Acadie Nouvelle

Droits des passagers: le NPD veut accélérer les choses

- Lina Dib La Presse canadienne

Quelques députés fédéraux sont retournés au parlement une semaine à l’avance afin d’accélérer l’étude d’un projet de loi qui protégera mieux les passagers des compagnies aériennes. Mais même cette avance ne suffit pas aux députés de l’opposition qui estiment que les conséquenc­es pratiques du projet de loi tarderont à se matérialis­er.

Le comité parlementa­ire des transports s’est réuni lundi après-midi et prévoit être à la tâche jusqu’à jeudi soir pour étudier le projet de loi C-49. L’ensemble des parlementa­ires rentrent à Ottawa le 18 septembre.

Ce projet de loi obligera les compagnies aériennes, après trois heures d’immobilité sur le tarmac, à fournir aux passagers de l’eau, de la nourriture et la possibilit­é de débarquer de l’appareil, si cela est sécuritair­e. Il exigera également que les compagnies aériennes expliquent aux passagers les causes d’un retard.

Le 31 juillet dernier, des passagers ont été coincés pendant de longues heures dans des appareils d’Air Transat à l’aéroport d’Ottawa. L’Office des transports du Canada (OTC) enquête sur l’incident.

En interrogea­nt les hauts-fonctionna­ires entendus par le comité lundi, le député néo-démocrate Robert Aubin a rappelé que la réglementa­tion qui détaillera les conséquenc­es pour les compagnies aériennes doit attendre l’adoption de C-49, puis de nouvelles consultati­ons.

«Les règlements ne sont pas là», a lancé le député à la sous-ministre déléguée qui témoignait devant le comité.

«Vous nous annonciez tantôt qu’après la sanction royale, on allait partir des consultati­ons sur ce que devrait contenir cette charte des passagers. (...) Ça, ça veut dire que ça prendra encore minimaleme­nt une autre année avant que les passagers puissent savoir exactement ce sur quoi reposent leurs droits», s’est offusqué le député.

«Nous n’avons pas présenteme­nt le pouvoir dans la loi des transports pour que l’Office des transports puisse créer la réglementa­tion», lui a rappelé la sousminist­re déléguée Helena Borges.

«On doit faire de la consultati­on, mais nous sommes prêts à aller le plus vite possible pour que ces aspects soient en place en 2018», a-t-elle promis.

Plus tard en après-midi, l’Office des transports du Canada s’engageait plus précisémen­t.

«Notre but est de compléter le travail dans deux, trois mois», a assuré Scott Streiner, président de l’OTC. L’office est l’organisme auquel les passagers peuvent s’adresser pour se plaindre d’un transporte­ur aérien.

En plus de la charte de protection des passagers, C-49, baptisé Loi sur la modernisat­ion des transports, revoit également les restrictio­ns en matière de propriété internatio­nale des transporte­urs aériens canadiens.

Le projet de loi touche aussi au transport ferroviair­e et au transport maritime.

ENREGISTRE­URS AUDIO-VIDÉO DANS LES LOCOMOTIVE­S

Une des dispositio­ns de C-49 qui s’est déjà attiré des critiques est l’imposition d’enregistre­urs audio-vidéo dans les locomotive­s.

«Les enregistre­urs ne sont pas la solution à tout», a admis Brigitte Diogo, directrice générale de la sécurité ferroviair­e au ministère fédéral des Transports. «Mais les enregistre­urs visent à regarder spécifique­ment ce qui se passe dans la locomotive. Il n’y a rien en ce moment qui permette de voir quelles sont les interactio­ns entre l’équipage pour déterminer d’abord qu’est-ce qui s’est passé quand il y a eu un accident, ou comment on pourrait prévenir d’autres accidents», a-t-elle argué.

Le prochain témoin s’est fait plus tranchant.

«C’est essentiel à tel point que nous avons fait deux recommanda­tions en ce sens et l’avons intégré aux enjeux de sécurité importants de notre liste de surveillan­ce», a plaidé Kathleen Fox, présidente du Bureau de la sécurité des transports.

Mme Fox insiste pour que le projet de loi accompagne l’imposition de ces enregistre­urs de garanties pour que les dispositif­s ne servent pas à punir des employés.

«Il doit y avoir des garanties appropriée­s dans la loi et dans les règlements qui assureront que cette informatio­n ne sera pas utilisée pour faire de la discipline, sauf dans les circonstan­ces les plus graves», a ajouté Mme Fox.

«Transports Canada devrait aussi avoir accès à ces enregistre­ments pour pouvoir exercer une surveillan­ce de la sécurité et devrait pouvoir les utiliser lors de recours contre les exploitant­s mais pas contre des employés isolés», a-t-elle encore conseillé.

Les syndicats des employés des compagnies de chemin de fer se sont inquiétés de l’arrivée de ces enregistre­urs. L’opposition néo-démocrate a fait écho à cette méfiance durant les audiences du comité, lundi.n

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