Emma Haché et Serge Patrice Thibodeau en lice pour les Prix littéraires du Gouverneur général
Deux oeuvres acadiennes figurent parmi les finalistes des Prix littéraires du Gouverneur général du Canada. Emma Haché et Serge Patrice Thibodeau tenteront de mettre la main sur cette prestigieuse récompense qui célèbre l’excellence de la littérature canadienne.
Le Conseil des arts du Canada a dévoilé, mercredi, la liste des finalistes des Prix littéraires du Gouverneur général 2017, dans les 14 catégories de langue française et anglaise. Les prix récompensent les meilleurs livres canadiens. Cette année, 1475 titres en français et en anglais ont été soumis au jury. Le recueil L’isle Haute en marge de Grand-Pré (Éditions Perce-Neige), de Serge Patrice Thibodeau, de Moncton, a été retenu dans la catégorie poésie tandis que la pièce
Exercice de l’oubli (Lansman Éditeur) de la dramaturge Emma Haché, de Lamèque, figure parmi les finalistes en théâtre.
Selon Serge Patrice Thibodeau, il s’agit d’une très bonne année pour les Acadiens. Celui qui a déjà remporté le prix littéraire du GG à deux reprises pour ses recueils Le
quatuor de l’errance (1996) et Seul on est (2007), estime que cette distinction donne un nouvel élan aux oeuvres littéraires. Le fait de se retrouver parmi les finalistes constitue une reconnaissance très encourageante.
Les oeuvres sont jugées par des comités d’évaluation des pairs. Serge Patrice Thibodeau s’est dit surpris et ému de se retrouver parmi les finalistes, surtout que son recueil est un peu passé inaperçu depuis sa parution en février dernier.
«C’est toujours surprenant parce qu’on ne le sait jamais, surtout qu’il y a de moins en moins de recensions dans les médias, surtout en poésie. Le livre est sorti depuis février et on n’en a pas vraiment parlé plus qu’il le faut. On se dit toujours que c’est un autre livre qui est passé dans la craque du plancher», a-t-il exprimé.
Il s’agit de sa 4e nomination au Prix littéraire du GG en 25 ans. Sortant des sentiers battus, L’Isle Haute en marge de Grand-Pré constitue probablement son livre le plus personnel tout en étant collectif en raison de la trame de fond sur l’histoire acadienne. En filigrane, il y a le récit de la mort de sa mère.
«C’est un livre très personnel qui m’a pris quand même trois ans à écrire. Je suis content de l’avoir écrit parce que c’était un défi que m’avaient lancé des amis poètes.»
L’auteur s’est inspiré de cartes géographiques et de photographies prises de la station spatiale internationale où l’on voit très bien le paysage de Grand-Pré.
«Ça m’a donné l’idée de décrire l’Acadie, mais vue du ciel. Ç’a complètement changé ma perspective et mon point de vue sur le territoire donc j’ai voulu écrire autour de ça.»
EMMA HACHÉ EST TOUCHÉE
L’annonce des finalistes invite les lecteurs à découvrir les oeuvres sélectionnées. En apprenant la nouvelle de sa nomination, Emma Haché s’est dite d’abord très touchée, surtout que la sélection vient d’un jury de pairs.
«C’est une belle surprise pour moi ce matin. C’est touchant de voir que ça leur a parlé parce que ce texte est très particulier. Ça m’a pris beaucoup de temps pour décider qu’il était terminé et pour l’abandonner. C’est chouette d’être finaliste pour un texte qui nous a travaillés beaucoup», a partagé l’auteure.
Celle qui a déjà reçu le Prix littéraire du Gouverneur général du Canada pour sa pièce L’intimité (2004) en est à sa troisième nomination. Même si elle a été publiée, la pièce Exercice de l’oubli n’a jamais été montée pour la scène. C’est en discussion et il y a de fortes chances que cela se produise. Inspirée d’un fait divers, cette pièce porte sur la mémoire et sur la question du temps qui passe dans le couple.
«C’est une femme qui vient visiter régulièrement son mari qui est interné dans un centre de soins spécialisés parce qu’il est amnésique à cause d’un accident. Ç’a bousillé sa mémoire au complet sauf une seule chose, l’amour qu’il porte pour sa femme. Elle sait qu’il l’aime et elle ne peut pas se dire qu’elle peut recommencer sa vie si facilement. C’est donc une situation difficile à porter», a raconté Emma Haché.
Les lauréats seront annoncés le mercredi 1er novembre.
«C’est quand même majeur parce que c’est une référence pour beaucoup de lecteurs. C’est une immense vitrine qui nous met sous les projecteurs. Pour les institutions et les libraires, c’est un prix respecté. Le livre se retrouve donc à l’avant-plan et ça, c’est très bon pour la visibilité et la circulation de l’oeuvre», a fait valoir l’auteur et éditeur.