Université franco-ontarienne: l’U de M reste aux aguets
Les Franco-Ontariens pourraient enfin avoir leur propre université dès 2020. L’arrivée possible de cette nouvelle venue dans le monde de l’éducation postsecondaire en français hors Québec est surveillée de près à l’Université de Moncton.
Le gouvernement libéral de Kathleen Wynne a annoncé la semaine dernière qu’il déposera prochainement un projet de loi qui mènera à la mise sur pied de la première université franco-ontarienne.
Si tout se déroule comme le souhaite le conseil de planification de la province, la nouvelle institution accueillera environ 350 étudiants dès la rentrée de 2020 et poursuivra sa croissance au cours des an- nées suivantes.
À l’Université de Moncton, l’administration suit l’évolution de ce dossier, affirme le directeur général de la gestion stratégique de l’effectif étudiant, Jean-Paul Loyer.
«C’est sûr qu’on a vraiment à l’oeil ce dossier-là qui vient de sortir dans les médias et qui a fait pas mal de bruit au niveau francophone canadien. Mais en même temps, on sait qu’il y a beaucoup d’étapes à franchir.»
Bon an, mal an, l’U de M accueille une quarantaine d’étudiants franco-ontariens. Cette année, 46 d’entre eux sont inscrits, la grande majorité au campus de Moncton. Cela ne représente qu’environ un pour cent de sa cohorte.
L’U de M envoie des recruteurs dans les écoles secondaires franco-ontariennes, chaque année, afin de tenter de les convaincre de la choisir.
Lorsque l’université franco-ontarienne ouvrira ses portes, une partie des FrancoOntariens pourraient choisir de rester dans leur province au lieu de s’expatrier au Nouveau-Brunswick pour obtenir une formation. Jean-Paul Loyer en est conscient. «Ça reste hypothétique, mais c’est sûr que s’ils ont une université proche de la maison, ça peut faire pencher la balance. Sauf qu’il y a d’autres variables à prendre en considération aussi. Le coût de la vie, par exemple, et certaines autres choses», dit-il.
Selon lui, le bilinguisme officiel du Nouveau-Brunswick, l’offre de programmes uniques et le coût de la vie raisonnable dans les communautés où l’Université de Moncton a pignon sur rue avantagent cette dernière.
PAS UNE MENACE À COURT TERME
Si la nouvelle université réussit bel et bien à attirer 350 étudiants en 2020, cela ne devrait pas mettre des bâtons dans les roues des efforts de recrutement de l’Université de Moncton.
Mais si elle poursuit bel et bien sa croissance pour accueillir 2000 étudiants en 2028, comme le prévoit son conseil de planification, la donne changera. Elle commencera alors à nager dans les mêmes eaux que l’Université de Moncton.
«Il y a probablement des étudiants du Nouveau-Brunswick et de la NouvelleÉcosse qui vont décider d’aller là-bas au lieu de venir à l’Université de Moncton», dit Jean-Paul Loyer.
Au final il voit tout de même davantage l’ouverture éventuelle d’une nouvelle université francophone hors Québec comme un défi et pas comme un problème.
«Toute menace au niveau compétitivité devient une occasion parce que ça nous force à faire mieux, à nous maintenir à jour et à être encore plus performants et proactifs.»