LES FAMILLES SOULAGÉES
La GRC est reconnue coupable d’avoir violé le Code canadien du travail en ne fournissant pas à ses membres l’équipement et la formation nécessaires pour bien réagir à la fusillade de Moncton qui a coûté la vie à trois policiers.
Lors d’une audience qui n’aura duré que quelques minutes, le juge Leslie Jackson a rendu un verdict de culpabilité pour l’un des quatre chefs d’accusation.
Il estime que la GRC a trop tardé à équiper ses agents de carabines à partir du moment où leur nécessité a été démontrée. Le juge note que l’état-major n’a pas fait de ce dossier une priorité, et n’a pas mis les ressources nécessaires pour accélérer le processus.
Le déploiement des carabines Colt 8 a été approuvé en 2011. Or, le détachement n’y avait pas accès lors de la fusillade, et aucun agent n’était entraîné pour les utiliser. Face à un tireur lourdement armé, les premiers policiers sur le terrain ne disposaient que de pistolet 25 millimètres, qui ne rivalisent pas en termes de portée, de puissance et de précision.
Au cours du procès, plusieurs témoins ont affirmé que des équipements et une formation adéquate auraient pu changer le dénouement de la fusillade.
Dans un jugement de 64 pages, le juge a conclu que la Couronne n’avait pas présenté de preuves suffisantes concernant deux accusations qui portaient sur la supervision des policiers, et sur la formation pour réagir à un tireur actif. Il a également ordonné la suspension judiciaire de l’accusation d’avoir omis d’assurer la santé et la sécurité des policiers de la GRC.
La sentence sera rendue le 23 novembre. L’accusation est passible d’une amende pouvant atteindre 1 million $.
«JE SUIS HEUREUSE QUE MON MARI NE SOIT PAS MORT EN VAIN»
Les familles des victimes ont poussé un soupir de soulagement lors de la lecture du verdict. Le procès s’est étendu d’avril à juin.
Une trentaine de témoins se succédés à la barre.
Ces semaines ont été éprouvantes pour les officiers de la région et les veuves des trois policiers tombés, le 4 juin 2014.
«Mes sentiments ont été validés, j’ai toujours pensé que s’ils avaient eu l’équipement, ce ne serait pas arrivé ou les conséquences n’auraient pas été aussi graves», a lancé Nadine Larche, à la sortie du Palais de justice.
«J’espère que les membres de la GRC seront mieux équipés et qu’ils seront plus en sécurité en faisant leur travail.»
Pour la veuve du gendarme Doug Larche, ce jugement ne marque pas un point final à la tragédie de juin 2014.
«J’ai été avec mon mari pendant 17 ans, il fait partie de moi. On a une satisfaction, mais les conséquences resteront avec nous pour toujours.»
Rachael Ross, l’épouse de Dave Ross, se dit elle aussi satisfaite que la GRC soit tenue responsable. «Je suis heureuse que mon mari ne soit pas mort en vain», lâche-t-elle.
Angela Gevaudan, l’épouse de Fabrice Gevaudan, explique que le verdict a confirmé ce qu’elle savait déjà. Elle regrette que les responsables de la GRC n’aient pas reconnu leurs erreurs.
«Le rôle des gendarmes est de respecter les règles et d’être des modèles. Quand certaines personnes ne sont pas honnêtes, elles trahissent les valeurs d’intégrité, d’honnêteté, de responsabilité et de coopération. C’est dommageable pour tous les agents qui se sacrifient pour protéger nos lois.»