Quand vient le temps des vendanges sur la Côte Magnétique
L’automne constitue la période la plus intense de l’année pour Zachary Everett, copropriétaire du vignoble Magnetic Hill à Moncton. Depuis quelques jours, le vigneron passe la plus grande partie de son temps à genoux, un sécateur à la main.
Zachary Everett s’active chaque matin au milieu des vignes à raisin blanc. Surplombant la Côte magnétique, le domaine viticole offre une vue imprenable sur la ville.
Les grappes de raisin gorgées de soleil sont toutes récoltées à la main. Les cépages rouges, qui mûrissent plus lentement, attendront encore deux semaines.
Et la saison s’annonce prometteuse: le temps chaud des derniers mois a donné un goût particulièrement sucré au raisin.
«C’est l’un des meilleurs étés qu’on n’a jamais vu ici! Début juillet on a eu peu de pluie et beaucoup de chaleur. Septembre a été ensoleillé et le raisin a pu mûrir parfaitement.»
Une fois récoltées, les grappes passent d’abord dans l’érafloir ou égrappoir, qui permet de détacher les grains de raisin de la rafle. Les fruits sont ensuite transférés dans un pressoir chargé de l’extraction du jus des raisins.
«C’est très important de ne pas traîner après la cueillette, explique Zachary. Il faut mettre le jus en cuve le plus rapidement possible. On veut éviter qu’il se mélange avec l’oxygène.»
Des levures sont alors ajoutées au moût de vin pour déclencher la fermentation alcoolique. Le tout est stocké dans d’immenses cuves en inox. Après une longue période de vieillissement à plus de 15°C, le vin sera prêt à être embouteillé.
«Pour le vin blanc, je peux le faire en six mois. Pour le vin rouge, c’est plutôt de huit à 12 mois», précise le vigneron.
Zachary Everett prévoit remplir 100 000 bouteilles en 2018. Il y a cinq ans, le producteur n’écoulait que 20 000 bouteilles par année. Les 6000 pieds de vigne du domaine ont suffisamment vieilli pour offrir un rendement intéressant.
L’entreprise familiale se charge également de transformer la récolte de plusieurs vignerons de la région de Cap-Pelé et de Shediac.
L’établissement viticole produit des framboises, des fraises et de la rhubarbe qui entrent dans la fabrication des vins artisanaux. Une partie d’entre eux est créée à partir de canneberges, de bleuets et de pommes issues de productions locales.
Malheureusement, la récolte de petits fruits n’a pas été aussi bonne. La culture des framboises en particulier a été mise à mal par les semaines de sécheresse.
L’INDUSTRIE VINICOLE A LE VENT DANS LES VOILES
L’arrivée de leurs vins sur les tablettes des épiceries a donné un nouveau souffle aux producteurs néo-brunswickois. Le Mascaret, l’Évangéline Blanc ou le Bay of Fundy Blue sont désormais disponibles dans 44 points de vente aux quatre coins de la province.
L’association Vins NB organise les commandes directement auprès de la grande distribution et s’assure que les vins locaux sont mis en évidence dans les magasins. Lors des premiers mois du programme, les produits néo-brunswickois représentaient près du tiers des bouteilles en inventaire. Ce qui ravit Zachary Everett.
«L’industrie va continuer de grossir, on espère voir le double de vignes et de vignobles d’ici cinq ans», lance-t-il.
L’équipe du vignoble Magnetic Hill peut maintenant se permettre de voir grand. De nouvelles installations de 8000 pieds carrés sont en construction et devraient être ouvertes au public avant l’été prochain.
Une grande cave à vin permettra d’accroître la capacité de production et de faire vieillir certains vins plus longtemps.
«Il y aura aussi un laboratoire qui va me permettre de faire des expériences, d’améliorer la qualité et de créer des nouveaux vins», ajoute Zachary.
Les nouveaux locaux comprendront une salle de dégustation, un petit bistro et une terrasse surélevée pour accueillir les visiteurs. Le domaine accueille de plus en plus de touristes qui viennent rester la nuit, pour se promener parmi les vignes ou simplement déguster les produits de la vinerie.
Le vigneron croit que la province a tout intérêt à miser sur le développement de l’agrotourisme.
«Le gouvernement commence à comprendre que les gens sont à la recherche d’expériences authentiques. Ça ne fait que commencer!»