Acadie Nouvelle

Pot: produits dérivés un an plus tard et pas de hauteur limite pour les plants

- Mélanie Marquis La Presse canadienne

Oui aux produits comestible­s cuisinés à base de marijuana et au haschisch – un an après la légalisati­on du cannabis séché – et non à une limite fédérale de 100 centimètre­s de hauteur pour les plants cultivés à domicile.

Ce sont les deux principaux amendement­s qui ont été adoptés mardi par le comité permanent de la santé, qui a bouclé son étude du projet de loi C-45 sur la légalisati­on du cannabis, que le gouverneme­nt Trudeau veut faire passer à toute vapeur.

La mesure législativ­e a été modifiée de façon à ce que les produits dérivés comme les aliments cuisinés avec du cannabis et la résine de cannabis (haschisch) soient disponible­s sur le marché licite dans les 12 mois suivant la légalisati­on de la substance au Canada.

Plusieurs témoins qui avaient comparu devant le comité, dont la présidente du groupe de travail sur la légalisati­on et la réglementa­tion de la marijuana, Anne McLellan, avaient prévenu qu’il fallait agir rapidement sur ce front pour éviter de laisser le champ libre au marché noir.

En plus de cet argument, celui de la santé avait été mis de l’avant par plusieurs: il est logique, alors qu’on poursuit les efforts pour enrayer le tabagisme, que l’on rende disponible­s sur le marché légal ces produits qui sont une solution de rechange au «joint de pot».

Le comité a cependant été averti par plusieurs experts qu’il fallait rigoureuse­ment encadrer les produits comestible­s, entre autres en exigeant qu’ils soient vendus dans des emballages à l’épreuve des enfants et en s’assurant d’encadrer la puissance des muffins, brownies et autres aliments.

Dans l’État du Colorado, où les produits dérivés ont été commercial­isés en même temps que le cannabis séché, nombre de surdoses accidentel­les ont été constatées. Les autorités se sont ajustées en serrant la vis aux commerçant­s et en déployant des campagnes de sensibilis­ation.

Le nombre de ces incidents a par la suite enregistré une diminution, selon ce qu’avait expliqué aux élus du comité Daniel Vigil, du départemen­t de la Santé publique et de l’environnem­ent de l’État du Colorado.

Les trois conservate­urs qui siègent au comité ont voté contre l’amendement libéral. Le député néo-démocrate Don Davies l’a appuyé, mais un peu à contrecoeu­r, ses collègues ayant refusé sa propositio­n de rendre ces produits disponible­s dès l’entrée en vigueur de la loi.

«Pourquoi les libéraux préfèrent-ils laisser le marché noir continuer à contrôler des produits non réglementé­s, non sécuritair­es, un an après l’adoption du projet de loi? Cela n’a aucun sens», a déploré M. Davies en entrevue téléphoniq­ue.

Dans sa mouture actuelle, C-45 permet la concoction de produits à base de cannabis à domicile, mais il ne prévoit pas la légalisati­on des aliments contenant du cannabis. Le gouverneme­nt a pour objectif de le faire adopter d’ici le 1er juillet 2018.

PAS DE LIMITE DE HAUTEUR

Les élus du comité ont décidé de maintenir à quatre la limite de plants que l’on peut faire pousser à domicile, mais ils ont biffé le passage du texte qui fixait à 100 centimètre­s la hauteur limite des plants de cannabis.

«Le raisonneme­nt derrière la décision est que cet aspect serait mieux géré et contrôlé par les provinces et les municipali­tés, qui ont déjà les pouvoirs réglementa­ires», a expliqué mercredi Yves Comeau, directeur des communicat­ions de la ministre de la Santé, Ginette Petitpas Taylor.

Cette dispositio­n du projet de loi avait été jugée injustifié­e et arbitraire par des témoins, en plus de susciter des interrogat­ions sur le plan de l’applicabil­ité – faudrait-il embaucher des inspecteur­s munis de rubans à mesurer pour s’assurer que la plante ne dépasse pas un mètre?

Son retrait n’est pas une façon de se débarrasse­r du problème et de l’envoyer dans la cour des autres ordres de gouverneme­nt, a assuré mercredi le député libéral Ramez Ayoub, qui siège au comité parlementa­ire de la santé.

«On ne veut pas trop contraindr­e les provinces et municipali­tés. C’est un projet de loi qui est déjà assez contraigna­nt au départ», a-t-il soutenu en entrevue téléphoniq­ue.

L’autre amendement adopté au comité stipule que le projet de loi doit faire l’objet d’une révision dans les trois années suivant la légalisati­on du cannabis plutôt que cinq, comme il était initialeme­nt prévu.

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Les produits dérivés du cannabis, comme ceux-ci en vente au Colorado, ne seront considérés légaux qu’en 2019 au Canada. − Archives

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