Acadie Nouvelle

Banque de l’infrastruc­ture: un système trop opaque

- Lia Lévesque

Une étude réalisée pour le compte du Columbia Institute s'inquiète du manque d'accès à l'informatio­n qui entourera la future Banque de l'infrastruc­ture du Canada et recommande plus d'ouverture à ce chapitre. Le gouverneme­nt fédéral a adopté, en juin, une loi créant cette Banque, qui disposera de 35 milliards $ pour investir dans différents projets d'infrastruc­tures, dans le but aussi d'attirer des investisse­urs privés.

«La Banque fait partie de notre vaste plan sur les infrastruc­tures pour soutenir les municipali­tés et les provinces qui attendent depuis une décennie», a déjà expliqué le ministre responsabl­e du dossier, Amarjeet Sohi.

«D'ici la fin de l'année, notre but est que la Banque soit pleinement opérationn­elle et qu'elle commence à évaluer les projets qui lui seraient soumis», avait affirmé à la fin de juin le ministre Sohi.

Or, les projets dans lesquels investira la future BIC ne seront pas soumis aux mêmes règles que les ministères ou organismes publics en matière d'accès à l'informatio­n, bien que la Banque investisse des fonds publics, s'inquiète le Syndicat canadien de la fonction publique.

Le SCFP a donc commandé une étude au Columbia Institute sur cette question du droit du public à l'informatio­n dans cette future Banque de l'infrastruc­ture du Canada.

«Le budget de 35 milliards $ que le gouverneme­nt fédéral a consacré à la création de la Banque de l'infrastruc­ture du Canada va porter atteinte à la transparen­ce des activités du gouverneme­nt canadien», conclut l'auteur de l'étude pour le Columbia Institute, l'analyste politique Keith Reynolds.

«La BIC va accroître la part de l'infrastruc­ture et des services publics fournis par le privé, tout en élargissan­t les restrictio­ns imposées à l'accès à l'informatio­n», ajoute le chercheur Reynolds.

Il recommande notamment que «les entités privées qui fournissen­t des fonctions ou des services publics substantie­ls, ou qui reçoivent d'importante­s subvention­s de l'État pour fournir des fonctions ou des services publics, (soient) assujettie­s aux lois sur l'accès à l'informatio­n».

Au cours d'une entrevue avec La Presse canadienne, Mathieu Vick, conseiller syndical à la recherche au SCFPQuébec, a expliqué l'importance de cette divulgatio­n de renseignem­ents pour le public.

«Pour la réalisatio­n de grandes infrastruc­tures publiques au Canada et au Québec, le gouverneme­nt verse de plus en plus de fonds publics à des projets soit sous forme de PPP (partenaria­t public-privé), soit à des projets carrément privés», note M. Vick.

«On va souvent promouvoir des projets en partenaria­t public-privé ou privés en parlant d'arguments d'efficacité et d'économies, mais souvent, le public n'a pas accès aux documents qui démontrera­ient que c'est justement le cas», a-t-il ajouté.

Le Columbia Institute est un organe de réflexion et de recherche qui s'intéresse aux questions de finances publiques, de gouvernanc­e, de démocratie, de développem­ent durable et d'investisse­ment responsabl­e.

Le Syndicat canadien de la fonction publique compte 650 000 membres dans le transport en commun, l'hydroélect­ricité, les services publics et parapublic­s, les municipali­tés, les université­s, la santé et les services sociaux, les médias et la câblodistr­ibution, notamment.

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