BEAUBASSIN-EST NE VEUT PLUS DE PÉRIODES DE QUESTIONS
Les élus de la Communauté rurale de Beaubassin-Est (CRBE) considèrent museler leurs électeurs pendant la tenue des réunions publiques. Une motion est proposée pour retirer la période de questions ouverte à tous, à la fin des séances.
André Bourque n’y va pas avec le dos de la cuillère. Le conseiller du quartier 3 parle d’une attaque à la démocratie municipale. Empêcher les citoyens de questionner leurs élus, dit-il, est tout simplement contre-productif.
«Si je fais une erreur, j’aime que quelqu’un me le dise. Je trouve que c’est un pas en arrière pour la démocratie quand on dit aux gens qu’ils doivent se taire. On envoie le message qu’on veut se débarrasser des gens dans nos réunions.»
La réunion de mercredi soir s’annonçait pourtant anodine.
La municipalité procède à la révision de son arrêté procédural adopté en décembre 2013. Le document dicte le déroulement des réunions du conseil municipal. Un comité ad hoc a été mis sur pied pour l’étudier puis suggérer des modifications.
Le retrait du droit de question du public pendant les réunions a été recommandé.
L’article 6.35 de l’arrêté procédural de la CRBE accorde le droit aux membres du public de poser des questions au sujet des items qui ont paru à l’ordre du jour de la même réunion. Toute question doit être adressée au président d’assemblée, qui peut ensuite demander à un conseiller ou à un employé de la municipalité d’y répondre.
La conseillère du quartier 4, Sophie Landry, a défendu le retrait de la période de questions.
«On n’essaie pas d’enlever la parole des gens, on essaie de structurer ça pour que ce soit plus constructif et mieux géré. Si on sait à l’avance quels sont les questions et les points dont les gens veulent discuter, on peut se préparer.»
Les citoyens peuvent toujours contacter les élus par courriel ou par téléphone, dit-elle.
Ce n’est pas assez, ajoute Michelle GallantRichard, également conseillère du quartier 3.
«À mon avis, on doit garder la période de questions. S’il y a des points qui reviennent, auxquels on n’a pas bien répondu, on doit assurer un suivi sur leurs questions», a-t-elle déclaré avant d’être applaudie par les citoyens présents dans la salle.
Ce n’est pas la première fois que les élus de la CRBE songent à limiter la transparence. En novembre 2015, une motion annulant un arrêté les obligeant à publier les enregistrements des réunions publiques de la municipalité a été débattue.
Ironiquement, le maire Ronnie Duguay s’était par la suite présenté comme le candidat de la transparence, lors des élections municipales de 2016.
«Nous avons des problèmes de transparence et ça doit arrêter. Ça ne peut plus durer», avait alors déclaré le candidat au Moniteur Acadien, en date du 21 janvier 2016.
L’Acadie Nouvelle a tâté le poul du maire Duguay sur cette affaire.
«Je comprends le besoin de parler aux élus, mais certaines questions ne devraient pas être demandées», a-t-il dit à la fin de la réunion.
Ronnie Duguay n’a pas souhaité dire s’il appuyait le retrait de la période de question.
Le conseil municipal se penchera à nouveau sur la proposition à une réunion ultérieure.