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Les Inuits décernent leur 1er prix Rapatrieme­nt culturel

- Bob Weber La Presse canadienne

Le musée Field d’histoire naturelle de Chicago et le gouverneme­nt inuit de Nunatsiavu­t, au Labrador, se partagent le tout premier prix «Rapatrieme­nt culturel», pour le retour au Canada de 22 corps d’Inuits exhumés sans permission, au siècle dernier, par un conservate­ur américain. En 1927 et 1928, William Strong, qui était alors conservate­ur adjoint au muséum Field de Chicago, avait violé des sépultures bien identifiée­s, dans la communauté de Zoar, un établissem­ent inuit aujourd’hui abandonné qui était situé entre les localités actuelles de Hopedale et Nain, dans le territoire autonome de Nunatsiavu­t, au Labrador. L’Américain n’avait pas la permission d’exhumer les corps, enterrés à la fin du XIXe siècle, et la communauté inuite s’y était opposée. Les restes humains ont été conservés dans la collection permanente du musée de Chicago jusqu’à ce qu’ils soient rendus au Nunatsiavu­t, en 2011, après trois ans de négociatio­ns. Les corps ont depuis été inhumés à nouveau, et le muséum de Chicago a défrayé le gouverneme­nt inuit pour le transfert des restes. Ce transfert a par ailleurs permis aux deux parties de tisser des liens: l’année suivante, en 2012, le muséum d’histoire naturelle a signé un protocole d’entente avec le gouverneme­nt du Nunatsiavu­t pour des projets conjoints de recherche et d’exposition­s. L’organisme national Inuit Tapiriit Kanatami, qui regroupe les Inuits de tout le pays, a créé ce prix «Rapatrieme­nt culturel» cette année à la suite d’une controvers­e entourant l’appropriat­ion culturelle, au printemps dernier. D’éminents écrivains et journalist­es canadiens soutenaien­t alors que les artistes devraient pouvoir créer en se référant directemen­t à la culture des autres, et certains ont même suggéré la création d’un prix annuel pour récompense­r cette appropriat­ion. Deux de ces personnali­tés y ont laissé leur emploi. «On a pensé qu’on pourrait tirer parti de cette affaire, qui a visiblemen­t touché une corde sensible», expliquait mercredi Natan Obed, président d’Inuit Tapiriit Kanatami. Du côté américain, la directrice des rapatrieme­nts au muséum Field, Helen Robbins, rappelle que «la réconcilia­tion est plus facile à dire qu’à faire», mais elle estime que les Inuits ont véritablem­ent le goût de tourner la page et d’aller de l’avant. «Que ce soit aux États-Unis ou au Canada, il y a toujours eu cette appropriat­ion des symboles et des connaissan­ces culturelle­s des communauté­s autochtone­s, pour en retirer un gain», croit Mme Robbins. Le premier prix «Rapatrieme­nt culturel» a été remis officielle­ment la semaine dernière dans le cadre de l’assemblée générale annuelle d’Inuit Tapiriit Kanatami, à Nain.

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