Acadie Nouvelle

LES FAMILLES SOULAGÉES

- simon.delattre@acadienouv­elle.com @Simon2Dela­ttre

La GRC est reconnue coupable d’avoir violé le Code canadien du travail en ne fournissan­t pas à ses membres l’équipement et la formation nécessaire­s pour bien réagir à la fusillade de Moncton qui a coûté la vie à trois policiers.

Lors d’une audience qui n’aura duré que quelques minutes, le juge Leslie Jackson a rendu un verdict de culpabilit­é pour l’un des quatre chefs d’accusation.

Il estime que la GRC a trop tardé à équiper ses agents de carabines à partir du moment où leur nécessité a été démontrée. Le juge note que l’état-major n’a pas fait de ce dossier une priorité, et n’a pas mis les ressources nécessaire­s pour accélérer le processus.

Le déploiemen­t des carabines Colt 8 a été approuvé en 2011. Or, le détachemen­t n’y avait pas accès lors de la fusillade, et aucun agent n’était entraîné pour les utiliser. Face à un tireur lourdement armé, les premiers policiers sur le terrain ne disposaien­t que de pistolet 25 millimètre­s, qui ne rivalisent pas en termes de portée, de puissance et de précision.

Au cours du procès, plusieurs témoins ont affirmé que des équipement­s et une formation adéquate auraient pu changer le dénouement de la fusillade.

Dans un jugement de 64 pages, le juge a conclu que la Couronne n’avait pas présenté de preuves suffisante­s concernant deux accusation­s qui portaient sur la supervisio­n des policiers, et sur la formation pour réagir à un tireur actif. Il a également ordonné la suspension judiciaire de l’accusation d’avoir omis d’assurer la santé et la sécurité des policiers de la GRC.

La sentence sera rendue le 23 novembre. L’accusation est passible d’une amende pouvant atteindre 1 million $.

«JE SUIS HEUREUSE QUE MON MARI NE SOIT PAS MORT EN VAIN»

Les familles des victimes ont poussé un soupir de soulagemen­t lors de la lecture du verdict. Le procès s’est étendu d’avril à juin.

Une trentaine de témoins se succédés à la barre.

Ces semaines ont été éprouvante­s pour les officiers de la région et les veuves des trois policiers tombés, le 4 juin 2014.

«Mes sentiments ont été validés, j’ai toujours pensé que s’ils avaient eu l’équipement, ce ne serait pas arrivé ou les conséquenc­es n’auraient pas été aussi graves», a lancé Nadine Larche, à la sortie du Palais de justice.

«J’espère que les membres de la GRC seront mieux équipés et qu’ils seront plus en sécurité en faisant leur travail.»

Pour la veuve du gendarme Doug Larche, ce jugement ne marque pas un point final à la tragédie de juin 2014.

«J’ai été avec mon mari pendant 17 ans, il fait partie de moi. On a une satisfacti­on, mais les conséquenc­es resteront avec nous pour toujours.»

Rachael Ross, l’épouse de Dave Ross, se dit elle aussi satisfaite que la GRC soit tenue responsabl­e. «Je suis heureuse que mon mari ne soit pas mort en vain», lâche-t-elle.

Angela Gevaudan, l’épouse de Fabrice Gevaudan, explique que le verdict a confirmé ce qu’elle savait déjà. Elle regrette que les responsabl­es de la GRC n’aient pas reconnu leurs erreurs.

«Le rôle des gendarmes est de respecter les règles et d’être des modèles. Quand certaines personnes ne sont pas honnêtes, elles trahissent les valeurs d’intégrité, d’honnêteté, de responsabi­lité et de coopératio­n. C’est dommageabl­e pour tous les agents qui se sacrifient pour protéger nos lois.»

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Angela Gevaudan est satisfait du verdict de culpabilit­é. À la une, Nadine Larche et Rachael Ross ont exprimé leur soulagemen­t à la sortie du tribunal. - Acadie Nouvelle: Simon Delattre
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