Un gourou indien est reconnu coupable de viol: ses fidèles s’insurgent et font 28 morts
Un flamboyant gourou indien a été reconnu coupable vendredi du viol de deux de ses fidèles, provoquant une flambée de violence qui a fait au moins 28 morts et plus de 250 blessés. Shonal Ganguly et Nirmala George
Des dizaines de milliers de partisans de gourou – qui s’est donné le nom de Saint Docteur Gurmeet Ram Rahim Singh Ji Insaan – s’étaient massés pour la lecture du verdict. Ils ont attaqué les journalistes qui couvraient l’affaire et la police dès l’annonce du verdict.
Les policiers ont tenté d’utiliser des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour contrôler la foule, avant de tirer des coups de semonce pour disperser les émeutiers qui s’en prenaient à des gares d’autocars et des véhicules gouvernementaux.
Certaines victimes ont été atteintes par des balles. Plus d’un millier de fidèles du gourou ont été arrêtés dans la ville de Panchkula pour incendie criminel et destruction des biens publics.
Ram Rahim Singh nie avoir violé les deux femmes dans son ashram en 2002, et l’affaire traînait devant la justice depuis 15 ans. Il a été transféré par hélicoptère vers une prison de la ville de Rohtak, dans l’État du Haryana, en attendant l’annonce de sa peine, lundi.
On rapporte des incidents violents ailleurs dans le Haryana, dans l’État voisin du Punjab et à New Delhi, où deux wagons vides ont été incendiés à la gare Anand Vihar. Des gares ferroviaires ont été incendiées dans les villes de Malout et de Balluana. Des foules en colère ont aussi attaqué la police dans la ville de Sirsa, où l’ashram est situé.
Un couvre-feu a été imposé dans quatre districts du Punjab. Un porte-parole de la secte a lancé un appel au calme. La secte du gourou, Dera Sacha Sauda, prétend compter quelque 50 millions de fidèles. Elle est à l’origine de campagnes, par exemple, qui font la promotion du végétarisme ou qui luttent contre la toxicomanie. Elle s’occupe aussi de causes sociales, comme l’organisation du mariage de démunis.
De telles sectes peuvent être très populaires en Inde et il n’est pas rare pour leurs leaders d’être protégés par de petites milices armées. Ram Rahim Singh s’était rendu au tribunal vendredi à bord d’un convoi d’une centaine de véhicules.
Les autorités avaient pris des mesures extraordinaires en prévision de la lecture du verdict: quelque 15 000 membres des forces de l’ordre patrouillaient les rues, des barricades de métal surmontées de barbelés bordaient les grandes artères, le service ferroviaire était suspendu dans la région, les écoles étaient fermées, et le service cellulaire et internet était interrompu.