CONCERT DE CRITIQUES
Alors que le gouvernement s’apprête à confier la gestion du Programme extramural et de Télé-Soins au secteur privé, la régie de santé francophone craint une perte de qualité des soins.
Le gouvernement donne le feu vert au regroupement d’Ambulance NB, de l’extra-mural et de la ligne téléphonique 811. Dès le 1er janvier, cette nouvelle entité sera gérée par le groupe Medavie, un fournisseur de soins de santé privé sans but lucratif basé à Moncton.
Vendredi, le Réseau de santé Vitalité a exprimé son opposition à la privation du Programme extra-mural. En juin 2016, son conseil d’administration s’était prononcé contre le projet et demandait que la gestion et la prestation des soins à domicile demeurent sous sa responsabilité, au sein du système public.
«Le conseil est inquiet de l’effritement continu de sa gouvernance sur les éléments du système de santé dont il a la responsabilité.»
Selon Mme Paulin, cette décision est d’autant plus étonnante puisqu’elle touche aux responsabilités fondamentales des régies régionales de la santé. «Selon la loi, les régies sont responsables d’assurer la prestation des services de santé et de les administrer sur leur territoire. Comme conseil d’administration, nous sommes perplexes à la suite de cette annonce.»
Le président-directeur général, Gilles Lanteigne, ne comprend pas pourquoi le gouvernement s’engage dans cette voie. «Ce qu’on vient d’entendre aujourd’hui c’est que ça va coûter plus cher et on n’a pas compris le modèle de soin, on n’est pas satisfaits des réponses qu’on a obtenues.»
Gilles Lanteigne s’inquiète des conséquences du regroupement pour les patients. Il estime que les liens étroits déjà établis entre le corps médical, les professionnels de la santé en milieu hospitalier et le personnel de l’extra-mural contribuent à l’efficacité et à la qualité des soins offerts à la population.
«En morcelant le système de santé de la province en différentes entités, il devient de plus en plus difficile pour nous d’atteindre nos résultats escomptés, notamment en matière de qualité, de continuité des soins, d’efficacité et d’efficience.»
«Le Conseil d’administration et l’équipe de direction du Réseau sont extrêmement déçus de la décision du gouvernement provincial de privatiser le Programme extramural», déclare Michelyne Paulin, la présidente du conseil d’administration.
UN FLOT DE CRITIQUES
«Voici un autre exemple d’ingérence du gouvernement Gallant dans nos hôpitaux et du démantèlement des services de santé de nos institutions francophones. Le gouvernement est en train de créer un système de santé parallèle et privé, ça rend la situation plus complexe, on n’a pas besoin d’une autre structure», a renchérit Dr Hubert Dupuis, président d’Égalité Santé en Français.
«Medavie est une entreprise privée, et réalise des profits qu’elle accapare. Elle gère Ambulance Nouveau-Brunswick qui est dispendieux, inefficace et bafoue les droits de la communauté linguistique francophone et acadienne.»
Le porte-parole progressiste-conservateur en matière de Santé, Brian Macdonald, estime qu’aucune justification suffisante n’a été donnée.
«Ne réparons pas ce qui n’est pas brisé», dit-il.
Le chef du Parti vert David Coon craint que Medavie ne soit pas suffisamment forcée à rendre des comptes.
Selon lui, le gouvernement aurait plutôt dû rapatrier Ambulance NB au sein du secteur public.
«C’est une très mauvaise idée de privatiser un programme qui fonctionne bien et est aimé par les Néo-Brunswickois.»
La commissaire aux langues officielles du Nouveau-Brunswick, Katherine d’Entremont, souligne les «graves difficultés» d’Ambulance NB à offrir un service bilingue. Elle demande au ministre quels moyens de contrôle sont prévus pour veiller à ce que Medavie respecte en tout temps ses obligations linguistiques.
«Est-ce que le ministère exige que Medavie se dote d’un plan complet pour faire en sorte que l’organisme dispose en tout temps des effectifs nécessaires à la prestation de services bilingues partout dans la province?», questionne Mme d’Entremont
«C’est une attaque contre la gouvernance de nos institutions», a écrit la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick sur Twitter.