RESTIGOUCHE : LES SALLES DE CLASSE SE REMPLISSENT
En chute libre année après année depuis le début du nouveau millénaire, le nombre d’élèves fréquentant les écoles du Restigouche est finalement en hausse.
Les prévisions du nombre d’élèves pour les cinq établissements restigouchois sous la responsabilité du District scolaire francophone Nord-Est (DSF-NE) font en effet état d’une légère croissance. On s’attend à ce que 1579 d’entre eux fassent leur entrée en classe mardi, plus spécifiquement 1063 au primaire (maternelle à 8e année) et 516 au secondaire. C’est 14 élèves au total de plus que l’an dernier.
La hausse peut sembler anodine, anecdotique même, surtout alors que certaines salles de classe débordent dans le Sud de la province. Mais il n’en est rien. Cette augmentation, aussi minime soit-elle, ne signifie rien de moins que l’arrêt d’une saignée qui dure depuis une quinzaine d’années, sinon plus.
À titre d’exemple, entre les années scolaires 2011-12 et 2016-17 seulement, la population étudiante est passée de 1770 à 1565, une baisse dramatique de 205 élèves en six ans, à peine.
Cette hausse survient également à un moment particulier puisqu’il y a quelques mois à peine, les données de Statistiques Canada écorchaient grandement la région. On y apprenait, entre autres, que la population du Restigouche avait fondu de 5% entre 2011 et 2016 (-1639 personnes).
L’hécatombe scolaire est-elle finalement terminée dans les écoles francophones du Restigouche? Au DSF-NE on demeure prudent avec l’analyse de cette donnée.
«C’est difficile de parler de croissance scolaire, de stabilité ou d’atteinte d’un plateau. On gagne en fait si peu face à tout ce que l’on a perdu au cours des dernières années. Cela dit, on accueille ce chiffre avec grand enthousiasme, car c’est vrai que ça fait longtemps que ça ne s’est pas produit», exprime Annie Levesque, porte-parole du district.
Cette dernière a du mal à s’expliquer cette soudaine croissance alors que justement, les chiffres du dernier recensement laissaient présager le pire.
«Est-ce qu’il y a de nouvelles familles qui sont venues s’établir dans la région, ou encore d’anciennes familles qui sont simplement revenues? C’est difficile à dire et nous, au district, on n’a pas la réponse à cela. La grande question, c’est de savoir si ça va continuer dans cette voie. On le souhaite, car cela apporte une stabilité pour notre personnel, les ressources étant calculées en bonne partie en fonction du nombre d’élèves», ajoute-t-elle.
À noter qu’une infime croissance scolaire est également perceptible dans le secteur ouest du comté de Restigouche. Les quatre établissements scolaires de Kedgwick et SaintQuentin voient en effet leur population étudiante croître. On anticipe pour cette rentrée des classes 754 élèves au total contre 750 pour la rentrée 2016.
DES CLASSES QUI DÉBORDENT
Au Restigouche, la décroissance scolaire des dernières années n’est pas sans conséquence. Appauvrissant petit à petit les salles classes, elle aura été à la base de la fermeture de plusieurs petites écoles. En fait, huit écoles ont fermé leurs portes au profit de deux écoles regroupées.
L’école le Galion des Appalaches est l’un de ces deux établissements. Elle regroupe les communautés scolaires des anciennes écoles Appollo XI de Campbellton, Versant Nord d’Atholville, Mgr Melanson de Val-d’Amour et Rendez-vous des jeunes de Saint-Arthur.
Construite pour accommoder aux alentours de 600 élèves, celle-ci sera occupée à sa capacité maximale dès sa toute première année de fonctionnement.
«L’école sera loin d’être à moitié pleine. En fait, on est pris avec un heureux problème, on a plus de jeunes que prévu initialement. On s’attendait à commencer l’année avec 580 élèves et là, nous en avons 604», confirme le directeur de l’école, Marc Pelletier.
Mais d’où viennent tous ces derniers venus? Celui-ci l’ignore.
«C’est difficile de mettre le doigt sur la cause. Est-ce que ça a un lien avec l’amélioration de l’économie locale? En même temps, on a certaines inscriptions en provenance de l’extérieur du pays, comme la Suisse, la France et les États-Unis. C’est très positif, surtout lorsqu’on est habitué de composer avec des diminutions du nombre d’élèves», dit-il.
Cette recrudescence du nombre d’inscriptions risque d’ailleurs de forcer l’établissement à instaurer une quatrième classe de maternelle, et peut-être même dans les niveaux 1 et 2 cette année.
«Si le phénomène Zenabis fait en sorte d’apporter encore plus de gens dans la région dans le futur, on pourrait être pris avec un beau problème, soit d’être à court de classes», dit-il en riant.n