La réforme fiscale doit aller de l’avant
Celles et ceux qui ont pris M. Trudeau au sérieux lors de la dernière campagne électorale, à savoir qu’il demanderait un petit effort à la classe de contribuables les plus nantis, voient en votre projet de réforme un autre pas dans la bonne direction. Les entrepreneurs de tout acabit et les professionnels, médecins, comptables et autres qui s’incorporent pour bénéficier d’un taux d’imposition plus avantageux se mobilisent actuellement, argumentant qu’ils prennent des risques en créant une entreprise et que cela justifie les privilèges fiscaux dont ils bénéficient. Il faut bien se comprendre au sujet de la notion d’entrepreneuriat. Tous ceux qui s’incorporent ne prennent pas le même niveau de risque. Par exemple, quel risque prend un médecin au Canada dans un contexte de l’assurance-maladie universelle, alors qu’il n’a qu’un seul client payeur, le gouvernement? Peut-on vraiment qualifier ces gens d’entrepreneurs? Il faut reconnaître que les entrepreneurs propriétaires de petites et moyennes entreprises prennent un niveau de risque assez élevé, mais il ne faut pas oublier que leur entreprise bénéficie de nombreux avantages fiscaux et de nombreux programmes gouvernementaux, ne seraitce qu’au niveau du soutien à la création d’emploi. De plus les entrepreneurs accumulent généralement, au cours de la vie de leur entreprise, un patrimoine, qui en plus de leurs revenus supérieurs à la moyenne des salariés, leur assure des ressources pour une retraite bien garnie. Les gens qui se mobilisent actuellement contre votre projet de réforme mettent de l’avant des arguments fondés sur leurs intérêts personnels et de classe. Ils vous disent qu’ils devront, à la suite de la réforme, payer plus d’impôt. Eh oui, c’est vrai, c’est cela le but! Ce que ces gens oublient, c’est que la majorité de la population, particulièrement les petits salariés et les personnes à faibles revenus, y gagneront. Les ressources que votre gouvernement en retirera pourront alors être utilisées, dans un effort de redistribution, via des programmes sociaux progressifs, à la réduction des inégalités. C’est d’ailleurs ce que l’on peut espérer. Seulement, vous devez vous rappeler que les gens qui bénéficieront le plus de cette réforme sont souvent sans voix. La majorité ne se fera pas entendre pour supporter la réforme. C’est pourquoi je vous invite au courage dans la mise en oeuvre de cette réforme.