LE BOIS DU N.-B. EST EN DEMANDE
Le passage des ouragans Harvey, Irma et Jose va entraîner d’importants efforts de reconstruction dans le sud des États-Unis
Les récents ouragans qui se sont abattus au sud des États-Unis pourraient bien avoir un impact positif sur les exportations de bois d’oeuvre pour les entreprises néo-brunswickoises.
Harvey, Irma et Jose… La saison des ouragans de 2017 est particulièrement pénible pour les États-Unis. Plusieurs États y ont goûté et la reconstruction sera longue.
Bien qu’il ne faille en aucun temps se réjouir du malheur des uns, ces désastres pourraient profiter aux producteurs de bois d’oeuvre canadiens.
Président de la North American Forest Product de Saint-Quentin, Pierre Parent n’en est pas à son premier ouragan… vécu à distance. Il sait que lorsque le vent souffle fort au Sud, les répercussions se font ressentir jusqu’au Nord.
«Chaque fois, c’est la même chose. Cela créé une demande pour le bois sur les marchés et ça se traduit par une augmentation dans notre carnet de commandes. Pour le moment, nous n’avons pas encore ou très peu senti cette réaction - peut-être parce que nous sommes toujours dans la période des ouragans et que la reconstruction n’a pas encore débuté -, mais on s’attend assurément à des impacts», explique l’homme d’affaires.
L’entreprise restigouchoise, qui se spécialise dans le bois d’oeuvre, exporte environ la moitié de sa production aux États-Unis.
CONFLIT QUI PERDURE
Cette année, les ouragans ont été particulièrement vigoureux, une situation qui pourrait s’apparenter au passage de la dévastatrice Katrina, en 2005, se remémore M. Parent.
L’entreprise avait alors vu ses ventes croître passablement. Mais l’actuel conflit sur le bois d’oeuvre pourrait-il atténuer ces impacts positifs? Oui et non, selon le président de la NAFP.
Il faut dire que la compagnie a déjà réduit ses exportations vers les États-Unis en raison du conflit. Auparavant, ce n’est pas 50%, mais bien 80% de la production qui prenait la direction du pays de l’Oncle Sam, une conséquence directe de l’imposition des tarifs américains.
«Ça nous a forcés à diversifier nos marchés. On est plus présent désormais ailleurs au pays, comme à Toronto, mais aussi dans l’Ouest canadien», explique M. Parent.
Les tarifs (surtaxe) imposés à la NAFP se chiffrent à 27%, un montant tout à fait aberrant, illogique et insoutenable pour l’industrie, note l’entrepreneur. Depuis quelques semaines, ces frais ont été abaissés temporairement (jusqu’en novembre) à 7%, une pénalité plus raisonnable quoiqu’encore trop importante estime-t-il.
Mais au final, les tarifs punitifs imposés par les États-Unis n’ont pas été puisés uniquement dans la marge de profit de l’entreprise. La grande partie de la surtaxe a été refilée en douce aux Américains par le biais d’une hausse des prix des matériaux.
«Le conflit actuel n’est pas bon pour nous, mais il ne l’est pas plus pour le consommateur américain puisqu’il se retrouve à payer plus cher pour son bois, ce qui affecte directement le marché de la construction des maisons làbas. Ce sont ceux qui vont devoir reconstruire qui vont voir la plus grande différence sur leur facture. Personne n’y gagne», soutient M. Parent.
ARMOIRES ET EMPLOIS
On n’exporte pas que du bois d’oeuvre à partir du Restigouche. Les États-Unis étant déjà un marché très important pour lui, le Groupe Savoie de Saint-Quentin dit ne pas encore avoir perçu les impacts des récents ouragans dans son carnet de commandes.
Fournisseur de bois destiné à la confection d’armoires et de cabinets, l’entreprise restigouchoise s’attend par contre à une certaine hausse de la demande.
«C’est encore un peu tôt, car les ouragans viennent à peine de passer et la reconstruction risque de durer plusieurs semaines. Mais puisqu’il y a beaucoup de travaux à faire et qu’il y a beaucoup de rénovation intérieure, on prévoit qu’il y aura une certaine augmentation, une pression sur les commandes», indique Serge Laplante, vice-président à l’approvisionnement.
Selon ce dernier, les commandes actuelles sont relativement bonnes et stables. L’entreprise brasse des affaires avec le deuxième plus grand fournisseur américain dans le domaine, ce qui l’amène à croire que les prochaines semaines pourraient être mouvementées.
«Notre préoccupation sera alors la maind’oeuvre, car ça demeure toujours un problème chez nous. Ce n’est pas vrai qu’il n’y a pas d’emploi disponible dans le Nord, on a besoin de travailleurs ici. Il faut passer le mot», rappelle-t-il.
À la NAFP, le problème est similaire. L’impact de la demande américaine ne devrait pas se traduire par l’embauche d’un plus grand nombre d’emplois.
«On roule déjà pas mal à la planche comme c’est là. On pourrait toujours ajouter un quart de travail, mais le problème, comme ailleurs dans la région, c’est qu’on n’a pas la main-d’oeuvre disponible pour le faire», dit M. Parent.
«On pourrait croire qu’en raison de la distance, c’est trop loin pour nous d’exporter jusque dans le sud des États Unis, mais ce n’est pas le cas. Le transport n’est pas un problème. On livre partout là-bas, même à l’autre extrême, en Californie», explique M. Parent.