Shediac: appui à un Tunisien qui réclame le statut de réfugié
Une manifestation en solidarité à Mohamed Amine Maazaoui s’est déroulée à Shediac, jeudi matin. L’homme d’origine tunisienne se terre dans une église de la municipalité depuis 2015, pour éviter d’être expulsé du pays. Il plaide la persécution religieuse et clame le statut de réfugié auprès du gouvernement canadien.
Une soixantaine de personnes ont défilé le long de la rue Main en arborant des affiches
et pour se rendre aux bureaux de circonscription du député de Beauséjour, Dominic LeBlanc.
La marche a été reportée à trois reprises sous promesse que le dossier de M. Maazaoui serait révisé. Les organisateurs dénoncent l’inaction du gouvernement.
Mohamed Amine Maazaoui ne croit pas pouvoir demeurer enfermé entre quatre murs très longtemps encore sans craquer.
À 18 ans, il a renoncé à l’islam pour se convertir au christianisme. Il dit avoir vécu l’enfer depuis. Les membres de sa famille lui ont renié son choix, puis les gens du quartier se sont mis à le rouer de coups lorsqu’ils le voyaient dans les rues de sa ville.
Les policiers étaient même de mèche avec ses tortionnaires, affirme-t-il, et refusaient d’intervenir.
«J’ai craint pour ma vie, là-bas, et j’ai peur de ce qui pourrait m’arriver si j’y retourne. C’est une chose d’être chrétien, mais c’en est une autre de l’être devenu après avoir tourné le dos à l’islam pour aller vers le christianisme.»
M. Maazaoui a immigré au Canada en 2011, faisant demande de résidence permanente pour des raisons humanitaires. Ses papiers d’immigration ont expiré deux ans plus tard, avant que sa demande ne soit révisée par des agents d’immigration.
Mohamed Amine Maazaoui a alors fait le choix délibéré d’enfreindre la loi canadienne en demeurant au Nouveau-Brunswick. Les membres de l’église communautaire de Shediac l’ont accueilli à bras ouverts, puis lui ont aménagé une chambre de fortune.
Cela fera bientôt trois ans qu’il n’a pas quitté le terrain de l’église. Il peine à retenir ses émotions en se remémorant toute l’aide qu’il a reçue de la population jusqu’à présent.
«C’est ça, la charité canadienne. Ces gens, je leur dois tellement. Ils m’ont accueilli chez eux, ils me nourrissent, je suis tellement touché de leurs actions. Et aujourd’hui, ils se sont rassemblés en mon nom. Je n’ai pas de mot... juste de la reconnaissance.»
L’homme âgé de 33 ans espère que le ministre de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Ahmed Hussen, soit favorable à sa cause.
Mohamed Amine Maazaoui s’est fait une place dans le coeur des paroissiens depuis son arrivée, relate Terry Bentley, organisateur de la marche. L’homme grisonnant siégeait au conseil d’administration de l’église lorsqu’est venu le temps de prendre la décision d’abriter ou non le réfugié.
«Amine est un frère. Il fait tant pour nous. Il possède une lumière incroyable. Nous l’adorons et souhaitons qu’il demeure avec nous.»
L’homme de foi se dit ouvert à l’immigration de masse vers le Canada, «peu importe leurs religions», mais croit que des vérifications doivent être faites auprès des nouveaux arrivants.
Dans le cas de M. Maazaoui, Terry Bentley estime qu’il n’a plus à faire ses preuves.
«Nous savons qu’Amine n’est pas une cellule dormante pour l’État islamique et qu’il n’est d’aucun danger pour le Canada. Nous avons prié ensemble. Nous avons partagé des joies et des tristesses ensemble. C’est un homme honnête qui mérite sa place parmi nous.»
L’Acadie Nouvelle a sollicité une réaction du député de Beauséjour et ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne, Dominic LeBlanc, mais personne n’a donné suite à notre demande.
Nous nous sommes tournés vers le ministère de l’Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté afin de savoir combien de demandes de réfugiés pour persécution religieuse ont été acceptées au Canada depuis 2010, mais cette information n’est pas comptabilisée.
Un porte-parole s’est dit incapable de confirmer ni infirmer la version des faits de
Un membre de la communauté tunisienne du Grand Moncton dénonce les propos de Mohamed Amine Maazaoui à l’endroit de son pays d’origine. Le jeune étudiant, qui a demandé l’anonymat par peur de représailles de membres influents, s’indigne que son pays soit sali par «de tels mensonges».
«Je ne connais pas les détails de la vie de M. Maazaoui, mais je sais comment mes compatriotes tunisiens fraudent l’immigration. Pas seulement au Canada, mais ça se passe en Europe aussi.»
Mehdi (un pseudonyme) décrit le prétexte de la persécution religieuse comme d’un stratagème bien huilé en Tunisie, communément