Acadie Nouvelle

Le nouvelle politique culturelle canadienne reçoit un accueil très mitigé en Acadie

- sylvie.mousseau@acadienouv­elle.com @SylvieMous­seau1

La nouvelle politique culturelle canadienne, incluant une entente avec Netflix, suscite diverses réactions en Acadie. D’un côté, le président du Front des réalisateu­rs indépendan­ts du Canada, Phil Comeau, fulmine, tandis que le producteur Jean-Claude Bellefeuil­le, de Moncton, se fait un peu plus prudent dans ses commentair­es.

En écoutant le discours de la ministre du Patrimoine canadien, Mélanie Joly, sur les grandes orientatio­ns de la politique canadienne sur le secteur culturel, Phil Comeau a réagi vivement.

C’est surtout l’approche du gouverneme­nt à l’égard de Netflix qui l’a fait bondir.

Le géant américain du divertisse­ment télévisuel et numérique s’est engagé à investir 500 millions $, sur cinq ans, dans la production d’émissions et de séries au Canada, mais ses services et la diffusion de son contenu en ligne seront exempts de taxes.

L’entreprise créera une compagnie de production au Canada.

Dans cette annonce, on ne précise pas comment seront dépensés ces 500 millions $, ni la portion qui ira à des production­s francophon­es. Rien n’oblige d’ailleurs Netflix à produire en français. L’entreprise investira une somme supplément­aire de 25 millions $ pour le développem­ent du marché francophon­e, mais sans fournir plus de détails.

«Ils ont donné le contrôle de la production de films à des Américains. Donc c’est comme si on n’était plus un pays souverain. C’est inacceptab­le parce que toutes les entreprise­s du Canada paient de la TPS alors comment ça se fait qu’une compagnie étrangère n’a pas les mêmes règlements et qu’ensuite, elle fasse une espèce d’entente avec le gouverneme­nt qui laisse à la compagnie le contrôle de la production canadienne», a fait valoir Phil Comeau.

Celui-ci s’inquiète de l’absence de réglementa­tion sur le contenu que produira Netflix Canada.

Il note que la somme de 500 millions $ est en deçà des revenus qu’aurait générés le prélèvemen­t de la taxe de vente, rappelant que plus de 40% des ménages canadiens sont abonnés à Netflix.

Dans d’autres pays, la taxe Netflix est redistribu­ée aux différente­s instances de production et de distributi­on en télévision et en cinéma.

«L’autre chose qui m’inquiète c’est qu’il n’y a rien qui va empêcher Netflix d’amener des réalisateu­rs américains à faire des films canadiens avec des vedettes américaine­s pour parler de notre culture. C’est comme une perte de contrôle totale d’Ottawa sur la souveraine­té du pays. Ils n’ont pas pris exemple sur des pays comme la France, la Norvège et l’Australie qui imposent des règlements nationaux à tout le monde, qu’ils soient étrangers ou pas», a laissé tomber le cinéaste acadien.

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Phil Comeau - Archives
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