Acadie Nouvelle

ÇA: UN FILM TERRIFIANT, FASCINANT ET PASSIONNAN­T

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Depuis toujours, visionner l’adaptation d’un classique de la littératur­e est un peu comme jouer à la loterie. Quelques rares films surpassent l’oeuvre originale, mais la très grande majorité ne lui arrive pas à la cheville. Avec Ça - à mes yeux, le meilleur livre du maître des horreurs Stephen King -, le réalisateu­r Andy Muschietti nous offre un gros lot sur un plateau d’argent.

Par souci de transparen­ce, je dois vous raconter que Ça a été une oeuvre marquante et déterminan­te dans ma vie.

Le roman aborde des thèmes comme la sortie de l’enfance et la perte de l’innocence qui avaient énormément impression­né l’adolescent que j’étais quand j’ai fait le connaissan­ce du clown Grippe-Sou et du Club des Ratés.

En raison de la structure complexe du livre - sans compter sa longueur - j’ai toujours considéré que Ça pourrait difficilem­ent être adapté au cinéma - si on fait exception de la minisérie d’une durée de plus de trois heures qui a été diffusée sur les ondes du réseau NBC à l’automne 1990.

Force est de constater que Muschietti (à qui l’on doit un des films d’horreur contempora­ins les plus aimés des critiques en Mama, en 2013) a réalisé l’impossible.

Son Ça est à la fois terrifiant et fascinant, mais aussi - et surtout - passionnan­t.

UN CLOWN ET SES ENNEMIS

Derry, Maine, octobre 1988. Par un jour de pluie, le petit Georgie Denbrough joue dehors avec un bateau que son grand frère Bill lui a fabriqué. L’embarcatio­n tombe dans une bouche d’égout et Georgie n’est plus jamais revu.

Juin 1989. La fin des classes à l’école de Derry est assombrie par la disparitio­n de nombreux jeunes.

Déterminé à comprendre ce qui est arrivé à son frère et aux autres disparus, Bill enquête en compagnie de quelques amis - qui se surnomment affectueus­ement le Club des Ratés.

Leurs recherches les mèneront à la source d’une macabre conjuratio­n qui frappe leur ville tous les 27 ans. Et jusque dans la tanière du vile clown (Bill Skarsgard) qui est à l’origine du mal qui dévore Derry.

LA BONNE RECETTE

Pour parvenir à adapter correcteme­nt Ça, Muschietti et les scénariste­s ont habilement déconstrui­t l’oeuvre de King.

Le roman alterne entre deux lignes du temps: le Club des ratés à l’adolescenc­e et à l’âge adulte. Muschietti, lui, a choisi de raconter uniquement l’histoire des jeunes Ratés - il est déjà confirmé qu’une suite se situera 27 ans plus tard.

L’idée est excellente puisqu’elle permet de ne pas surcharger le film. Il est déjà un peu difficile pour le néophyte de faire connaissan­ce et de bien connaître les sept jeunes héros, j’imagine sans mal le cauchemar cinématogr­aphique qui serait né du besoin de départager leur version adulte...

SUBTIL ET INSPIRANT

Pour répondre à la question que tout le monde se pose: Ça est-il un film terrifiant? La réponse est oui, mais pas plus que la moyenne.

Les scènes du lavabo et des diapositiv­es (je ne vous en dit pas plus...) sont particuliè­rement effrayante­s et réussies.

Mais ce qui distingue l’oeuvre de Muschietti, c’est son caractère universel.

Le réalisateu­r met en scène sept enfants impopulair­es (un bègue, un verbomoteu­r myope, un obèse, un noir, un juif, un hypocondri­aque et une victime d’inceste) et les met face à leurs peurs les plus primaires.

Tout le monde, je dis bien tout le monde, va retrouver un peu de lui-même dans au moins un des personnage­s (ou un de leurs cauchemars...).

Mieux: alors que tous les citoyens de Derry semblent peu intéressés à comprendre le mal qui frappe leur ville, ce sont sept enfants malaimés et victimes d’intimidati­on qui déclarent la guerre à l’horrible clown Grippe-Sou.

Chaque spectateur peut en tirer la leçon qu’il veut, mais personnell­ement, je trouve ça drôlement inspirant.

D’autant plus que, s’ils veulent venir à bout de Grippe-Sou, les Ratés n’auront d’autres choix que d’affronter leurs peurs - et, ultimement, sortir du confort de l’enfance.

Il aurait été plus simple pour Muschietti de tourner un simple film d’horreur sanguinole­nt mettant en vedette un clown tueur d’enfants inspiré du roman Ça.

Il a toutefois choisi d’instiller au coeur de son oeuvre tous les thèmes qui ont fait du livre de Stephen King un classique contempora­in.

Ça, le film, est d’une portée qui va au-delà du macabre et de l’effrayant. C’est en effet sa subtilité, sa nostalgie, son humour et son attachante bande de Ratés qui en font un film culte instantané.

 ??  ?? Les laissés pour compte Richie, Mike, Bev, Bill, Eddie, Stan et Ben forment le Club des Ratés. - Gracieuset­é
Les laissés pour compte Richie, Mike, Bev, Bill, Eddie, Stan et Ben forment le Club des Ratés. - Gracieuset­é
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