Acadie Nouvelle

Faut-il privatiser l’extra-mural?

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Je commencera­i ma chronique de cette semaine par une petite montée de lait. Quelqu’un peut-il m’expliquer comment des touristes canadiens qui n’ont pas assez de jugement pour ne pas aller en vacances dans les Caraïbes pendant la saison des ouragans ont le culot de blâmer le gouverneme­nt canadien de ne pas les ramener au Canada? Une serviette de plage et un peu de lotion de bronzage avec ça peut-être?

Revenons donc au sujet de la semaine pour tenter de clarifier et de mettre un peu de réalisme dans toutes les histoires d’horreur que nous entendons depuis quelques semaines au sujet de l’implicatio­n de Medavie dans la gestion des services de santé. Précisons d’entrée de jeu que l’annonce du ministre sur ce sujet la semaine dernière relève davantage du gros bon sens que de la fin du monde anticipée par le Dr Dupuis et les dirigeants des syndicats de la fonction publique. Le gouverneme­nt a simplement décidé d’intégrer dans un modèle de gestion plus moderne et plus efficace trois services qui vont demeurer des services publics, gratuits et totalement contrôlés par le gouverneme­nt. Deux de ces services, Ambulance NB et Télé-Soins, sont déjà gérés par le privé, alors que l’élément nouveau consiste à inclure la gestion des services extramurau­x dans cet ensemble de service. Mais je le répète, les services sont toujours des services publics, gratuits et universels et les employés vont demeurer des employés du gouverneme­nt. La réforme, il faut le rappeler, enlève à une compagnie ontarienne la gestion de télé soins (811) pour la remettre dans les mains d’une compagnie dont le siège social est au NouveauBru­nswick soit Croix-Bleue Medavie. Rien ne change dans la prestation des services, si ce n’est que l’intégratio­n de ces trois services sous une même administra­tion va permettre une synergie qui rendra les trois entités plus efficaces en donnant un meilleur service à la population. En entendant le président d’Égalité Santé cette semaine, c’est comme s’il niait au gouverneme­nt du Nouveau-Brunswick le rôle que la constituti­on prescrit aux provinces en matière de soins de santé. La gestion du service ambulancie­r comme celui de l’extramural requiert une coordinati­on provincial­e pour être plus efficace et c’est ce que ce nouveau système va offrir.

Quant à Croix-Bleue Medavie, c’est le succès le mieux gardé du Nouveau-Brunswick. C’est une organisati­on sans but lucratif qui gère des services dans la plupart des provinces canadienne­s et aussi aux États-Unis. Son siège social est à Moncton et elle embauche dans la province plus de mille personnes. Je déplore que l’on blâme cette organisati­on pour certains ratés du système ambulancie­r. Dans un premier temps, précisons que depuis qu’ils ont pris l’administra­tion d’Ambulance NB sous leur aile, ils ont augmenté de façon significat­ive le nombre d’ambulancie­rs bilingues – de loin une meilleure performanc­e que le gouverneme­nt lui-même. Précisons ici que les syndicats ne collaboren­t pas toujours et que certaines de leurs positions ralentisse­nt la bilinguisa­tion de notre service d’ambulance.

Ces changement­s sont des pas dans la bonne direction et permettron­t à notre province d’offrir de meilleurs soins a ses citoyens.

Quelles sont les vraies raisons derrière la décision de Victor Boudreau de privatiser le Programme extra-mural juste avant son départ? Aucun dossier crédible n’a été présenté par le gouverneme­nt et le ministre a d’ailleurs dit qu’il n’y aurait pas d’économie pour justifier cette décision, ou celle de privatiser les services de cuisine et d’entretien ménager au réseau de santé Vitalité.

Deux conseils d’administra­tions sous deux PDG différents du réseau se sont prononcés contre cette privatisat­ion en invoquant et en démontrant qu’il pouvait faire mieux. Par contre le réseau Horizon, le ministère de la Santé et Service NB sont en faveur de la privatisat­ion. Le gouverneme­nt Gallant n’a aucune confiance dans les gestionnai­res du réseau Vitalité.

Vitalité a une population et des services différents à livrer. Le taux de visite à l’urgence est de 50% plus élevé par 1000 habitants que le réseau Horizon, mais ses coûts de livraison de services sont de 25% de moins par visite. Le taux d’utilisatio­n du Proigramme extra-mural est de 46% plus élevé que pour le réseau Horizon, mais ses coûts par visite sont de 6% moins élevés. Les éléments principaux de cette différence de demande de services sont, notamment, une population plus âgée, des services spécialisé­s moins présents ainsi que des services communauta­ires moins bien développés.

Il est inconcevab­le que cette structure de livraison de services aux francophon­es soit en train d’être détruite par des Acadiens et des Acadiennes et tout cela pour faire plaisir au réseau Horizon et aux sous-ministres Gordon Gilman et Tom Maston. Existe-t-il des liens entre certains hauts fonctionna­ires et certains exécutifs de Sodexo?

La structure est très complexe et vouée à l’échec, pour des libéraux qui avaient promis la transparen­ce. Que ce soit un contrat avec Medavie ou Sodexo? Des emplois qui demeurent avec le gouverneme­nt, mais gérés par Service NB alors que les employés demeurent rémunérés par le ministère. En fin de compte qui sera responsabl­e des patients? La possibilit­é pour le réseau Vitalité de gérer le vieillisse­ment de la population en améliorant ou en maintenant ses taux d’hospitalis­ation va disparaîtr­e.

Le gouverneme­nt Gallant demande à Ottawa de reconnaîtr­e les problèmes différents du N.-B. en santé, pourtant lui-même ne reconnaît pas le défi entre les régions du N.-B. Messieurs Gallant et Higgs sont prêts à tout pour courtiser les électeurs des régions anglophone­s du N.-B. M. Gallant prend les francophon­es pour acquis alors que M Higgs espère se faire élire sans les régions francophon­es. Les grands perdants de cette compétitio­n, du titre de chef le plus francophob­e, seront les services et les emplois des régions francophon­es qui déménagero­nt à Saint-Jean et à Moncton.

Les députés et ministres francophon­es se font ridiculisé­s dans un mouvement francophob­e comme il ne s’en est jamais vu au N.-B. Est-ce que les rumeurs que Victor Boudreau se soit négocié une bonne position chez Medavie sont réelles et la vraie raison d’annoncer la privatisat­ion à quelques jours de son départ comme ministre?

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