Acadie Nouvelle

LES PSYCHOLOGU­ES BOUDENT LE SECTEUR PUBLIC

La pénurie de psychologu­es ne se limite pas qu’aux écoles de la province. Ces profession­nels de la santé mentale tournent le dos au secteur public du Nouveau-Brunswick, prévilégia­nt le privé, davantage au diapason des particular­ités de leurs profession­s.

- Anthony Doiron anthony.doiron@acadienouv­elle.com

Alors qu’ils étaient 221 psychologu­es à travailler dans le secteur public en 2014, ils sont aujourd’hui 186. À l’inverse, le nombre de psychologu­es à l’embauche dans le secteur privé a bondi de 159 à 284 pendant cette même période.

Salaires, conditions de travail, possibilit­és de recherche et de développem­ent de services... Les raisons sont multiples, indique la présidente du Collège des psychologu­es du Nouveau-Brunswick.

Marie-Ann Campbell est familière avec cette problémati­que.

L’organisme sans but lucratif se souci du manque de main-d’oeuvre et de la difficulté de rétention des employés dans ce secteur de la province et cherche à résoudre le problème.

Une étude réalisée il y a quelques années a permis d’identifier plusieurs pistes de solution, dont le facteur financier.

Comparativ­ement à d’autres provinces canadienne­s, le Nouveau-Brunswick ne peut compétitio­nner en matière de rémunérati­on, «sans doute en raison de la situation économique actuelle», dit-elle.

Le rôle réservé aux psychologu­es en comparaiso­n de ce qui leur est demandé dans l’environnem­ent où ils sont embauchés joue pour beaucoup.

«Est-ce que l’emploi nous permet de faire notre travail comme on nous l’a enseigné? Est-ce qu’il y a des contrainte­s imposées, comme d’entraîner des individus aucunement qualifiés en tant que psychologu­e pour faire le travail d’un profession­nel de la santé?»

Le désir d’être impliqué dans la recherche et de développer des programmes et des services n’est pas toujours appuyé dans certains environnem­ents de travail. Les gestionnai­res ont souvent d’autres priorités qui vont à l’encontre de celles des psychologu­es.

«Je ne suis pas en mesure de dire si c’est effectivem­ent comme ça au sein des établissem­ents scolaires, mais ce sont des raisons qui nous ont été décrites lors de l’étude que nous avons menée auprès de nos membres qui ont quitté le secteur public.»

Que faut-il faire pour attirer plus de psychologu­es dans les écoles de la province? Marie-Ann Campbell aimerait avoir la réponse.

«Nous devons travailler de concert avec le gouverneme­nt et les intervenan­ts du milieu scolaire pour identifier de quelle façon nous pouvons circonscri­re et éliminer les barrières au recrutemen­t et à la rétention. C’est là où nous en sommes.»

La présidente invite quiconque ayant des suggestion­s à se prononcer.

«Chose certaine, nous voulons être à la table de discussion avec le gouverneme­nt pour régler ce problème. C’est notre profession, après tout.»

UN BESOIN CRIANT

Les écoles du Nouveau-Brunswick ont un besoin pressant de psychologu­es et autres personnels de soutien, selon la présidente de l’Associatio­n des enseignant­s francophon­es du Nouveau-Brunswick. Lucie Martin a lancé un cri d’alarme à cet effet dans nos pages, lundi.

Après avoir consulté les données les plus récentes du ministère de l’Éducation et du Développem­ent de la petite enfance, nous avons constaté que le ratio de psychologu­e par élève dans les trois districts scolaires francophon­es (DSF) est bien en dessous du ratio de 1 pour 1000 recommandé par le rapport MacKay, une étude sur l’inclusivit­é scolaire, commandée par le gouverneme­nt.

Au DSF Nord-Est et Sud, ils sont 1 pour 1586 élèves et 1 pour 1279 élèves, respective­ment. Le DSF Nord-Ouest possède le plus faible ratio de psychologu­e par élève, avec 1 pour 2668, c’est-à-dire plus de deux fois le ratio recommandé, soit de 1 pour 1000.

Questionné sur ses stratégies de recrutemen­t, le ministère de l’Éducation et du Développem­ent de la petite enfance a remis la balle aux districts scolaires, préférant leur laisser le soin de réagir.

Nous avons donc sollicité les commentair­es des DSF.

Seul le DSF Nord-Ouest a refusé de fournir la moindre déclaratio­n, demandant plutôt d’effectuer une demande en vertu de la Loi à l’accès à l’informatio­n et à la protection de la vie privée.

Le DSF Nord-Est n’a pas été en mesure de nous fournir une réaction avant notre heure de tombée.

Du côté du DSF Sud, trois psychologu­es sont activement recherchés pour satisfaire le ratio recommandé par le rapport MacKay. Un partenaria­t a été établi avec l’Université de Moncton afin d’accueillir des étudiants lors de leurs stages et des psychologu­es en résidence.

«De façon générale, le DSF Sud ne qualifie pas de pénurie sa situation actuelle, mais demeure toujours proactif dans ses efforts de recrutemen­t afin d’attirer un personnel compétent», a indiqué une porte-parole, par courriel.

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- Archives Marie-Ann Campbell, présidente du Collège des psychologu­es du NouveauBru­nswick, aimerait bien savoir ce qu’il faut faire pour attirer plus de psychologu­es dans les écoles de la province.

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