| SAMEDI 16 SEPTEMBRE 2017
«Le 2 juillet, je vais me promener avec une pancarte sur laquelle il sera écrit: ‘‘J’ai du cannabis illicite’’ pour prier les policiers de m’arrêter, parce que je ne l’ai pas acheté d’un producteur licencié», a lancé vendredi Marc Emery, «le prince du pot», en marge de la réunion du comité.
C’est donc dire qu’au lendemain de la date que vise le gouvernement de Justin Trudeau pour la légalisation du pot au Canada, le militant pro-cannabis de longue date compte «faire passer le test» des tribunaux au projet de loi qu’il croit «entièrement inconstitutionnel».
Le comité permanent de la santé avait entendu un peu plus tôt un message de même substance en provenance de Dana Larsen, propriétaire d’un dispensaire de cannabis en Colombie-Britannique.
«Vous ne pouvez pas nous arrêter. Vous n’avez pas la capacité, les ressources policières, les ressources judiciaires, pour composer avec ce que nous faisons», a-t-il lâché devant des députés à l’air parfois médusé devant cette attitude frondeuse.
«C’est pour cela que nous avons eu autant de succès. Et nous allons continuer, donc les règles doivent prendre en ligne de compte qu’il y a déjà une industrie du cannabis dynamique, et que nous sommes engagés
«Le fait qu’on décide d’y aller par voie de règlement plus tard pour les produits comestibles en prenant le temps de bien consulter, de bien regarder, je pense que ça démontre une approche qui est prudente par rapport aux produits comestibles», a-til fait valoir.
Cette approche graduelle permettra «par exemple, pour l’étiquetage, de s’assurer que les produits soient dans des emballages qui empêchent les enfants de pouvoir les ouvrir» et «que les produits soient bien réglementés», a illustré M. Lightbound.
Et l’arrivée sur le marché légal des produits dérivés du cannabis, comme les aliments cuisinés à base de la substance ou encore la résine de cannabis (le haschisch), ne prendra pas des années, mais bien «quelques mois» après l’adoption du projet de loi C-45, a-t-il signalé.
Le député libéral de Québec a adopté la même approche prudente lorsqu’il a été invité à commenter les informations selon lesquelles le gouvernement québécois comptait interdire la culture de plants de cannabis à la maison dans la loi-cadre qu’il déposera cet automne à l’Assemblée nationale.
Il n’a pas voulu dire si les provinces peuvent carrément proscrire la culture de plants de cannabis à la maison - en vertu de la mesure législative élaborée par Ottawa, il serait légal de faire pousser jusqu’à quatre plants d’une hauteur maximale de 100 centimètres par domicile.
«On a toujours dit que les provinces pouvaient baliser davantage, réglementer davantage, au niveau de la culture personnelle», s’est contenté d’offrir M. Lightbound.
Le comité permanent de la santé a entendu vendredi un panel de témoins qui ont émis certains doutes sur la pertinence de retarder l’arrivée sur le marché légal des produits comestibles à base de cannabis.
Le gouvernement de Justin Trudeau souhaite faire adopter d’ici le 1er juillet le projet de loi sur la légalisation du cannabis.
L’empressement des libéraux à aller de l’avant a été critiqué par les partis d’opposition à Ottawa, par des représentants des forces de l’ordre, par des communautés autochtones ainsi que par certaines provinces, dont le Québec et la Saskatchewan.
En réaction à ce concert de protestations, le premier ministre Justin Trudeau a rappelé cette semaine que cela faisait plusieurs années que la proposition a été mise de l’avant par les libéraux et a signalé qu’il gardait le cap sur l’échéancier.
Les gouvernements de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick sont les seuls à avoir dévoilé leur plan jusqu’à présent. Les deux ont l’intention de confier la distribution et la vente à des entités gouvernementales.