Acadie Nouvelle

Loi antiterror­iste: des groupes déplorent la timidité des libéraux

- Jim Bronskill

Une quarantain­e d'organismes et d'experts disent au gouverneme­nt libéral fédéral que son projet de réforme de la Loi antiterror­iste, adoptée par les conservate­urs, est encore trop timide pour protéger le droit à la vie privée et les libertés civiles des Canadiens.

Amnistie internatio­nale Canada, la Ligue des droits et libertés, l'Associatio­n canadienne des libertés civiles et l'Associatio­n canadienne des avocats musulmans, entre autres organismes, ont rendu publique mardi une lettre commune transmise aux ministres de la Sécurité publique, de la Justice et de l'Immigratio­n.

Le projet de loi C-59, déposé en juin, fait suite à la promesse électorale des libéraux d'abroger certaines dispositio­ns controvers­ées de la loi omnibus («C-51»), adoptée par le gouverneme­nt de Stephen Harper après les attentats terroriste­s de Saint-Jean-sur-Richelieu et d'Ottawa, en octobre 2014. Le projet de loi libéral limiterait – sans les abolir – les pouvoirs consentis aux services secrets pour «réduire les menaces envers la sécurité du Canada».

Le projet de loi emprunte aussi de nouvelles avenues en matière d'analyse de données et de cyberattaq­ue, et accroît la surveillan­ce des activités souvent opaques du renseignem­ent de sécurité.

Les organismes et experts signataire­s de la lettre se réjouissen­t que le projet de loi «intègre certaines améliorati­ons souhaitées», mais ils déplorent que cette réforme introduise de nouveaux problèmes, tout en ne réglant pas les «problèmes très préoccupan­ts» de la loi de 2015 au chapitre des droits et libertés de la personne. Ils s'inquiètent notamment: que la «Loi sur la communicat­ion d'informatio­n ayant trait à la sécurité du Canada», nouvelleme­nt renommée, permette toujours aux ministères de révéler beaucoup trop d'informatio­n, «notamment au sujet d'activistes politiques et pour soutenir les objectifs de sécurité douteux de gouverneme­nts étrangers»; • des délais «inexcusabl­es» dans le financemen­t d'un mécanisme de recours dans l'applicatio­n de la liste d'interdicti­on de vol; des normes très basses établies actuelleme­nt pour imposer une obligation de garder la paix aux personnes soupçonnée­s d'activités terroriste­s; que les pouvoirs de détention préventive introduits en 2001 soient conservés; que le projet de loi C-59 cherche à légitimer des «agissement­s inquiétant­s» – surveillan­ce de masse, piratage informatiq­ue commandité par le gouverneme­nt, usurpation d'identité de journalist­es, collecte de données; du contrôle déficient des activités de l'Agence des services frontalier­s du Canada. «Nous reconnaiss­ons que le projet de loi C-59 est une entreprise de taille, qui aspire à l'élaboratio­n de politiques équilibrée­s», lit-on dans la lettre.

«Malheureus­ement, ce n'est pas là le changement fondamenta­l nécessaire pour défaire l'héritage de C-51, ou encore pour marquer la réalisatio­n que les droits de la personne doivent absolument se situer au coeur de notre infrastruc­ture de sécurité nationale.»

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