Daniel Léger tourne un film sur l’inclusion sociale
L'inclusion sociale se trouve au coeur du prochain film de Daniel Léger. Après Un dimanche à 105 ans et Les inséparables, le réalisateur acadien met en lumière le quotidien d'un groupe de personnes à besoins spéciaux qui travaillent dans un atelier d'arti
Daniel Léger a repris sa caméra afin de tourner un nouveau documentaire qui plongera dans l'univers de l'atelier Artisan à Memramcook. Depuis plusieurs mois, le réalisateur de Saint-Thomas capte la vie des travailleurs et de leurs accompagnateurs. L'atelier, qui célèbre ses 35 ans d'existence, est reconnu comme un modèle d'inclusion sociale. Du recyclage à la menuiserie, en passant par la technologie et la cuisine, ce lieu de travail permet à 16 adultes ayant des déficiences intellectuelles de différents niveaux de se réaliser comme artisans. Avec sa sensibilité et sa bienveillance, Daniel Léger a choisi le cinéma direct comme approche. Observateur du monde, il n'intervient pas et laisse les protagonistes se révéler, livrer leurs défis et leur sagesse.
«C'est d'être là, d'être patient et de voir comment les choses se déroulent. Je n'ai jamais fait de mise en scène. Je suis un peu comme la mouche sur le mur. Après un bout, ils m'ont oublié. C'est le fun parce que ça donne des interactions entre eux que j'ai la chance de filmer», a expliqué en entrevue Daniel Léger, qui travaille à ce projet depuis deux ans.
Lors de l'entrevue, il en était à son 27e jour de tournage. Au-delà de la production, le cinéaste a tenu à bâtir une relation de confiance avec les participants, en s'intéressant à leur vie et en allant les rencontrer sur une base régulière. Il s'est attaché à ces gens. Il a même organisé des fêtes avec eux dans sa grange à Saint-Thomas. Le réalisateur cherche à approfondir son approche de documentariste observateur.
Il s'intéresse tout particulièrement aux personnes qui vivent avec des différences. Son but comme cinéaste est de leur donner une voix. Il mentionne que plusieurs participants ont de la difficulté à s'exprimer.
«Un des participants Jean devient le narrateur. C'est vraiment leur point de vue, comment eux voient le monde, ce n'est pas comment nous on voit ces gens-là.»
La directrice de l'atelier, Audrey Beaudoin, souligne que Daniel Léger est devenu un membre de la famille. «C'est excellent. Les travailleurs adorent ça. Ils se voient un peu comme des “stars”. Pour eux, c'est comme un rêve qui se réalise et de se voir sur un grand écran, même si au début, tout le monde était un peu mal à l'aise devant la caméra.»
Le cinéaste a raconté qu'il a eu un véritable coup de foudre pour cet atelier et ses artisans lorsqu'il a découvert le lieu par hasard, il y a deux ans. Il n'a pas eu de difficulté à les convaincre d'embarquer dans le projet. Que ce soit à la menuiserie, dans l'atelier de recyclage ou à la cuisine, il les a filmés dans leur quotidien. Selon lui, il y a quelque chose de très authentique chez eux.
«Il y a toutes sortes de relations qui font que chacun des artisans a une couleur et ce sont toutes de belles couleurs. Ils disent souvent qu'ils sauvent le monde parce qu'ils font du recyclage.»
Le producteur au Studio Acadie de l'ONF, Jac Gautreau, avait très envie de travailler avec Daniel Léger. Son premier court métrage, Un dimanche à 105 ans,a dépassé le million de visionnements sur le site web de l'ONF. Comme les participants s'expriment un peu moins vocalement que dans Les inséparables, le cinéaste a réussi à trouver des façons de raconter l'histoire dans l'émotion, le geste et le petit mouvement, a fait savoir le producteur.
«J'aimais l'idée que c'est un film pas comme les autres», a-t-il partagé.
Il reste encore quelques jours de tournage et le film devrait être complété à l'hiver 2018. Jac Gautreau fonde de grands espoirs pour la sortie de ce documentaire, dont le titre provisoire est Les artisans de l’atelier.