LES PSYCHOLOGUES BOUDENT LE SECTEUR PUBLIC
La pénurie de psychologues ne se limite pas qu’aux écoles de la province. Ces professionnels de la santé mentale tournent le dos au secteur public du Nouveau-Brunswick, prévilégiant le privé, davantage au diapason des particularités de leurs professions.
Alors qu’ils étaient 221 psychologues à travailler dans le secteur public en 2014, ils sont aujourd’hui 186. À l’inverse, le nombre de psychologues à l’embauche dans le secteur privé a bondi de 159 à 284 pendant cette même période.
Salaires, conditions de travail, possibilités de recherche et de développement de services... Les raisons sont multiples, indique la présidente du Collège des psychologues du Nouveau-Brunswick.
Marie-Ann Campbell est familière avec cette problématique.
L’organisme sans but lucratif se souci du manque de main-d’oeuvre et de la difficulté de rétention des employés dans ce secteur de la province et cherche à résoudre le problème.
Une étude réalisée il y a quelques années a permis d’identifier plusieurs pistes de solution, dont le facteur financier.
Comparativement à d’autres provinces canadiennes, le Nouveau-Brunswick ne peut compétitionner en matière de rémunération, «sans doute en raison de la situation économique actuelle», dit-elle.
Le rôle réservé aux psychologues en comparaison de ce qui leur est demandé dans l’environnement où ils sont embauchés joue pour beaucoup.
«Est-ce que l’emploi nous permet de faire notre travail comme on nous l’a enseigné? Est-ce qu’il y a des contraintes imposées, comme d’entraîner des individus aucunement qualifiés en tant que psychologue pour faire le travail d’un professionnel de la santé?»
Le désir d’être impliqué dans la recherche et de développer des programmes et des services n’est pas toujours appuyé dans certains environnements de travail. Les gestionnaires ont souvent d’autres priorités qui vont à l’encontre de celles des psychologues.
«Je ne suis pas en mesure de dire si c’est effectivement comme ça au sein des établissements scolaires, mais ce sont des raisons qui nous ont été décrites lors de l’étude que nous avons menée auprès de nos membres qui ont quitté le secteur public.»
Que faut-il faire pour attirer plus de psychologues dans les écoles de la province? Marie-Ann Campbell aimerait avoir la réponse.
«Nous devons travailler de concert avec le gouvernement et les intervenants du milieu scolaire pour identifier de quelle façon nous pouvons circonscrire et éliminer les barrières au recrutement et à la rétention. C’est là où nous en sommes.»
La présidente invite quiconque ayant des suggestions à se prononcer.
«Chose certaine, nous voulons être à la table de discussion avec le gouvernement pour régler ce problème. C’est notre profession, après tout.»
UN BESOIN CRIANT
Les écoles du Nouveau-Brunswick ont un besoin pressant de psychologues et autres personnels de soutien, selon la présidente de l’Association des enseignants francophones du Nouveau-Brunswick. Lucie Martin a lancé un cri d’alarme à cet effet dans nos pages, lundi.
Après avoir consulté les données les plus récentes du ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, nous avons constaté que le ratio de psychologue par élève dans les trois districts scolaires francophones (DSF) est bien en dessous du ratio de 1 pour 1000 recommandé par le rapport MacKay, une étude sur l’inclusivité scolaire, commandée par le gouvernement.
Au DSF Nord-Est et Sud, ils sont 1 pour 1586 élèves et 1 pour 1279 élèves, respectivement. Le DSF Nord-Ouest possède le plus faible ratio de psychologue par élève, avec 1 pour 2668, c’est-à-dire plus de deux fois le ratio recommandé, soit de 1 pour 1000.
Questionné sur ses stratégies de recrutement, le ministère de l’Éducation et du Développement de la petite enfance a remis la balle aux districts scolaires, préférant leur laisser le soin de réagir.
Nous avons donc sollicité les commentaires des DSF.
Seul le DSF Nord-Ouest a refusé de fournir la moindre déclaration, demandant plutôt d’effectuer une demande en vertu de la Loi à l’accès à l’information et à la protection de la vie privée.
Le DSF Nord-Est n’a pas été en mesure de nous fournir une réaction avant notre heure de tombée.
Du côté du DSF Sud, trois psychologues sont activement recherchés pour satisfaire le ratio recommandé par le rapport MacKay. Un partenariat a été établi avec l’Université de Moncton afin d’accueillir des étudiants lors de leurs stages et des psychologues en résidence.
«De façon générale, le DSF Sud ne qualifie pas de pénurie sa situation actuelle, mais demeure toujours proactif dans ses efforts de recrutement afin d’attirer un personnel compétent», a indiqué une porte-parole, par courriel.