Acadie Nouvelle

Jagmeet Singh sera-t-il chef du NPD?

Les chiffres suggèrent qu’un seul des quatre candidats en lice pour la direction du NPD pourrait remporter l’élection après le premier tour de scrutin.

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On attribue à la campagne de Jagmeet Singh le recrutemen­t de 47 000 des 124 000 membres qui auront droit de vote dans l’élection pour le prochain chef du parti.

Si la majorité de ces votants y participen­t, on couronnera peut-être le vainqueur le 1er octobre, soit après le tout premier tour de scrutin.

Bien que ce soit un défi organisati­onnel, il devrait être plus facile pour Singh que pour ses rivaux, sur le plan logistique, de recueillir des votes.

Pourquoi? Son appui est plus fortement concentré que celui de Charlie Angus, de Niki Ashton ou de Guy Caron.

C’est plus facile de communique­r avec de grands groupes dans la région du Grand Toronto et dans la région du Vancouver que d’atteindre de nombreuses petites régions un peu partout dans le pays.

La base politique de Singh présente aussi un deuxième avantage: comparativ­ement à celles de ses trois rivaux, la sienne se situe dans le milieu urbain le plus peuplé au Canada.

La circonscri­ption d’Angus se trouve dans le nord de l’Ontario tandis que le siège d’Ashton se situe dans le nord du Manitoba. Celui de Caron se trouve dans la région de Rimouski.

Selon la formule néo-démocrate d’un membre, un vote, l’avantage d’être connu d’un grand groupe de partisans potentiels est particuliè­rement précieux.

Certains néo-démocrates – surtout ceux au Québec – regrettent le fait que le vote ne soit pas pondéré pour refléter les segments démographi­ques du pays.

Le NPD n’aura peut-être pas de fortes chances d’accéder au pouvoir au Parlement à moins qu’il gagne des sièges au Québec. Mais n’importe qui peut devenir chef d’un parti sans avoir eu un grand succès dans une province où les membres sont peu nombreux.

Parmi les trois partis principaux, c’est une réalité unique au NPD.

Sous la direction de Thomas Mulcair, le NPD avait quatre ans pour modifier son système de vote pour les élections à la direction pour qu’il reflète mieux la réalité électorale du Canada. Il n’a pas réussi.

Le chef sortant ne s’attendait probableme­nt pas à ce que la question de la chefferie refasse déjà surface.

Quoi qu’il en soit, le NPD n’a pas donné une voix au Québec dans les affaires du parti en proportion de son poids démographi­que ou de l’influence de son caucus; cela pourrait contribuer à la notion que la présence du parti dans cette province n’est qu’un petit détail, une prédiction autoréalis­atrice.

Cela étant dit, on ne peut pas dire que Singh aura un avantage dans l’élection simplement parce qu’il a recruté plus de membres que ses rivaux. Si c’était le cas, Singh serait le Kevin O’Leary du NPD – un bel objet brillant d’une valeur commercial­e douteuse.

La campagne impeccable de Singh est tout ce que celle de O’Leary n’était pas. Maintenant qu’on atteint la dernière phase de la campagne néo-démocrate, certains observateu­rs signalent que Singh n’a pas de siège à la Chambre des communes.

C’est une affirmatio­n juste, mais personne n’avance qu’il est moins prêt pour un poste de direction fédérale que les trois autres députés dans la course.

S’il existe un chemin vers la victoire pour les autres candidats, il passe par le deuxième tour de scrutin. Maxime Bernier, le préféré pour gagner la course à la direction du Parti conservate­ur, n’a-t-il pas récemment perdu contre Andrew Scheer au cours de multiples tours de scrutin?

Mais il y a évidemment des limites aux parallèles entre les dynamiques du Parti conservate­ur et du NPD.

Bernier a remporté le jeu dans les airs, mais il a négligé le jeu au sol – une erreur à laquelle personne ne peut s’attendre de Singh.

De plus, le député de Beauce a basé sa campagne sur des politiques qui ont limité sa capacité à recueillir des votes après chaque tour de scrutin (ou d’assurer l’appui du caucus). Personne ne décrirait la plateforme de Singh comme polarisant­e. Ce ne sont pas les politiques de Singh qui préoccupen­t certains cercles néodémocra­tes, mais plutôt la notion de faire campagne sous un chef sikh portant un turban.

Par le passé, le fait d’avoir la chance d’accéder au pouvoir importait moins à la base néo-démocrate qu’aux équivalent­s libéraux et conservate­urs. Mais c’était avant les époques de Layton et de Mulcair et avant les deux victoires de suite du NPD en Alberta et en Colombie-Britanniqu­e.

Dimanche, à Hamilton, lors de la dernière présentati­on des candidats, tous les concurrent­s ont démontré des forces que les néo-démocrates ont tendance à privilégie­r. Mais Singh semblait réussir le mieux à faire rêver les membres du parti à un avenir électoral plus brillant.

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Nathan Cullen et Jagmeet Singh, mercredi, à Ottawa. - La Presse canadienne: Sean Kilpatrick
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