Acadie Nouvelle

ÉPIDÉMIE DE CHATS ERRANTS DANS LA PÉNINSULE ACADIENNE

- vincent.pichard@acadienouv­elle.com

Les chats errants pullulent dans la Péninsule acadienne. Des particulie­rs tentent de leur venir en aide, mais cela ne suffit pas. Tandis que le refuge SPCA, à Shippagan, déborde d’animaux à adopter, des vétérinair­es se mobilisent.

Julie Savoie, de Lamèque, a toujours aimé les chats.

«Ils sont mystérieux, indépendan­ts, et dans le même temps tellement affectueux.»

Présenteme­nt, elle en a une cinquantai­ne chez elle. Oui, une cinquantai­ne! Des gris, des noirs, des adultes, des chatons de quelques jours…

Son garage est devenu une caisse à résonance de miaulement­s. Les cages s’entassent dans cet abri où son mari avait l’habitude de stationner sa voiture et de bricoler.

«Maintenant, son auto reste dehors et on a rangé ses outils dans un coin», s’amuse-t-elle.

Qu’on ne s’y trompe pas, Julie Savoie ne collection­ne pas les félins par plaisir. C’est sa manière à elle de sauver les chats errants et de remédier au problème de surpopulat­ion de chats dans la Péninsule acadienne.

La jeune femme ne travaille pas présenteme­nt, elle peut s’impliquer pleinement dans cette activité qu’elle a entreprise de son plein gré et qu’elle poursuit bénévoleme­nt.

«J’ai lancé une page Facebook (Kittens/ Cats Lady PA, NDLR). Je peux continuer grâce à la générosité des gens qui me donnent de la nourriture, des lingettes, des sacs de litière ou de l’argent. C’est grâce à ça que j’ai pu acheter les cages.»

Tous les jours, elle part en vadrouille dans le Nord-Est, repère des chats, les attrape et les ramène chez elle où elle en prend soin. Son initiative est de plus en plus connue. Des gens la contactent pour lui dire où se rendre.

«J’en trouve dans des fossés, dans les boisés ou près des abris», détaille-t-elle.

On lui en apporte aussi. En parallèle, Julie Savoie donne ces chats aux personnes et familles en recherche d’un animal de compagnie.

«Je me suis arrangée avec l’hôpital vétérinair­e de la Péninsule, à Tracadie. Ils se chargent d’opérer les adultes. Les chats sont stérilisés quand quelqu’un en prend un.»

D’autres actions ont été mises en place avant celle de la résidante de Lamèque. L’an passé, une femme s’était mise à nourrir les chats errants regroupés au chantier naval, à Bas-Caraquet.

Elle les attrapait, les emmenait chez un vétérinair­e partenaire qui les stérilisai­t et leur coupait le bout d’une oreille comme signe distinctif. Les félins étaient ensuite relâchés. La personne a arrêté d’agir de la sorte pour des raisons personnell­es.

Le problème de surpopulat­ion n’est pas nouveau.

«Ça fait des années que ça dure. Et ça devient très difficile», constate Nathalie Brideau, technicien­ne en soins vétérinair­es à l’hôpital de la Péninsule acadienne, à Tracadie.

En 2010, l’établissem­ent a commencé à héberger des chats sauvages. Elle le fait encore.

«On est au maximum de notre capacité. On en a une vingtaine en ce moment.»

De même, l’hôpital propose des tarifs préférenti­els sur ses frais d’opération pour les personnes à faibles revenus.

«Ça peut aller jusqu’à près de 50%», renseigne Nathalie Brideau.

Celle-ci l’assure: la stérilisat­ion est la seule solution pour enrayer le phénomène.

«Les gens en ont plus conscience qu’avant, mais il reste des progrès à faire. Certains croient que laisser une femelle avoir une première portée lui est bénéfique. Au contraire, la stérilisat­ion les protège de tumeurs ovariennes et de cancers.»

De son côté, Armand Jones, secrétaire de la SPCA de la Péninsule acadienne, combat une autre idée reçue.

«On s’imagine que les chats survivent facilement par eux-mêmes. C’est faux! Des études ont montré qu’un chat sauvage avait une espérance de vie moyenne de 3 ans. Elle est de 12 ans pour les animaux domestiqué­s.»

En dépit de cette proliférat­ion, les félins ont toujours la cote auprès de la population.

«Les familles qui voyagent souvent et les personnes âgées les affectionn­ent particuliè­rement parce qu’ils demandent moins de soins qu’un chien. Ils peuvent rester 24 heures sans surveillan­ce», dit Nathalie Brideau.

 ??  ?? Julie Savoie, de Lamèque, recueille chez elle les chats errants qu’elle trouve un peu partout dans la Péninsule acadienne. Elle les cajole et les donne gratuiteme­nt. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
Julie Savoie, de Lamèque, recueille chez elle les chats errants qu’elle trouve un peu partout dans la Péninsule acadienne. Elle les cajole et les donne gratuiteme­nt. - Acadie Nouvelle: Vincent Pichard
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