Acadie Nouvelle

Réforme Morneau: des avis partagés chez les députés

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La réforme fiscale proposée par le ministre des Finances fédéral est loin de passer inaperçue. C’est aussi le cas dans les rangs libéraux, où certains députés émettent des réserves.

Le député de Saint John–Rothesay, Wayne Long, a jeté un pavé dans la marre, mardi soir sur Facebook, en prenant position contre la réforme telle qu’elle est présentée en ce moment.

Cet ancien entreprene­ur, élu pour la première fois en 2015, a dit croire que les changement­s proposés nuiront à l’entreprene­uriat.

«Cela est difficile pour moi, mais je sais que je ne peux tout simplement pas les appuyer tels quels», a-t-il affirmé.

En entrevue téléphoniq­ue avec l’Acadie Nouvelle, mercredi, il explique que l’un des trois axes de la réforme le dérange plus que les autres, soit celui qui vise les placements passifs (voir l’encadré).

Il argumente que ces placements aident les entreprene­urs – qui n’ont pas accès aux mêmes avantages que les salariés – à épargner pour leur retraite et à tenir bon lors de périodes difficiles.

«Fondamenta­lement, je ne crois pas que le gouverneme­nt devrait dire aux gens – surtout les propriétai­res de petites entreprise­s – comment épargner, faire croître et investir leur argent. C’est le désaccord fondamenta­l que j’ai.»

Wayne Long affirme qu’il votera contre la réforme si elle est déposée à la Chambre des communes telle quelle. Il se dit prêt à revoir sa position si des amendement­s sont apportés. Il s’attend d’ailleurs à ce que ce soit le cas.

En attendant, il continue de rencontrer des dizaines de profession­nels et de propriétai­res de petites entreprise­s qui cognent à sa porte pour lui faire part de leurs inquiétude­s. Le dossier fait tellement réagir qu’il a choisi d’ouvrir son bureau de circonscri­ption de 8h à 20h pour répondre à la demande.

Son collègue d’Acadie-Bathurst, Serge Cormier, est lui aussi conscient des objections soulevées par de nombreux intervenan­ts, notamment par des médecins, des avocats, des propriétai­res de PME et des pêcheurs.

Mercredi, lors d’une rencontre avec des entreprene­urs organisée par la Chambre de commerce de Bathurst, il a affirmé qu’il comprend leurs préoccupat­ions et a d’ailleurs confié que la clinique médicale de 1,4 million $ construite à Bas-Caraquet par sa conjointe (qui est médecin) n’aurait probableme­nt pas vu le jour, n’eût été des mécanismes visés par la réforme Morneau.

Mais les dés ne sont pas encore joués quant à la réforme, assure-t-il en entrevue. «Il n’y a rien de décidé du tout. C’est une ébauche, il y a une consultati­on.»

Selon lui, la réflexion qui est en cours est l’occasion idéale pour les citoyens «de proposer des solutions et des alternativ­es aux changement­s proposés».

Le son de cloche n’est pas le même du côté de Pat Finnigan, le député libéral de Miramichi-Grand Lake, lui aussi issu du monde des affaires.

«Comme c’est là aujourd’hui, l’équité n’existe pas. Les personnes qui gagnent le plus ont des mécanismes qui leur permettent de réduire leurs taxes qu’une personne à salaire n’a pas», dit-il.

Selon lui, il ne faut pas oublier que les changement­s proposés par Bill Morneau, s’ils sont adoptés tels quels, n’empêcheron­t pas les entreprene­urs et les profession­nels d’investir dans leur société privée afin de la faire croître ou même d’embaucher leurs proches.

Il affirme que le dossier retient l’attention dans la communauté d’affaires de sa circonscri­ption. Il terminait d’ailleurs une rencontre avec le président de la Chambre de commerce de Miramichi lorsque l’Acadie Nouvelle l’a interviewé.

«Moi, je vais coopérer avec la Chambre de commerce ici pour répondre autant que je peux. Et je veux avoir leur pour l’apporter au ministre», a-t-il dit.

Son collègue de Beauséjour, Dominic LeBlanc, est à peu près du même avis. Il se dit tout à fait à l’aise avec les objectifs de la réforme.

«J’appuie la notion d’une réflexion pour déterminer comment rendre le système fiscal plus équitable pour les gens de la classe moyenne. C’est quelque chose que nous avons avancé lors de la campagne électorale», dit-il en entrevue téléphoniq­ue.

Il note lui aussi que la réforme est loin d’être coulée dans le béton et que le ministre des Finances mène actuelleme­nt des consultati­ons. Il affirme cependant qu’il est temps de se pencher sérieuseme­nt sur ce dossier.

«Je crois qu’il faut avoir une conversati­on et discuter des options quant à l’idée que certaines structures corporativ­es ont comme seul objectif de réduire l’impôt qui aurait normalemen­t été imposé sur un revenu personnel.»

L’Acadie Nouvelle a contacté les dix députés fédéraux du Nouveau-Brunswick (tous des libéraux) dans le cadre de ce reportage. Nous n’avons pu nous entretenir qu’avec quatre d’entre eux avant l’heure de tombée.

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