Certains premiers ministres provinciaux sont opposés à la réforme fiscale
La réforme fiscale du gouvernement Trudeau est loin de faire l'unanimité auprès des provinces. Certains premiers ministres ont déjà signalé leur désaccord avant le début de leur rencontre à Ottawa mardi.
Le premier ministre du Manitoba, Brian Pallister, croit que le gouvernement fédéral doit carrément faire marche arrière. Il estime que la façon dont elle a été présentée est irrespectueuse envers les entrepreneurs et il accuse le gouvernement d'avoir lancé une «lutte des classes».
«Le dialogue est malsain et il est blessant. Sinon, comment expliquer que l'optimisme des entrepreneurs ait diminué en même temps dans les dix provinces?» a-t-il dit.
«Ce sont des propositions qui n'aident pas. Elles créent de l'incertitude et l'incertitude n'est pas une bonne chose lorsque l'on tente d'attirer des investisseurs.»
Sa voix s'ajoute à celle de ses homologues de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve-et-Labrador qui ont déjà critiqué la réforme du ministre fédéral des Finances, Bill Morneau.
Plus nuancé, le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, a dit espérer qu'Ottawa trouve le bon équilibre entre les inquiétudes des entrepreneurs et celles d'autres contribuables qui demandent une meilleure équité fiscale.
«J'ai entendu les petits entrepreneurs en Colombie-Britannique exprimer leurs inquiétudes. J'ai aussi entendu des citoyens qui tentent de comprendre comment une personne qui a un revenu de 250 000$ ou plus ne paie pas d'impôt, a-t-il dit. Le ministre des Finances doit trouver le bon équilibre.»
Le premier ministre du Québec, Philippe Couillard, est quant à lui demeuré muet, choisissant de ne pas s'arrêter pour parler aux journalistes au lendemain de la défaite de son parti dans la circonscription de Louis-Hébert.
Son ministre des Finances, Carlos Leitao, avait affirmé à La Presse canadienne la semaine dernière qu'il craignait un impact négatif sur les fermes familiales.
Bill Morneau a présenté les grandes lignes de sa réforme fiscale aux premiers ministres durant la rencontre.
Il a répété à plusieurs reprises au cours des dernières semaines qu'elle vise à mettre fin aux avantages fiscaux utilisés injustement par de riches propriétaires d'entreprises en empêchant la création de sociétés privées dans le strict but d'économiser de l'impôt.
Cette pratique de plus en plus répandue permet aux entrepreneurs et à certains professionnels de fractionner leur revenu entre les membres de leur famille même si ceux-ci ne travaillent pas pour eux.
Sa réforme fiscale présentée à la mi-juillet suscite de la grogne parmi les propriétaires de petites et moyennes entreprises (PME), les agriculteurs et chez certains professionnels comme les médecins.
Le gouvernement Trudeau est engagé dans une guerre de communication avec l'opposition conservatrice qui estime que les petits entrepreneurs et les agriculteurs sont visés injustement. Les conservateurs ont continué de talonner le gouvernement mardi à la Chambre des communes en utilisant la journée réservée à l'opposition pour débattre d'une motion visant à prolonger la consultation lancée par Bill Morneau.
Le chef conservateur, Andrew Scheer, estime que le gouvernement devrait prolonger cette période de consultation de 75 jours qui s'est terminée lundi.
«C'est simplement une question de respect pour les gens qui travaillent fort pour créer des emplois et contribuer à leur communauté, a-t-il indiqué lors d'un discours à la Chambre des communes. Il est temps que le gouvernement commence à manifester aux entreprises locales le respect qu'elles méritent.»
Bill Morneau a signalé la semaine dernière qu'il serait prêt à apporter des modifications à sa réforme fiscale. Il a également précisé qu'elle ne visait pas les sommes qui sont réinvesties dans les entreprises et qu'elle n'empêcherait pas le transfert des fermes familiales d'une génération à l'autre.