PRIVATISATION EN SANTÉ: YVON GODIN DÉNONCE LA DÉCISION
«Les libéraux sont en train de me faire penser aux conservateurs qui veulent toute privatiser»
Une autre voix forte s’élève contre la privatisation du Programme extra-mural et de Télé-Soins. Yvon Godin, ancien député néo-démocrate d’AcadieBathurst, dénonce le fait que le gouvernement Gallant a annoncé vendredi son intention de confier ces services au groupe Medavie, dirigé par Bernard Lord, ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick.
En temps normal, Yvon Godin ne se sert pas des médias sociaux pour partager ses états d’âme. L’ancien député néo-démocrate d’Acadie-Bathurst a cependant été contraint de se tourner vers Facebook ce week-end pour dénoncer la décision de Victor Boudreau, ministre de la Santé.
«C’est vrai que je ne réagis pas souvent sur Internet, mais s’il y a une chose qui me tient à coeur, c’est bien le système de santé publique», a souligné Yvon Godin lors d’un entretien avec l’Acadie Nouvelle.
La gestion d’Ambulance NB est déjà assurée par Medavie. Sous peu, le fournisseur de soins de santé privé sans but lucratif basé à Moncton sera aussi responsable du Programme extra-mural et de la ligne téléphonique 811.
Selon le ministre Boudreau, les changements n’entraîneront aucune perte d’emploi et rendront les soins de santé primaires plus accessibles.
Le but n’est d’ailleurs pas de réduire les coûts, a-t-il ajouté. Ils pourraient même augmenter à la suite du transfert des services. Yvon Godin n’en revient pas.
«Quand j’ai vu ça, j’ai eu un pincement au coeur. Je ne peux pas comprendre comment le ministre de la Santé est arrivé avec une idée comme celle-là et comment le premier ministre fait pour l’appuyer. Ils ont l’audace de dire que ça va coûter plus cher aux contribuables. Les libéraux sont en train de me faire penser aux conservateurs qui veulent toute privatiser», lance-til.
Il se demande aussi pourquoi les élus libéraux sont demeurés silencieux à ce sujet. Dans le camp de l’opposition, David Coon, chef du Parti vert, et Brian Macdonald, porte-parole progressisteconservateur en matière de Santé, ont soulevé des préoccupations.
«Je trouve ça complètement inacceptable. Nos députés ne disent pas un mot là-dessus. Je suis certain qu’il y a probablement des discussions à l’interne, mais ils laissent faire. Ils n’arrêtent pas l’hémorragie», a ajouté Yvon Godin.
Il y a quelques jours, les responsables du Réseau de santé Vitalité ont également sonné l’alarme. Ils craignent une baisse de la qualité des services.
«Le conseil d’administration et l’équipe de direction du Réseau sont extrêmement déçus de la décision du gouvernement provincial de privatiser le programme extra-mural», a déclaré Michelyne Paulin, présidente du conseil d’administration.
PRÉOCCUPATION CHEZ LES AÎNÉS
De son côté, l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick s’oppose aussi à la privatisation des soins.
Le Conseil sur le vieillissement du Nouveau-Brunswick, dont fait partie JeanLuc Bélanger, directeur général de l’Association francophone des aînés, a présenté des recommandations au gouvernement provincial en janvier.
«En privatisant les services de soutien à domicile, on ignore complètement la recommandation soulignant l’importance d’impliquer la communauté dans l’identification et la mise en place de solutions permettant de répondre aux enjeux du vieillissement dans les communautés», dit Solange Haché, présidente de l’Association.
«Nous appuyons les services de santé centrés sur la personne et nous considérons qu’ils doivent être rendus par les services publics du gouvernement», ajoute-telle.
L’organisme remet en doute la promesse voulant que Medavie soit en mesure d’offrir les services de façon adéquate dans les deux langues officielles. On craint même que la privatisation mène à une détérioration des services en français dans la province.
«Nous savons tous qu’Ambulance NB, régie par Medavie, n’a pas encore réussi, après plusieurs années, à tenir ses engagements en matière de services dans les deux langues officielles» indique le directeur général, Jean-Luc Bélanger.