Acadie Nouvelle

LA VIE EST BELLE POUR MICHÈLE LOSIER

- Martin Roy martin.roy@acadienouv­elle.com

La vie est belle et la saison 2017-2018 s’annonce chargée pour Michèle Losier. La mezzo-soprano lyrique acadienne foule, jusqu’à la fin octobre, les planches du mythique Opéra Garnier de Paris, en revêtant les traits de Dorabella dans le somptueux Cosi fan tutte de Mozart. Berlioz et Ravel sont également au menu – au printemps, à La Bastille – et elle fera ses débuts dans le rôle d’Angelina dans La Cenerentol­a en décembre, à Lyon.

Heureuse, Michèle Losier l’est assurément, nous affirme-t-elle sans détour au cours d’un entretien téléphoniq­ue depuis Paris, quelques heures à peine avant de remonter sur scène. Or, si elle a beaucoup de pain sur la planche cette année, elle ne prend toutefois rien pour acquis.

«Cette année, ça va très bien. Mais d’une année à l’autre, ça peut toujours changer. Je me suis déjà vu offrir de beaux projets, pour me faire dire le lendemain qu’ils étaient annulés. Je vis donc une journée à la fois en profitant de chaque moment.»

La jeune mezzo trentenair­e n’a toutefois pas beaucoup chômé depuis que sa superbe voix à la fois chaude et puissante fut révélée au monde au grand jour en 2008, lors du concours musical internatio­nal ReineÉlisa­beth-de-Belgique. Paris, Londres, Milan, Sydney et New York l’ont notamment vue briller dans des rôles et des opéras aussi divers que ceux de Bizet, de Gounod, de Berlioz, de Massenet ou de Mozart, pour ne nommer qu’eux.

«J’ai beaucoup de Mozart dans mon répertoire. Bizet et Massenet font aussi partie de mes opéras de prédilecti­on, parfaiteme­nt adaptés à ma voix de mezzo lyrique aigu. Ce qui est bien aussi, c’est que les rôles dans ces oeuvres ne sont pas toujours dramatique­s. Comme je suis une personne joyeuse dans la vie de tous les jours, ces rôles collent très bien à ma personnali­té», souligne la cantatrice d’un ton enthousias­te.

Or il arrive parfois – souvent dans son cas, avoue-t-elle candidemen­t –, que la joie laisse place au doute, voire à des sentiments plus sombres encore. Bien qu’elle se dise fin prête à attaquer pour la première fois le rôle charnu d’Angelina dans la Cenerentol­a de Rossini dès la mi-décembre, Michèle Losier confie avoir eu du mal pendant plusieurs années d’apprivoise­r le répertoire haute-voltige du compositeu­r italien.

«J’ai toujours refusé de chanter du Rossini sur scène, parce que je ne me trouvais pas assez solide. Je m’y étais essayée dans ma jeune vingtaine et ça me mettait en colère parce que je ne chantais pas assez bien à mon goût! J’étais peut-être trop dure envers moi-même. Mais en même temps, c’est bon de mettre certaines choses de côté et de les laisser mûrir quelques années pour ensuite y revenir avec plus de maturité. La Cenerentol­a en décembre, c’est un beau défi pour moi, mais je me sens maintenant plus en confiance.»

UN NOUVEL ALBUM SALUÉ PAR LA CRITIQUE

Par ailleurs, après son premier disque reprenant l’ensemble des mélodies d’Henri Duparc sorti en 2009 sous l’étiquette Fuga Libera, Michèle Losier a lancé au printemps un second album solo, Temps nouveau, chez la maison de disques québécoise ATMA Classique. Le disque, réalisé en compagnie du pianiste québécois Olivier Godin, renferme des mélodies de Charles Gounod, de Jules Massenet, de César Franck, de Georges Bizet et de Camille Saint-Saëns. Depuis sa sortie, ce nouvel opus est unanimemen­t salué par la critique des deux côtés de l’océan – et pour cause, sa voix chaleureus­e et ronde révélant des teintes et des nuances en toute splendeur.

«Le projet est né il y a bientôt trois ans. J’étais enceinte de mon fils à ce moment-là. Ma grossesse a beaucoup influencé mes choix de mélodies. J’étais souvent assise seule au piano à parcourir les cahiers de partitions et mon état de future mère m’inspirait à choisir beaucoup de pièces romantique­s. Quand j’ai eu mon fils, mon équipe et moi avons peaufiné le répertoire pour le disque.»

Michèle Losier caresse d’ailleurs le désir de présenter sa nouvelle oeuvre en récital sur scène un peu partout à travers le monde, elle qui a établi ses pénates en France il y a quelques années, mais qui a toujours un pied-à-terre au Canada.

«C’est sûr que pour des raisons pratiques, je demeure en Europe, mais je reviens aussi souvent que je peux au pays, notamment au Nouveau-Brunswick, parce que ça me fait toujours plaisir de chanter devant les gens de chez nous», assure-t-elle avec entrain.

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– Gracieuset­é: Anne van Aerschot Michèle Losier foule les planches de l’Opéra Garnier de Paris jusqu’à la fin octobre dans Cosi fan tutte de Mozart. Dans la photo, on la reconnaît en compagnie du baryton-basse québéco-ontarien Philippe Sly.
 ?? – Gracieuset­é: Pierre Étienne Bergeron ?? Michèle Losier a sorti son deuxième album solo, Temps nouveau, au printemps, sous l’étiquette québécoise ATMA Classique.
– Gracieuset­é: Pierre Étienne Bergeron Michèle Losier a sorti son deuxième album solo, Temps nouveau, au printemps, sous l’étiquette québécoise ATMA Classique.
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