Acadie Nouvelle

Persécutio­n des Rohingyas: Justin Trudeau communique encore avec Aung San Suu Kyi

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Il s'attaque ainsi à son rival Jagmeet Singh, qui n'a pas l'intention de briguer un siège aux communes avant 2019 s'il devient chef du NPD. Le député provincial de l'Ontario est considéré par plusieurs comme le meneur de cette course à la direction.

Charlie Angus a tenu ces propos alors que commence le vote des militants. La première étape de ce vote préférenti­el se tiendra jusqu'au 1er octobre, jour du dévoilemen­t des résultats.

Dimanche, Charlie Angus, Niki Ashton, Guy Caron et Jagmeet Singh ont tenté un dernier tour de piste à Hamilton pour convaincre les militants de leur accorder leur premier choix.

Dans son discours, M. Angus a rappelé qu'il détenait déjà un siège à la Chambre des communes depuis 2004. Les quatre candidats avaient chacun 22 minutes pour expliquer comment ils entendent mener le NPD à une victoire électorale en 2019.

La laïcité s'est encore une fois invitée dans la course après la déclaratio­n samedi du député québécois Pierre Nantel qui a affirmé que les Québécois n'accepterai­ent pas un chef de parti qui porte un signe religieux ostentatoi­re.

Ses propos visaient le candidat Jagmeet Singh, un sikh pratiquant qui porte le turban et le kirpan. Guy Caron a rappelé le pouvoir de l'Assemblée nationale de légiférer en matière de laïcité de l'État tout en tendant la main à son rival. «Jagmeet, tu as une place dans notre parti et dans mon Québec», a-t-il dit.

Jagmeet Singh a insisté sur ses valeurs progressis­tes tout en soulignant qu'il n'était pas là pour convaincre les gens d'accepter son turban et sa barbe. Il a fait valoir qu'il pouvait grossir les rangs du parti comme il l'a fait pour le NPD en Ontario. Son équipe aurait réussi à recruter 47 000 militants, a-t-il rappelé. Le nombre de membres du NPD sur la scène fédérale a plus que triplé durant la course à la direction, passant de 41 000 en mars à 124 000 le mois dernier.

La candidate Niki Ashton s'est attaquée, quant à elle, aux libéraux et aux conservate­urs en dénonçant leurs politiques qui, selon elle, ont causé des inégalités sociales au pays.

Pour remporter au premier tour, un candidat doit obtenir 50% du vote plus un sans quoi un deuxième tour aura lieu. Les militants peuvent voter en ligne ou par la poste. Justin Trudeau a estimé lundi qu'Aung San Suu Kyi doit condamner publiqueme­nt les atrocités commises au Myanmar contre la minorité musulmane des Rohingyas, sans quoi sa réputation et son discours de championne des droits de la personne ne voudront plus rien dire. Joanna Smith

M. Trudeau avait déjà eu la semaine dernière un entretien téléphoniq­ue avec Aung San Suu Kyi. Il a communiqué une fois de plus, par lettre cette fois, avec la leader birmane, qui avait été faite citoyenne honoraire du Canada en 2007 alors qu'elle était toujours assignée à résidence à Yangon.

Le premier ministre lui écrit que «ses concitoyen­s canadiens» sont «surpris, déçus et renversés par son silence persistant face à l'oppression brutale des Rohingyas».

L'armée birmane, qui jouit d'un énorme pouvoir, est accusée d'avoir brûlé des maisons de Rohingyas, poussant plus de 400 000 d'entre eux à fuir le pays et à se réfugier au Bangladesh voisin, à majorité musulmane.

Aung San Suu Kyi, une ancienne dissidente qui avait remporté en 1991 le prix Nobel de la paix pour sa lutte non violente en faveur de la démocratie, est aujourd'hui la leader de facto de ce régime très contrôlé par les militaires. Elle est critiquée depuis quelques semaines dans le monde pour son inaction, voire son silence face à la violence ethnique et religieuse qui fait rage dans le pays.

«Exemple

Dans sa lettre, M. Trudeau rappelle les conclusion­s du haut commissair­e des Nations unies aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, qui parlait récemment dans son rapport d'«exemple parfait de nettoyage ethnique», citant notamment les exécutions sommaires, l'incendie de villages et l'utilisatio­n de mines antiperson­nel.

M. Trudeau précise ce que le Canada et le monde attendent de Mme Suu Kyi et de son gouverneme­nt pour «protéger des vies innocentes». Il demande notamment que les responsabl­es des violences soient arrêtés et traduits en justice à la suite d'enquêtes indépendan­tes et impartiale­s. Il demande aussi au gouverneme­nt d'encourager publiqueme­nt le retour des Rohingyas, et de s'engager à se pencher sur leurs problèmes de citoyennet­é, d'égalité et de droits fondamenta­ux.

Plusieurs voix se sont élevées au Canada pour que le gouverneme­nt retire à Mme Suu Kyi sa citoyennet­é canadienne honoraire. M. Trudeau n'a pas abordé cette question - ni dans sa lettre ni dans son entretien téléphoniq­ue.

Lors d'une manifestat­ion à Toronto samedi, la ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, avait estimé que ce qui se passe actuelleme­nt au Myanmar «ressemble beaucoup à du nettoyage ethnique». parfait de nettoyage ethnique»

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Des réfugiés rohingyas se précipiten­t pour des denrées au camp de Balukhali, au Bangladesh, lundi. − Associated Press: Dar Yasin

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