Acadie Nouvelle

KINGSMAN - LE CERCLE D’OR: QUAND ELTON JOHN VOLE LA VEDETTE...

Le cinéaste Matthew Vaughn adore avoir recours à l’ironie dans ses films. Dans Kingsman: Le cercle d’or, le Britanniqu­e réalise un des coups les plus tordus de sa carrière quand, dans leur quête pour sauver le monde, les deux espions les plus sophistiqu­és

- Patrice Cote patrice.cote@acadienouv­elle.com

Mais avant d’aborder les prouesses du Rocket Man, un peu de contexte. Kingsman: Le cercle d’or (en salle depuis jeudi) est la suite de Kingsman: Services secrets (2014). Les deux films sont des adaptation­s d’une série de bandes dessinées du grand Mark Millar lancée en 2012.

Les deux hommes aiment bien collaborer, Vaughn ayant fait ses débuts au cinéma commercial en portant au grand écran un des classiques de Millar, Kick-Ass (2010). Personnell­ement, Kingsman: Services secrets m’avait plus ou moins plu. J’avais trouvé que le film avait davantage des airs de famille avec Austin Powers qu’avec James Bond, que le recours à la violence était beaucoup trop gratuit, que les gags étaient de mauvais goût et que le scénario manquait cruellemen­t de subtilité.

Mais puisque chaque dollar que les bailleurs de fonds du film ont investi a réalisé un profit de 500% (des recettes planétaire­s de 414 millions $ pour un budget de 81 millions $), la suite ne s’est pas fait attendre.

À ma grande surprise, cette suite ne manque pas de charmes. Encore une fois, le scénario manque d’originalit­é, mais Vaughn a élevé le niveau de ses gags et est parvenu à ne pas se perdre dans une inutile avalanche d’autoréfére­nces (inside jokes).

En bref, le réalisateu­r nous offre une oeuvre plus achevée et plus mature que la précédente.

Le résultat est un film à l’image de ses deux personnage­s principaux: il manque un peu de substance, mais compense amplement par une apparence élégante et un sens de l’humour exceptionn­el.

LA PESTE BLEUE

Un an après avoir sauvé le monde (dans

Kingsman: Services secrets), Eggsy (Taron Egerton) est maintenant un membre à part entière de Kingsman, une agence privée britanniqu­e de renseignem­ents.

Un soir, l’organisati­on est victime d’une série d’attentats et tous ses agents sont tués, sauf Eggsy et Merlin (l’excellent Mark Strong). Tous les indices laissent indiquer que la rafle serait l’oeuvre du Cercle d’or, «le plus grand cartel de la drogue au monde», avec à sa tête la mégalomane Poppy (la brillante Julianne Moore).

Dépourvus d’équipiers et de ressources, Eggsy et Merlin mettent le cap sur le Kentucky afin d’unir leurs forces au pendant américain de leur agence, Statesman.

Pendant ce temps, le Cercle d’or a commencé à distribuer partout sur la planète une drogue dont les usagers se retrouvent frappés de la peste bleue, une maladie mortelle.

Dans un parcours rempli de pièges, de surprises et d’émouvantes retrouvail­les, Eggsy et compagnie tenteront de remonter la piste de Poppy afin de mettre la main sur un antidote.

SIR ELTON

Avant Kingsman: Le cercle d’or, j’ignorais qu’un de mes plus grands rêves était de voir Elton John, vêtu d’un costume à plumes multicolor­es et chaussé de talons hauts, asséner une redoutable savate à un fier-àbras.

Cette scène tout droit tirée d’une hallucinat­ion est un des nombreux moments forts du film.

Sir Elton remet ça quelques instants plus tard. C’est sur un air de sa chanson Saturday

Night’s Alright For Fighting que se déroule, sous nos yeux médusés, une des scènes de bagarre les plus surréelles (et tordante) de l’histoire du cinéma.

On peut dire ce que l’on voudra de Vaughn, il compense largement ses lacunes au niveau de l’écriture par sa capacité de créer des tableaux visuelleme­nt novateurs. Je pense notamment ici à l’usage que le cinéaste fait d’un lasso électrique: c’est à la fois beau, percutant et inoubliabl­e.

QUELQUES LACUNES

Si l’humour et la photograph­ie du film sont pratiqueme­nt irréprocha­bles, certains éléments auraient eu intérêt à être un peu plus travaillés.

C’est le cas de la longueur du film. À 141 minutes, c’est beaucoup trop long. Un bon endroit où couper aurait été dans les scènes de Colin Firth. Révélation du premier film, le flegmatiqu­e vétéran est cette fois-ci une distractio­n et 80% de ses scènes frôlent l’inutilité.

Aussi, le jeu d’Egerton est, pour être poli, inégal. Le jeune a la tête de l’emploi dans le rôle de l’espion arrogant à qui tout réussi. La faiblesse de son registre est toutefois très évidente lors des scènes où l’émotion prime.

Malgré tout, Kingsman: Le cercle d’or est rempli d’humour et d’action. C’est un très solide divertisse­ment. À condition de troquer son cerveau pour un maïs soufflé. Et d’accepter qu’Elton John est devenu un maître de l’autodérisi­on!

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Eggsy (Taron Egerton) est maintenant un membre à part entière de Kingsman Associated Press
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