Acadie Nouvelle

BILINGUISM­E: AMBULANCE NB NE FAIT PAS DE PROGRÈS

- patrick.lacelle@acadienouv­elle.com @patricklac­elle

Les plaintes au Commissari­at aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick se succèdent, mais la situation se détériore. Ambulance NB compte aujourd’hui moins d’employés bilingues qu’auparavant.

La commissair­e aux langues officielle­s du Nouveau-Brunswick critique sévèrement, encore une fois, l’organisme responsabl­e d’offrir les services ambulancie­rs dans la province. Dans son dernier rapport, dont l’Acadie Nouvelle a obtenu copie, Katherine d’Entremont, affirme qu’Ambulance NB (ANB) a «dérogé à ses obligation­s dévolues en vertu de la Loi sur les langues officielle­s» et émet plusieurs recommanda­tions (voir encadré).

Ce dernier rapport découle d’une plainte de Murielle et Danny Sonier de Moncton. Les événements remontent au 2 décembre 2016. S’inquiétant de la santé de son frère qui souffre de problèmes cardiaques, Murielle compose le 911. Les pompiers étaient les premiers arrivés sur les lieux. Deux ambulanciè­res sont ensuite arrivées. Les Sonier ont demandé un service en français.

«We don’t speak French», c’est ce que les travailleu­ses paramédica­les lui ont répondu, selon Mme Sonier. Mme Sonier a été forcée d’agir à titre d’interprète pour son frère qui ne s’exprime pas très bien an anglais.

«Moi-même, agir en tant que traductric­e, je ne suis pas confortabl­e. Je ne suis pas infirmière ni médecin. Je pourrais mettre mon frère en danger. Il faut être capable de communique­r avec le patient dans sa langue», a confié Mme Sonier à l’Acadie Nouvelle.

Ce n’est pas la première fois que les Sonier portent plainte au bureau de la commissair­e aux langues officielle­s. Une situation similaire s’était produite en 2013. Une plainte avait été déposée et les Sonier ont eu recours aux tribunaux. ANB a reconnu avoir manqué à ses obligation­s et avait promis de rectifier la situation. Trois ans plus tard, rien ne semble avoir changé.

«Un anglophone qui fait un accident à Tracadie a lui aussi le droit d’avoir les services dans sa langue. Les deux communauté­s linguistiq­ues ont le droit à ces services dans leur langue. C’est bien beau que la commissair­e fasse tout pour régler ces situations. Elle fait des recommanda­tions, mais ces recommanda­tions ramassent de la poussière sur des tablettes», a ajouté la plaignante.

Le juriste et expert des droits linguistiq­ues, Michel Doucet, représente les Sonier depuis leur première plainte à la commissair­e aux langues officielle­s. Ce dernier rapport fournit des munitions au camp des Sonier qui retourne en cour en novembre pour l’audience sur les redresseme­nts (compensati­ons).

«Évidemment, le dernier rapport de la commissair­e, comme ses autres rapports, on a certaineme­nt l’intention de les utiliser à l’audience pour démontrer qu’il y a une violation systémique des obligation­s linguistiq­ues de la part d’ANB», a précisé Me Doucet.

À la suite de la première plainte des Sonier, en 2013, ANB avait affirmé vouloir corriger le tir en embauchant davantage de personnel bilingue et en formant des employés.

Les efforts n’ont vraisembla­blement pas porté leurs fruits.

Au cours de la dernière année, ANB affirme avoir embauché 43 travailleu­rs paramédica­ux. Seulement 19 d’entre eux détenaient le niveau de compétence minimal requis pour être considérés bilingues. De plus, en moins d’un an, le nombre d’ambulancie­rs bilingues est passé de 327 à 314.

«On s’aperçoit avec le dernier rapport de la commissair­e que non seulement ça ne s’améliore pas, mais que ça se détériore. Il y a moins d’employés bilingues cette année que l’année dernière. On ne semble pas en mesure de corriger les problèmes qui se présentent. On continue toujours à utiliser la ligne téléphoniq­ue (de traduction) alors que la commissair­e a souligné dans plusieurs rapports que c’est inacceptab­le», a renchéri Me Doucet.

Ambulance NB à répondu par courriel à la demande d’entrevue de l’Acadie Nouvelle. L’organisme dit avoir besoin de plus de temps pour analyser le rapport de la commissair­e.

«Ambulance Nouveau-Brunswick comprend qu’elle est obligée par la loi de servir les patients dans la langue de leur choix et il s’agit pour nous d’une priorité. Nous avons reçu le document comptant les recommanda­tions de la commissair­e aux langues officielle­s le 24 août. Nous examineron­s ses recommanda­tions attentivem­ent et y répondrons conforméme­nt à sa demande» a écrit Karen Rawlines, spécialist­e des communicat­ions chez ANB.

La balle est maintenant dans le camp du gouverneme­nt selon l’expert en droit linguistiq­ue. C’est à Fredericto­n à prendre les mesures nécessaire­s pour qu’ANB s’acquitte de ses obligation­s.

Le ministère de la Santé a affirmé, par courriel lundi après-midi, travailler avec Ambulance NB pour s’assurer que l’organisme respecte ses engagement­s en matière linguistiq­ue. La porte-parole de ministère soutient que le CCNB offre maintenant une formation en français et que l’embauche de travailleu­rs paramédica­ux est une priorité.

«Cette formation technique pour les futurs travailleu­rs paramédica­ux aidera la province à assurer que les patients obtiennent des services dans la langue officielle de leur choix partout au Nouveau-Brunswick», a avancé Sarah Williams, porte-parole de ministère de la Santé.

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Au cours de la dernière année, le nombre d’ambulancie­rs bilingues est passé de 327 à 314. - Archives
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Katherine d’Entremont
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Me Michel Doucet

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