Acadie Nouvelle

Fluoration: un débat qui continue à diviser les résidants de Moncton

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Le moins qu’on puisse dire, c’est que la fluoration de l’eau divise et soulève les passions. Les opposants affirment que trop de fluorure peut nuire à la santé et, de l’autre côté, les partisans de la fluoration de l’eau soutiennen­t qu’elle encontribu­e à une bonne santé dentaire. Patrick Lacelle

La Société dentaire du Nouveau-Brunswick (SDNB) fait campagne pour la fluoration de l’eau à Moncton. L’organisme a des appuis de taille, dont le Bureau du médecin-hygiéniste en chef, la Société canadienne du cancer et Santé Canada.

L’organisme qui représente les dentistes de la province affirme que «la carie dentaire est l’une des maladies chroniques les plus fréquentes au monde» et qu’en ajoutant du fluorure dans l’eau potable «il est possible d’y remédier».

«Selon moi, c’est un avantage d’ajouter 0,7 mg de fluorure à l’eau potable. C’est pour la protection et la prévention de la carie. Et la beauté de la chose, c’est qu’on aide une population entière», a indiqué à l’Acadie Nouvelle la présidente élue de la SDNB, la Dre Suzanne Drapeau-McNally.

Le conseil municipal de Moncton a voté en faveur de l’arrêt de la fluoration de son eau en 2011, pour une période de cinq ans. Depuis que l’eau potable n’est plus fluorisée, le nombre de caries chez les enfants a grandement augmenté selon la dentiste dont la clinique a pignon sur rue à Moncton.

«Il y a des enfants qui ne se brossent pas les dents. Quand ils venaient, il y a cinq ans, on leur disait qu’ils n’avaient pas de carie. Ils riaient parce qu’ils ne prenaient pas soin de leurs dents. Tout d’un coup, ils nous reviennent et ils ont de trois à quatre caries. C’est un bond de 50%», a confié la Dre Drapeau-McNally.

«Ce n’est pas une solution, mais bien un outil d’une grande valeur pour nous aider dans notre bataille contre la carie», a-t-elle ajouté.

Le groupe Citizens for Safe Water Metro Moncton est contre la fluoration de l’eau et croit que plus d’informatio­n est nécessaire avant de reprendre cette procédure. Un site web a été lancé à cet effet. On y trouve plusieurs études. Certaines avancent que de consommer plus de fluorure peut nuire à la glande thyroïde alors que d’autres soutiennen­t que le quotient intellectu­el d’un jeune peut être affecté.

«Je veux que les gens aillent consulter le site web pour s’informer et qu’ils comprennen­t que leurs enfants absorbent déjà trop de fluorure. Ce qui est vraiment triste, c’est que tout ce débat nous éloigne du vrai problème. Si le nombre de caries augmente à Moncton, comme il monte dans la région où l’eau est fluorisée, c’est parce que, probableme­nt, la consommati­on de sucre augmente», a indiqué Olivier Well, porteparol­e du groupe.

Les gens ont le choix. La fluoration de l’eau publique oblige une population à consommer plus de fluorure. La décision, selon M. Well, doit revenir à chaque famille.

«On a le choix dans les magasins entre la pâte dentifrice fluorée et non fluorée. Les gens ont le choix. Certaines personnes ne veulent même pas en mettre sur leur dent pour le recracher après. Pensez-vous qu’ils en veulent dans leur eau», a-t-il lancé.

«D’un point de vue éthique et pratique, on ne peut pas contrôler le dosage d’un médicament une fois ajouté à l’eau publique. Sans compter que les jeunes âgés de moins de 19 ans ne peuvent pas donner leur consenteme­nt», a ajouté M. Well.

De son côté, Santé Canada réfute les études qui démontrent que la fluoration de l’eau peut avoir un effet néfaste sur la santé.

«L’ensemble de toutes les études scientifiq­ues disponible­s ne démontre pas l’existence d’un lien entre l’exposition au fluorure dans l’eau potable à une concentrat­ion de 1,5 mg/l et des effets néfastes pour la santé. Et ce, y compris en matière de cancer, d’immunotoxi­cité, de toxicité pour la reproducti­on et le développem­ent, de génotoxici­té et de neurotoxic­ité.»

Ces études ne permettent pas non plus d’établir un lien entre l’exposition au fluorure et une diminution du quotient intellectu­el, puisque les études pertinente­s comportent des lacunes importante­s en termes de qualité, de crédibilit­é et de méthodolog­ie», peut-on lire dans le document technique sur le fluorure de Santé Canada.

«Il faut se rappeler que le glyphosate est un sujet qui est entré dans l’actualité il n’y a pas si longtemps. Santé Canada affirme que c’est sécuritair­e si on suit les directives tandis que la Californie l’a déclaré cancérigèn­e et l’Organisati­on mondiale de la santé l’a déclaré cancérigèn­e probable. Il faut aussi se rappeler que Santé Canada a été une des dernières agences à bannir l’agent orange», a conclu M. Well.

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