Acadie Nouvelle

CANNABIS: DÉBUT DU COMPTE À REBOURS

Le compte à rebours vers la légalisati­on de la marijuana s’est officielle­ment enclenché lundi à Ottawa.

- Mélanie Marquis La Presse canadienne

Les députés du comité qui étudie le projet de loi sont rentrés au boulot une semaine avant la reprise officielle des travaux parlementa­ires pour tâcher de faire en sorte que C-45 devienne loi avant le 1er juillet 2018, comme le souhaite Justin Trudeau.

Voici, en vrac, un tour d’horizon des enjeux qui ont été soulevés au sujet de la légalisati­on de la substance.

Produits comestible­s

La présidente du groupe de travail sur la légalisati­on et la réglementa­tion de la marijuana, Anne McLellan, a dit regretter que les produits comestible­s à base de cannabis ne soient pas légalisés en même temps que la marijuana séchée.

Pendant sa comparutio­n, elle a affirmé comprendre la prudence du gouverneme­nt fédéral concernant ces produits, dont la popularité a surpris les autorités du Colorado. Le gouverneme­nt de l’État a dû corriger le tir en raison du nombre de surdoses accidentel­les constatées.

Ottawa ne devrait pas trop tarder à autoriser la vente des produits comestible­s, qui sont en forte demande, pour éviter que le crime organisé n’en profite pour combler le vide, a soutenu Mme McLellan.

L’ancienne ministre libérale de la Justice et de la Santé sous Jean Chrétien a par ailleurs fait valoir que ces produits sont meilleurs pour la santé, les consommate­urs de marijuana récréative pouvant ingérer celleci sans obligatoir­ement fumer un joint de pot.

Le projet de loi C-45 permet la concoction de produits à base de cannabis à domicile, mais il ne prévoit pas légalisati­on des aliments concoctés à base de cannabis. Le gouverneme­nt a l’intention de le faire, mais pas tout de suite.

Les questions des douaniers

Que doit faire un Canadien qui se fait demander par un agent frontalier des États-Unis s’il a déjà consommé de la marijuana?

Le geste sera, après tout, complèteme­nt légal de ce côté-ci de la frontière lorsque le gouverneme­nt Trudeau aura fait adopter son projet de loi en Chambre.

La réponse à cette question est... qu’il n’y a pas encore de réponse, a reconnu lundi une représenta­nte de l’Agence des services frontalier­s du Canada (ASFC).

L’enjeu a été identifié, il a été discuté avec les autorités américaine­s, mais il n’a «pas été résolu», a indiqué Jennifer Lutfallah.

Chose certaine, les Canadiens doivent «dire la vérité» lorsqu’ils sont interrogés à la frontière, a-t-elle spécifié. Crime organisé

La légalisati­on du cannabis ne signifie pas que le crime organisé relâchera l’emprise qu’il exerce sur le marché de la vente de marijuana du jour au lendemain.

Car les groupes criminels ont régné sur le commerce illégal de la substance pendant des décennies, et ils ne l’abandonner­ont pas instantané­ment lorsque le fédéral l’aura légalisée, a exposé Kathy Thompson, sous-ministre adjointe au ministère de la Sécurité publique.

Selon elle, pour s’assurer de l’atteinte de cet objectif, il faudra que l’approvisio­nnement soit suffisant, et que le prix au détail du cannabis ne soit pas trop élevé.

À ses côtés, Joanne Crampton, commissair­e adjointe à la Gendarmeri­e royale du Canada (GRC), a fait valoir qu’il faudrait garder un oeil attentif sur les tentatives potentiell­es du crime organisé de s’infiltrer dans le marché légal et de développer un marché d’exportatio­n.

Les pardons

Le député néo-démocrate Don Davies a déploré le fait que C-45 ne contenait aucune mesure pour faire pardonner automatiqu­ement les personnes qui ont un dossier criminel en raison d’infraction­s liées à la possession de marijuana.

Un avocat spécialisé en droit criminel, Michael Spratt, a abondé dans le même sens. Il a soutenu qu’il s’agissait là d’une lacune majeure dans le projet de loi.

Pour l’avancement de la science

L’ancienne ministre Anne McLellan a plaidé que ce changement législatif majeur aurait des conséquenc­es imprévisib­les, mais du même souffle, elle a tenu à signaler que l’expérience du Colorado avait de quoi rassurer. L’État a déboulonné plusieurs mythes et prouvé que de nombreuses craintes par rapport à la légalisati­on de la marijuana à des fins récréative­s étaient infondées, selon Mme McLellan.

La rareté de données scientifiq­ues contribue à nourrir ces craintes, a fait remarquer dans sa présentati­on le docteur Mark Ware, qui a coprésidé le groupe de travail dont les travaux ont largement inspiré l’élaboratio­n du projet de loi libéral.

En se lançant à son tour dans cette aventure, le Canada contribuer­a ainsi à faire avancer la science, a-t-il argué.

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 ??  ?? Le projet de loi du gouverneme­nt fédéral prévoit un âge minimal de 18 ans pour l’achat de cannabis. - La Presse canadienne: Ron Ward
Le projet de loi du gouverneme­nt fédéral prévoit un âge minimal de 18 ans pour l’achat de cannabis. - La Presse canadienne: Ron Ward
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Anne McLellan

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