Acadie Nouvelle

Un second souffle pour le Jardin Héritage d’Eel River Bar

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La Première Nation autochtone d’Eel River Bar veut s’imposer comme un joueur clé de l’industrie touristiqu­e au Restigouch­e.

Pour ce faire, celle-ci travaille à ressuscite­r son Jardin Héritage, ce que plusieurs considère comme un véritable joyau pour le Restigouch­e-Est.

Initié à la fin des années 1990, ce projet, financé à coût de plusieurs millions de dollars, n’est jamais réellement devenu que l’ombre de ce qu’il devait être, soit une attraction touristiqu­e majeure pour le Restigouch­e-Est ainsi qu’un haut lieu spirituel et culturel pour la Première Nation.

Les attentes étaient grandes. On voulait, entre autres, en faire une sorte de centre d’interpréta­tion en misant fortement sur les plantes médicinale­s. Le projet avait même été endossé par le réputé institut américain Smithsonia­n.

Dépenses incontrôla­bles… Nombreux délais… Entreprene­urs impayés… Les problèmes se sont accumulés à un rythme tel que les bailleurs de fonds (gouverneme­nts) ont préféré couper les vivres au projet, le laissant inachevé.

Depuis, l’endroit sert pour quelques activités – tel le Pow Wow d’Eel River Bar –, mais bien en deçà de ses capacités.

Le sort du jardin pourrait toutefois prendre une nouvelle tournure alors qu’on discute de son avenir.

«Nous n’avons pas encore de plans et de concepts définis quant à ce que nous souhaitons exactement pour le Jardin Héritage, mais c’est certain par contre que nous voulons toujours le développer davantage», exprime Sacha Labillois, membre du conseil de bande et du comité de développem­ent économique d’Eel River Bar.

Afin de l’aider dans sa démarche, la Première Nation s’est adjoint les services d’un consultant en développem­ent économique, Richard Lang. Il a notamment travaillé au projet Grey Rock de la Première Nation malécite de Madawaska, projet perçu jusqu’ici comme une réussite.

Au cours des derniers mois, le conseil d’Eel River Bar lui a donné plusieurs mandats dont celui de réviser de fonds en comble l’ancien projet du Jardin Héritage et de le mettre au goût du jour.

«On ne veut pas perdre un joyau aussi important pour la communauté et la région. Les gens à l’époque avaient une vision et elle est toujours d’actualité. Il faut simplement la remettre à jour, voir ce qui est fait et ce qui reste à faire, ce que l’on veut conserver et ce que nous devons ajuster à la réalité d’aujourd’hui», exprime le consultant.

Au cours des mois à venir, la communauté d’Eel River Bar doit ainsi s’attendre à recevoir des invitation­s afin de s’exprimer sur l’avenir du Jardin Héritage. L’invitation pourrait même s’exporter aux autres communauté­s de la région.

Cette fois par contre, la patience est de mise. La Première Nation est plus prudente. Elle prend son temps afin de bien faire les choses de sorte à ne pas répéter le fiasco de la première tentative. «L’important c’est de ne pas brusquer les choses. C’est un projet qui va se construire petit à petit, une étape à la fois. La première chose à faire, c’est de mettre sur pied un plan d’affaires solide, un plan qui reflète l’idéologie et les valeurs de la communauté, car en fin de compte, c’est son projet», estime M. Lang.

Pour le consultant, la culture autochtone est très prisée des touristes, un point qui joue en faveur du projet.

«Ils sont nombreux à vouloir vivre des expérience­s authentiqu­es, comme séjourner dans un wigwam ou manger des mets typiques», dit-il.

Mme Labillois estime par ailleurs que le Jardin Héritage doit devenir plus qu’une attraction touristiqu­e.

«Le tourisme à lui seul, c’est trop volatile. Pour que l’endroit devienne autosuffis­ant, on devra probableme­nt y rattacher la vente de produits et services. Lesquels? C’est que nous devrons déterminer», précise-t-elle, non sans lancer quelques pistes au passage.

«Est-ce qu’on pourrait y prodiguer des services de spas santé mettant en valeur des produits et des méthodes ancestrale­s? Louer l’endroit comme centre de convention? Avoir des boutiques de plantes médicinale­s et autres produits locaux? On en est toujours au stade de ressortir des idées. Mais l’objectif est clair, faire de cet endroit un élément clé du développem­ent économique de notre communauté, et même de la région entière», ajoute-t-elle.

L’un des principaux problèmes liés au développem­ent du Jardin Héritage en ce moment, c’est l’absence d’un système d’aqueduc et d’égouts. Certes, on retrouve un puits sur place pour l’alimentati­on en eau, mais il n’est pas suffisant pour approvisio­nner les foules et la pression est trop faible en cas d’incendie.

«Actuelleme­nt, le fait de ne pas avoir l’eau et les égouts nous empêchent de tenir de grands événements. On ne peut donc penser au développem­ent sans régler d’abord ces questions», confirme Mme Labillois.

C’est là que les municipali­tés voisines pourraient intervenir. À Eel River Crossing, on se dit prêt à étudier la possibilit­é de prolonger le système d’eau potable jusqu’au jardin. Le service des égouts, pour sa part, pourrait être relégué à Charlo.

L’intérêt de la Première Nation d’Eel River Bar à relancer la portion touristiqu­e de son Jardin Héritage est non seulement bien perçu par les communauté­s environnan­tes, mais elle est fortement encouragée. C’est qu’on voit dans ce projet l’attraction touristiqu­e majeure qui manque désespérém­ent au Restigouch­e-Est.

«Ça nous prend quelque chose du genre dans le coin. C’est ce dont nous avons besoin», avoue le maire d’Eel River Crossing, Denis Savoie.

M. Savoie estime que ce projet constitue un outil de développem­ent économique important pour la région. Lui et ses pairs n’ont d’ailleurs pas hésité à le faire savoir au premier ministre du Nouveau-Brunswick, Brian Gallant, lors de son passage dans la région jeudi.

«Ça a le potentiel de devenir un attrait majeur et qui sait ce qui peut se greffer autour par la suite. La relance de ce projet serait bonne pour l’économie de tout le Restigouch­e-Est», croit-il.

 ??  ?? La pièce maîtresse du Jardin Héritage de la Première Nation autochtone d’Eel River Bar. - Acadie Nouvelles: Jean-François Boisvert
La pièce maîtresse du Jardin Héritage de la Première Nation autochtone d’Eel River Bar. - Acadie Nouvelles: Jean-François Boisvert
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