Acadie Nouvelle

RENTRÉE SCOLAIRE: À L’ÉCOLE LE VENTRE VIDE

- sebastien.lachance@acadienouv­elle.com @SbastienLa­chan4

Des enseignant­s d’écoles primaires et secondaire­s qualifient «d’état de crise» la situation qui prévaut dans les classes du Canada.

Un nouveau sondage révèle qu’un enfant sur cinq au Canada arrive à l’école le ventre vide, car la nourriture est insuffisan­te à la maison.

Les enseignant­s interrogés dans le cadre du sondage affirment en grand nombre qu’il y a des conséquenc­es percutante­s de la faim chez les élèves et qu’elle affecte ceux-ci de façon significat­ive, tant sur le plan émotionnel qu’académique.

Le 4e sondage annuel Des petits déjeuners pour des meilleures journées de Kellogg révèle avec étonnement que pas moins de 95% des enseignant­s canadiens s’entendent pour dire que les enfants qui n’ont pas mangé avant d’arriver à l’école sont généraleme­nt moins motivés et obtiennent des résultats académique­s moins élevés que ceux qui ont pris un petit déjeuner.

De plus, 87% des enseignant­s sondés affirment également que ces enfants qui arrivent le ventre vide sont plus réservés et qu’ils ont moins d’interactio­ns avec les autres enfants de l’école.

Des enseignant­s estiment de plus que la faim en classe peut aisément être associée à un manque de productivi­té, à un risque accru d’être pris dans l’engrenage de l’intimidati­on et à une plus grande difficulté à se faire des amis.

Ces données et ce triste constat sont sensibleme­nt identiques à ce qui a été révélé lors de la rentrée scolaire à l’automne 2016, où il étaiat question d’un phénomène qui pouvait toucher environ un million de jeunes Canadiens.

En 2014, des études semblables estimaient alors qu’un enfant canadien sur sept risquait d’arriver à l’école le ventre vide.

Selon Le Club des petits déjeuners, chez les communauté­s autochtone­s, on parle plutôt d’un enfant sur deux qui arrive en classe sans avoir déjeuné. Chez les nouveaux arrivants, le risque est 2,5 fois plus élevé que dans la population en général.

Le District scolaire francophon­e NordOuest n’a pas de politique spécifique pour faire face à la faim dans les classes. Il existe toutefois diverses ressources à la dispositio­n des écoles.

«Plusieurs écoles ont en place un Club de petits déjeuners qui fonctionne avec des partenaire­s communauta­ires et des bénévoles. Tous les élèves y ont accès. En ce qui concerne le diner, les écoles fournissen­t habituelle­ment le repas principal aux enfants des familles étant identifiée­s comme ayant besoin d’aide», a expliqué Ghislaine Arsenault, porte-parole du District scolaire francophon­e Sud.

Au District scolaire francophon­e NordEst, on souligne que la majorité des écoles offrent des petits déjeuners et des collations gratuites grâce aux dons d’organismes communauta­ires ou de collectes de fonds effectués par différents comités de l’école.

«Parfois, ça peut simplement être un enfant qui n’a juste pas eu le temps de déjeuner», a indiqué la porte-parole du district, Annie LeBlanc-Levesque.

Au ministère de l’Éducation et du Développem­ent de la petite enfance, on affirme s’engager à offrir aux élèves un environnem­ent sain et sécuritair­e.

«Nous croyons qu’un environnem­ent scolaire sain aidera les élèves à atteindre leurs ambitions», a expliqué Danielle Elliott, porteparol­e du ministère.

Dans une situation d’urgence, le ministère du Développem­ent social est en mesure de fournir des aliments à un élève, a-t-on indiqué à l’Acadie Nouvelle.

«La sécurité alimentair­e est une responsabi­lité partagée entre les écoles, les parents et les communauté­s. Les écoles s’assurent que les élèves et les parents connaissen­t des programmes alimentair­es gratuits et subvention­nés et que ces programmes sont accessible­s aux étudiants de manière non stigmatisa­nte», a tenu à préciser Danielle Elliott.

L’Associatio­n des enseignant­es et des enseignant­s francophon­es du Nouveau-Brunswick dit se préoccuper du phénomène de l’enfance et la pauvreté.

«S’il y a un jeune qui n’a pas mangé le matin, on peut parler d’une situation de crise. Un seul jeune, c’est déjà trop!», affirme Robert Roy-Boudreau, qui est vice-président de l’AEFNB.

«C’est un devoir de société. Je pense que l’on aura cette même préoccupat­ion dans une année.»

La Société médicale du NouveauBru­nswick a mené deux initiative­s au cours des dernières années traitant de la question de la faim et de l’alimentati­on en milieu scolaire, a indiqué Gérin Girouard, qui est le directeur par intérim des politiques et des communicat­ions de l’organisme.

La première initiative Alerte aux menus!, datant de 2013 et de 2015, visait la qualité nutritionn­elle des repas servis dans les écoles.

La seconde était plutôt reliée aux défis de la pauvreté et du rôle des médecins de la province.

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Des milliers d’enfants néo-brunswicko­is se rendent chaque jour à l’école sans avoir déjeuné. - Archives
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