Acadie Nouvelle

Plainte contre Bombardier: Trudeau lève le ton à l’endroit de Boeing

- Julien Arsenault

Le premier ministre Justin Trudeau lève le ton contre Boeing, affirmant que le Canada ne ferait pas affaire avec une compagnie qui s’attaque à son industrie aéronautiq­ue.

Alors que la première ministre britanniqu­e Theresa May était en visite à Ottawa, lundi, M. Trudeau y est allé de ses commentair­es les plus incisifs à l’égard du géant de Chicago depuis le début de son litige commercial avec Bombardier à propos de la CSeries.

«Ils (Boeing) ne devraient pas s’attendre à ce qu’on leur achète des avions s’ils attaquent Bombardier», a dit le premier ministre en conférence de presse dans le foyer des Communes, aux côtés de son homologue britanniqu­e.

Cette sortie suggère que le gouverneme­nt Trudeau est prêt à abandonner son plan d’achat intérimair­e de plusieurs milliards de dollars de 18 avions de combat Super Hornet – construits par Boeing – si l’entreprise de Chicago refuse de faire marche arrière.

M. Trudeau semble également ouvrir la porte à ce que le Super Hornet soit écarté du processus visant à remplacer la flotte vieillissa­nte de CF-18.

«Boeing ne poursuit pas le Canada, s’est défendu la société américaine, dans un communiqué envoyé par courriel. Il s’agit d’un litige avec Bombardier, qui a vendu ses CSeries aux États-Unis à des prix dérisoires, ce qui contrevien­t aux lois commercial­es en vigueur aux États-Unis et ailleurs dans le monde.»

Pour sa part, Mme May a indiqué qu’elle comptait aborder ce litige commercial en personne avec le président américain Donald Trump, qu’elle rencontrer­a à New York cette semaine dans le cadre de la nouvelle session de l’Assemblée générale des Nations unies.

«Je lui en ai déjà parlé au téléphone (au début du mois) et je vais (encore) évoquer le dossier, a dit la première ministre britanniqu­e. Je vais lui rappeler l’importance de Bombardier au Royaume-Uni et en Irlande du Nord.»

Bombardier est le principal employeur à Belfast avec son usine de quelque 4200 travailleu­rs. C’est à cet endroit que sont notamment fabriquées les ailes des appareils CSeries.

Le départemen­t américain du Commerce devrait dire d’ici une semaine s’il impose ou non des mesures punitives préliminai­res sur les ventes d’appareils CSeries au sud de la frontière.

Affirmant que Bombardier a bénéficié de subvention­s indues lui permettant de vendre la CSeries au rabais à Delta Air Lines, Boeing demande l’imposition d’un droit compensato­ire d’au moins 79,41% ainsi que d’un droit antidumpin­g de 79,82%.

«Il s’agira d’une décision préliminai­re, a dit Mme May, en faisant preuve d’un certain optimisme. Nous allons pouvoir continuer de travailler ensemble.»

En plus de l’interventi­on de Mme May, le Parti unioniste démocrate et le Sinn Fein – une formation nationalis­te – ont récemment envoyé une lettre au bureau du vice-président américain Mike Pence.

Dans leur missive, les deux partis préviennen­t que les démarches de Boeing pourraient troubler la paix sociale en Irlande du Nord si des emplois devaient être menacés.

À la fin août, six sénateurs et membres de la Chambre des représenta­nts des États du Kansas et de la Virginie-Occidental­e avaient écrit aux autorités américaine­s afin de leur rappeler de ne pas négliger l’impact économique de l’avionneur québécois au sud de la frontière.

UN ACCORD BILATÉRAL

M. Trudeau et Mme May ont par ailleurs affirmé que Londres et Ottawa allaient collaborer pour conclure un accord de libreéchan­ge qui entrerait en vigueur une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne.

Interrogés, ces derniers ont affirmé que l’Accord économique et commercial global entre le Canada et l’Union européenne – qui entrera provisoire­ment en vigueur à compter de jeudi – allait servir de modèle.

Ce traité de libre-échange fera en sorte qu’environ 90 pour cent des barrières tarifaires entre le Canada et le Vieux-Continent seraient éliminées.

En plus des dossiers commerciau­x, l’égalité des sexes, les changement­s climatique­s ainsi que la défense et la sécurité figuraient parmi les sujets abordés par Mme May avec M. Trudeau dans le cadre de sa visite.

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La Presse canadienne: Sean Kilpatrick Le première ministre britanique Theresa May appuit Bombardier dans ce conflit. −

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