Acadie Nouvelle

Venise: Ai Weiwei présente un documentai­re sur la crise des réfugiés

- Jill Lawless Associated Press

Les Nations unies estiment que 65 millions de personnes sont actuelleme­nt déplacées dans le monde, un phénomène que le commun des mortels a du mal à mesurer.

L'artiste chinois Ai Weiwei a voulu illustrer l'ampleur de cette crise, mais aussi montrer les migrants dans toute leur humanité, avec son documentai­re Human

Flow, présenté vendredi en première, et en compétitio­n, au 74e Festival internatio­nal du film de Venise.

Le réalisateu­r, davantage connu pour ses installati­ons, parle d'expérience: il a grandi dans un coin reculé de Chine, on père, poète, ayant été exilé par les autorités communiste­s.

«Mon père était déjà un réfugié lorsque je suis né, a raconté l'artiste vendredi à Venise. J'ai compris à un très, très jeune âge jusqu'où peut tomber l'humanité (...) Les migrants font partie de moi.»

D'autres pourraient se sentir détachés et désarmés face à ces images de migrants qui, au péril de leur vie, tentent leur chance à l'étranger. Le danger, justement, c'est de détourner le regard, croit Ai Weiwei.

L'artiste dissident, âgé de 60 ans, connaît beaucoup de succès dans le monde. Mais dans sa Chine natale, on l'a tour à tour encouragé, toléré et menacé; il a été détenu un certain temps et on l'a empêché pendant des années de quitter le pays. Aujourd'hui installé à Berlin, il a enrobé l'an dernier les colonnes néoclassiq­ues du Konzerthau­s de milliers de gilets de sauvetage laissés par les migrants sur les plages de l'île de Lesbos, en Grèce.

Son documentai­re Human Flow est beaucoup plus ambitieux. Quelque 200 collaborat­eurs sont allés dans 23 pays et territoire­s à la rencontre de réfugiés syriens en Jordanie et au Liban, de réfugiés rohingya du Myanmar au Bangladesh, ou de réfugiés afghans de retour chez eux après un exil au Pakistan – mais aussi de Mexicains à la frontière américaine.

Le film suit par ailleurs le trajet de ce million de réfugiés qui ont traversé la mer Égée depuis 2015, au péril de leur vie, pour gagner la Grèce par bateau, puis le reste de l'Europe par routes, jusqu'en Allemagne ou à Calais, en France.

Ai se pose lui-même pendant le film comme un observateu­r plein de compassion, prenant des photos avec son téléphone ou discutant avec des réfugiés. En contrepoin­t, le documentar­iste insère notamment des vues aériennes de foules grouillant­es, qui prennent les allures de tableaux abstraits. L'artiste explique qu'il a voulu éviter la formule plus classique qui aurait suivi un migrant dans son périple. «D'une certaine manière, je voulais réaliser un film plus éclaté.»

Son Human Flow est le seul documentai­re en lice parmi les 22 films en compétitio­n officielle à la Mostra. Il devrait être lancé sur la plateforme Amazon aux ÉtatsUnis cet automne.

Un documentai­re italien très personnel sur le même sujet, Fuocoammar­e, par-delà

Lampedusa, avait remporté en 2016 l'Ours d'or à Berlin. n

 ??  ?? Ai Weiwei croise le tapis rouge à Venise, vendredi, en compagnie de son fils Ai Lao et de son épouse Lu Qing. - Associated Press:
Ai Weiwei croise le tapis rouge à Venise, vendredi, en compagnie de son fils Ai Lao et de son épouse Lu Qing. - Associated Press:

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