Vente de cannabis: Fredericton s’associe à deux producteurs
Le gouvernement du NouveauBrunswick a signé une entente d’approvisionnement avec deux producteurs de cannabis. Organigram et Canopy Growth fourniront un minimum de 9000 kg de pot par année pour usage récréatif dans la province.
Fredericton a également annoncé vendredi la création d’une nouvelle société de la Couronne qui sera responsable de superviser la vente de cannabis non thérapeutique.
Le gouvernement provincial n’a cependant pas dévoilé quel modèle de vente sera utilisé au Nouveau-Brunswick à partir de la légalisation du 1er juillet 2018. Ces détails, ainsi que ceux liés à la sécurité et la santé, seront dévoilés «au cours des prochains mois», assure le ministre de la Santé Benoît Bourque.
L’entreprise Organigram, de Moncton, a indiqué qu’elle avait signé jeudi un contrat pour consacrer un minimum de cinq millions de grammes par année au marché du Nouveau-Brunswick - soit environ le quart de sa production annuelle. Selon la compagnie, ce contrat vaudra entre 40 et 60 millions $ par année.
«Nous devrions avoir plus de 250 employés par la fin de l’an prochain. Notre potentiel de croissance est élevé», a fait savoir Greg Engel, PDG d’Organigram.
La valeur des actions de l’entreprise de Moncton a par ailleurs grimpé de 16% vendredi.
L’entreprise Canopy Growth, établie en Ontario, a aussi indiqué qu’elle avait signé un protocole d’entente de deux ans avec le gouvernement, qui prévoit l’approvisionnement de quatre millions de grammes de cannabis et de ses dérivés dès la première année à partir de ses nouvelles installations à Fredericton, pour une valeur d’environ 40 millions $. L’usine sera opérationnelle d’ici l’été prochain.
Le président de l’entreprise, Mark Zukelin, a souligné l’importance d’une entente protocolaire comme celle annoncée vendredi dans un contexte historique où le cannabis est illégal depuis aussi longtemps.
«Si on y réfléchit un instant, c’est étonnant que nous ayons devant nous toutes ces caméras et tous ces journalistes pour parler d’un des plus importants ‘‘deals de drogues’’ de l’histoire», a-t-il affirmé en conférence de presse.
Interrogée à savoir si Zénabis, dont l’usine est située à Atholville, fournira du cannabis récréatif au Nouveau-Brunswick, la ministre des Finances, Cathy Rogers, est restée vague. Elle a cependant confirmé que des discussions ont lieu avec «d’autres producteurs».
Quant à savoir quelle est la demande pour le cannabis récréatif au Nouveau-Brunswick, les entreprises peuvent seulement spéculer.
«C’est difficile à prédire. Le marché récréatif, à l’heure actuelle, est desservi par le marché noir. Mais plusieurs projections estiment qu’on parle d’un marché national de 6 à 8 milliards $», mentionne M. Engel.
Un rapport produit par Deloitte l’automne dernier a suggéré que le cannabis récréatif pourrait injecter 22,6 milliards $ dans l’économie canadienne.
FÊTE DU CANADA, FÊTE DU CANNABIS
Si tout se passe comme prévu, les adultes du pays pourront célébrer la prochaine fête du Canada en s’achetant et en fumant un joint sans enfreindre quelque loi que ce soit.
D’ici là, chaque province doit décider comment elle souhaite encadrer la distribution et la vente de cette drogue. Il ne reste que quelques mois aux élus pour choisir une voie à suivre.
L’Ontario a été la première province à annoncer ses couleurs, la semaine dernière: la vente de marijuana sera réservée aux personnes de 19 ans et plus dans des boutiques indépendantes exploitées par la société des alcools de la province ou par internet.
Au Nouveau-Brunswick, le gouvernement n’a pas encore tranché. Il a cependant franchi quelques étapes au cours des derniers mois.
Le Groupe de travail sur la légalisation du cannabis propose aussi d’établir à 19 ans l’âge légal et de vendre la marijuana dans des boutiques spécialisées gérées par une nouvelle filiale d’Alcool NB, mais la ministre Rogers a rappelé vendredi que son gouvernement n’avait pas encore pris de décision là-dessus.
Le comité spécial de l’Assemblée législative sur le cannabis a effectué une tournée de consultation. Dans son rapport, remis le 1er septembre, ce comité se contente de résumer ce qu’il a entendu lors de sa tournée et ne fait aucune recommandation.
Le dossier passe maintenant aux mains d’une nouvelle société de la Couronne du gouvernement provincial. Selon Mme Rogers, la société ne mènera pas directement à la vente, mais s’associera avec une ou plusieurs entités afin de fournir le cadre.
Il est attendu que le gouvernement libéral dépose des projets de loi sur le cannabis cet automne. Avec la collaboration du journaliste Pascal Raîche-Nogue