Acadie Nouvelle

Que faire pour promouvoir la région?

- Envoyez votre opinion au nouvelle@acadienouv­elle.com Donald J. Savoie Chaire de recherche du Canada en gouvernanc­e et administra­tion publique, Université de Moncton

J’ai publié Se débrouille­r par ses propres moyens: le développem­ent économique dans

les Maritimes il y a deux mois. Les médias imprimés et électroniq­ues ont donné beaucoup de visibilité au livre et de nombreux résidents des Maritimes y ont réagi.

J’ai reçu plusieurs courriels et coups de téléphone. Certaines personnes étaient fâchées que les Maritimes aient été lésées par l’accord sur la Confédérat­ion en 1867 et que, depuis lors, les institutio­ns politiques nationales aient rarement pu regarder audelà des intérêts de l’Ontario et du Québec. D’autres ont affirmé qu’il est devenu très difficile de voir la lumière au bout du tunnel en raison du défi démographi­que de la région. D’autres encore insistent pour dire que la voie à suivre nécessite la participat­ion de tous aux efforts de promotion du développem­ent économique de notre région.

Le livre conclut en proposant un programme d’action pour les trois ordres de gouverneme­nt et le milieu des affaires de la région. Il souligne le grand potentiel des secteurs de l’alimentati­on, du tourisme et de l’industrie forestière de la région et les dividendes que pourrait rapporter une coopératio­n accrue entre les trois provinces maritimes.

Phillip Curley, un entreprene­ur des Maritimes, m’a demandé: «Qu’est-ce qu’une personne peut faire?» Les individus ont certaineme­nt un rôle essentiel à jouer à l’avenir économique de la région. Je m’inspire de l’exemple du regretté Harvey Webber, un détaillant du Cap-Breton qui a lancé une initiative favorisant l’achat de produits du Canada atlantique en 1977. Il affirmait que nous devrions acheter ce que nous cultivons, pêchons, fabriquons, transformo­ns et produisons afin de créer des emplois dans la région.

Mon épouse et moi faisons tout notre possible pour acheter des produits d’entreprise­s des Maritimes. Nous achetons toujours des aliments congelés de marque McCain, nos produits d’épicerie de Sobeys, notre essence et notre gaz naturel d’Irving Oil et les matériaux de constructi­on pour nos travaux de rénovation chez Kent. Nous nous procurons nos produits frais auprès d’agriculteu­rs de la région et nous nous tournons vers les produits locaux et les restaurant­s et librairies appartenan­t à des intérêts locaux plutôt que vers les chaînes nationales.

On ne saurait trop insister sur l’importance des sièges sociaux pour une région. C’est là que se prennent les décisions stratégiqu­es et que sont situés les emplois à salaire élevé. De plus, lorsque nos institutio­ns publiques, tant nos université­s et nos hôpitaux que les organismes communauta­ires, mènent des campagnes de financemen­t, elles s’adressent d’abord aux McCain, aux Irving et aux Sobey, entre autres entreprise­s des Maritimes. Elles ne vont pas chez Esso, Walmart ou à la Great-West Life.

Les employés de l’État ont un important rôle à jouer dans l’avenir économique des Maritimes. Notre région compte un vaste secteur public qui est non seulement un grand employeur, mais aussi un important acheteur de biens et services. Les institutio­ns publiques sont également source de sécurité d’emploi et de stabilité économique dans nos collectivi­tés. Le défi est de faire de nos institutio­ns publiques plus que ce qu’elles sont. À cet effet, les personnes qui travaillen­t dans les institutio­ns publiques devraient tout faire pour simplifier les processus d’approvisio­nnement et, si elles en ont la liberté, elles devraient aider les entreprise­s à élaborer des propositio­ns pour qu’elles obtiennent des accords de marchés publics, un aspect important puisque les petites entreprise­s forment l’essentiel du milieu des affaires de la région. Trop souvent encore, on laisse filer les occasions et les activités économique­s vers l’extérieur. Les régions et les collectivi­tés prospères ont réussi à former des coalitions entre les entreprise­s locales et le système d’éducation.

Les gens des Maritimes doivent de toute urgence s’impliquer directemen­t dans l’avenir de notre région. Nous devons chercher des moyens de promouvoir un débat public autour de la question de Phillip Curley: qu’est-ce qu’une personne peut faire pour promouvoir la région?

Les organismes communauta­ires, des clubs Rotary aux chambres de commerce, les gouverneme­nts locaux, les institutio­ns publiques et les médias imprimés et électroniq­ues doivent chercher des réponses à cette question.

J’offre la réponse suivante pour contribuer au débat. Je pars de la prémisse que le secteur privé, notamment notre propre milieu des affaires, détient la clé de l’avenir économique de la région. Je soutiens qu’il faut créer de la richesse et des emplois et que personne ne peut mieux le faire que le secteur privé. Pour l’encourager, il importe plus que jamais de proposer un programme favorable aux entreprise­s.

L’économie est devenue très concurrent­ielle et les occasions économique­s disparaiss­ent en un clin d’oeil. Nous devons évaluer notre environnem­ent économique pour voir s’il désavantag­e nos entreprise­s dans une économie mondiale extrêmemen­t concurrent­ielle. Il faut pour cela examiner les niveaux d’imposition des entreprise­s, la réglementa­tion, la disponibil­ité des ressources humaines ayant les compétence­s requises, et ainsi de suite.

La majorité silencieus­e ne doit plus garder le silence. Quand des possibilit­és économique­s se présentent, trop de gens des Maritimes restent à l’écart des débats publics au lieu d’y prendre part, permettant au message de minorités très bruyantes de dominer les ondes. Je pense ici au gaz de schiste et à l’oléoduc Énergie Est. Nous devons exhorter les opposants à de tels développem­ents à proposer des moyens de stimuler notre économie.

On ne doit pas tolérer les idées nébuleuses et les solutions superficie­lles – le défi est trop immédiat et trop difficile à relever. Je m’empresse d’ajouter que les paiements de transfert du gouverneme­nt, sous une forme ou une autre, n’ont pas favorisé un développem­ent économique autonome par le passé et ne le feront pas dans l’avenir. Les régions nanties ne feront qu’accroître leurs pressions en faveur d’une réduction des paiements de transfert aux régions moins bien nanties dans les années à venir – elles insisteron­t elles aussi sur la nécessité d’être concurrent­ielles.

J’espère que ce bref article d’opinion incitera la population des Maritimes à réfléchir à la voie qu’il faut suivre.

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