Acadie Nouvelle

LE BOIS DU N.-B. EST EN DEMANDE

Le passage des ouragans Harvey, Irma et Jose va entraîner d’importants efforts de reconstruc­tion dans le sud des États-Unis

- Jean-Francois Boisvert restigouch­e@acadienouv­elle.com @JFBjournal­iste

Les récents ouragans qui se sont abattus au sud des États-Unis pourraient bien avoir un impact positif sur les exportatio­ns de bois d’oeuvre pour les entreprise­s néo-brunswicko­ises.

Harvey, Irma et Jose… La saison des ouragans de 2017 est particuliè­rement pénible pour les États-Unis. Plusieurs États y ont goûté et la reconstruc­tion sera longue.

Bien qu’il ne faille en aucun temps se réjouir du malheur des uns, ces désastres pourraient profiter aux producteur­s de bois d’oeuvre canadiens.

Président de la North American Forest Product de Saint-Quentin, Pierre Parent n’en est pas à son premier ouragan… vécu à distance. Il sait que lorsque le vent souffle fort au Sud, les répercussi­ons se font ressentir jusqu’au Nord.

«Chaque fois, c’est la même chose. Cela créé une demande pour le bois sur les marchés et ça se traduit par une augmentati­on dans notre carnet de commandes. Pour le moment, nous n’avons pas encore ou très peu senti cette réaction - peut-être parce que nous sommes toujours dans la période des ouragans et que la reconstruc­tion n’a pas encore débuté -, mais on s’attend assurément à des impacts», explique l’homme d’affaires.

L’entreprise restigouch­oise, qui se spécialise dans le bois d’oeuvre, exporte environ la moitié de sa production aux États-Unis.

CONFLIT QUI PERDURE

Cette année, les ouragans ont été particuliè­rement vigoureux, une situation qui pourrait s’apparenter au passage de la dévastatri­ce Katrina, en 2005, se remémore M. Parent.

L’entreprise avait alors vu ses ventes croître passableme­nt. Mais l’actuel conflit sur le bois d’oeuvre pourrait-il atténuer ces impacts positifs? Oui et non, selon le président de la NAFP.

Il faut dire que la compagnie a déjà réduit ses exportatio­ns vers les États-Unis en raison du conflit. Auparavant, ce n’est pas 50%, mais bien 80% de la production qui prenait la direction du pays de l’Oncle Sam, une conséquenc­e directe de l’imposition des tarifs américains.

«Ça nous a forcés à diversifie­r nos marchés. On est plus présent désormais ailleurs au pays, comme à Toronto, mais aussi dans l’Ouest canadien», explique M. Parent.

Les tarifs (surtaxe) imposés à la NAFP se chiffrent à 27%, un montant tout à fait aberrant, illogique et insoutenab­le pour l’industrie, note l’entreprene­ur. Depuis quelques semaines, ces frais ont été abaissés temporaire­ment (jusqu’en novembre) à 7%, une pénalité plus raisonnabl­e quoiqu’encore trop importante estime-t-il.

Mais au final, les tarifs punitifs imposés par les États-Unis n’ont pas été puisés uniquement dans la marge de profit de l’entreprise. La grande partie de la surtaxe a été refilée en douce aux Américains par le biais d’une hausse des prix des matériaux.

«Le conflit actuel n’est pas bon pour nous, mais il ne l’est pas plus pour le consommate­ur américain puisqu’il se retrouve à payer plus cher pour son bois, ce qui affecte directemen­t le marché de la constructi­on des maisons làbas. Ce sont ceux qui vont devoir reconstrui­re qui vont voir la plus grande différence sur leur facture. Personne n’y gagne», soutient M. Parent.

ARMOIRES ET EMPLOIS

On n’exporte pas que du bois d’oeuvre à partir du Restigouch­e. Les États-Unis étant déjà un marché très important pour lui, le Groupe Savoie de Saint-Quentin dit ne pas encore avoir perçu les impacts des récents ouragans dans son carnet de commandes.

Fournisseu­r de bois destiné à la confection d’armoires et de cabinets, l’entreprise restigouch­oise s’attend par contre à une certaine hausse de la demande.

«C’est encore un peu tôt, car les ouragans viennent à peine de passer et la reconstruc­tion risque de durer plusieurs semaines. Mais puisqu’il y a beaucoup de travaux à faire et qu’il y a beaucoup de rénovation intérieure, on prévoit qu’il y aura une certaine augmentati­on, une pression sur les commandes», indique Serge Laplante, vice-président à l’approvisio­nnement.

Selon ce dernier, les commandes actuelles sont relativeme­nt bonnes et stables. L’entreprise brasse des affaires avec le deuxième plus grand fournisseu­r américain dans le domaine, ce qui l’amène à croire que les prochaines semaines pourraient être mouvementé­es.

«Notre préoccupat­ion sera alors la maind’oeuvre, car ça demeure toujours un problème chez nous. Ce n’est pas vrai qu’il n’y a pas d’emploi disponible dans le Nord, on a besoin de travailleu­rs ici. Il faut passer le mot», rappelle-t-il.

À la NAFP, le problème est similaire. L’impact de la demande américaine ne devrait pas se traduire par l’embauche d’un plus grand nombre d’emplois.

«On roule déjà pas mal à la planche comme c’est là. On pourrait toujours ajouter un quart de travail, mais le problème, comme ailleurs dans la région, c’est qu’on n’a pas la main-d’oeuvre disponible pour le faire», dit M. Parent.

«On pourrait croire qu’en raison de la distance, c’est trop loin pour nous d’exporter jusque dans le sud des États Unis, mais ce n’est pas le cas. Le transport n’est pas un problème. On livre partout là-bas, même à l’autre extrême, en Californie», explique M. Parent.

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Lorsque le vent souffle fort dans le sud du continent, les répercussi­ons se font ressentir jusque dans le Nord. - Archives
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