêque de Moncton, Mgr Valéry Vienneau, en l’église de Notre-Dame-de-Grâce de Moncton, à l’occasion de la fête de l’Assomption, patronne des Acadiens et des Acadiennes.
Mgr Vienneau nous informait que l’an prochain, la messe aura lieu en la cathédrale de Moncton puisque les travaux de rénovation seront exécutés.
Le lendemain, je lisais dans le journal l’Acadie-Nouvelle, une nouvelle extraordinaire: La cathédrale de Moncton est sauvée à
jamais de la démolition. Est-ce un miracle? Nous, les centaines de fidèles qui avons assisté à la messe du 15 août pour prier Marie, notre patronne, pour rendre hommage aux personnes qui ont travaillé d’arrache-pied pour la sauvegarde de la cathédrale, nous nous réjouissons de cette bonne nouvelle! Miracle ou non, la foi des personnes qui ont oeuvré à maintenir le monument vivant, a sûrement convaincu les autorités en place du bien-fondé de rendre la cathédrale vivante.
Mgr Joseph-Arthur Melanson, le bâtisseur du monument, doit dormir en paix, puisqu’il repose dans la crypte de la cathédrale. Drôle de coïncidence, alors qu’on déboulonne le général Lee à Charlottesville, aux États-Unis, ici, nous rétablissons la mémoire de celui qui a été l’instigateur du monument.
Je voudrais souligner brièvement le parcours de Mgr Melanson pour connaître une page de son histoire. Il est né à Trois-Rivières, un lieu privilégié pour le culte à Marie avec le sanctuaire de Notre-Dame-du-Cap.
Déménagé en Gaspésie dans la baie des Chaleurs il y retrouve ses racines acadiennes. Il fréquente le petit séminaire de Rimouski et complète son grand séminaire à Montréal. Il choisit de devenir prêtre dans le diocèse de Chatham au N.-B. Il est nommé vicaire à Balmoral et très vite curé dans la région du Nord du N.-B. en particulier à Campbellton et puis dans la région de Saint-Quentin et de Kedgwick.
Pour lui, la foi et la langue étaient inséparables. Pour arriver à ses fins, il fonde une institution religieuse pour offrir une éducation en français et de surcroît, voir à la transmission de la foi chrétienne. C’est ainsi que les Filles de Marie-de-l’Assomption ont vu le jour à Campbellton.
Le vaillant père Melanson est vite repêché par Rome pour devenir évêque de Gravelbourg en Saskatchewan. À peine déposé ses valises, il est promu archevêque d’un nouvel archidiocèse, celui de Moncton. Homme plein de foi en Marie, il lui demande la santé, l’énergie et la foi pour construire une cathédrale, mais plus encore un monument national pour ses frères et soeurs acadiens. Nous sommes en pleine crise économique et ce fou de Dieu se lance tête première dans un rêve qualifié par certains l’irraisonnable.
Le chantier durera 30 mois, mais assombri par un accident mortel. Cet événement bouleversera Mgr Melanson pour le reste de ses jours. Pour nous, membres associés des Filles de Marie-de-L’Assomption, nous voulons exprimer notre reconnaissance au comité de la sauvegarde de la cathédrale en particulier à Mme Marie-Linda Lord, pour l’immense travail de persuasion et de foi dans ce vaste projet.
Nous vous en serons toujours reconnaissants. Et enfin, Madame la Ministre, votre décision de désigner notre cathédrale comme monument historique national nous réjouit le coeur et l’âme. Votre geste nous démontre votre ouverture à notre culture et à la diversité des peuples. Ainsi, votre audace est à l’image de notre fondateur, c’est-à-dire que le coeur est plus fort que la raison.
Merci aussi à votre équipe de fonctionnaires qui vous alimente adroitement pour la bonne cause. Que l’étoile de Marie continue de briller pour le peuple acadien et aussi pour vous chère madame la ministre, amie des Acadiens et Acadiennes.