ÉNERGIE EST MORT ET ENTERRÉ
Depuis quatre ans, TransCanada se heurtait aux critiques de divers groupes inquiets des risques associés au projet d’oléoduc Énergie Est. Ceux-ci crient désormais victoire.
Matt Abbott, sentinelle de la baie de Fundy du Conseil de conservation du NouveauBrunswick, a de quoi fêter aujourd’hui. Il s’inquiétait de l’impact d’une augmentation de la circulation de navires pétroliers sur la population de baleines.
«C’est un jour très important pour les pêcheurs, l’industrie du tourisme et les communautés côtières, lance-t-il. Le risque était grand pour la baie de Fundy et les écosystèmes terrestres.»
M. Abbott ne se dit pas surpris de la décision de TransCanada. Le faible prix du pétrole fragilisait la viabilité du projet.
«Il est temps de faire la transition vers les énergies renouvelables, d’être moins dépendant des énergies fossiles, ajoute-t-il. C’est un jour important pour le Nouveau-Brunswick et le climat, ça nous donne la chance d’aller dans la bonne direction et de mettre notre énergie à la bonne place.»
Le chef du Parti vert, David Coon, affirme que le projet d’oléoduc n’avait pas de raison d’être à une époque de transformation vers une économie verte. «Certains pays et plusieurs constructeurs automobiles tentent d’éliminer les voitures à essence d’ici 2040. Le marché est très incertain», dit-il.
Selon David Coon, Ottawa n’a fait que respecter les engagements internationaux du Canada en demandant un examen environnemental approfondi du projet.
«Un pipeline est une infrastructure dont la durée de vie est de 50 ans, ça ne fait aucun sens pour l’avenir. TransCanada commence à reconnaître la réalité, le changement est en marche depuis les Accords de Paris sur le climat en 2015.»
Angela Giles, organisatrice régionale du Conseil des Canadiens, se dit soulagée elle aussi. L’organisme était du côté des opposants de la première heure. «C’est la preuve que la mobilisation a fonctionné», croit-elle.
«La fin d’Énergie Est montre que les projets énergétiques extrêmes font partie de notre passé et non de notre avenir.»
Le pipeline aurait pu mettre en danger l’eau potable et les cours d’eau qu’il aurait traversés, avance Angela Giles. «C’était aussi un non-respect des droits autochtones.»
L’EAU POTABLE D’EDMUNDSTON HORS DE TOUT DANGER
La Ville d’Edmundston s’était opposée au tracé proposé par la pétrolière albertaine. L’oléoduc devait traverser le bassin hydrographique de la rivière Iroquois, d’où la municipalité tire son eau potable.
Le maire d’Edmundston, Cyrille Simard, s’inquiétait des conséquences en cas de déversement de pétrole.
Il ignore si TransCanada aurait accepté de revoir le tracé et dit n’avoir reçu aucune garantie.
«Le fait que l’entreprise enterre définitivement Énergie Est fait en sorte qu’on ne pourra jamais savoir si nous aurions pu protéger la source d’eau si le projet était allé de l’avant», souligne M. Simard.
«Mais le fait qu’il disparaisse de notre radar fait en sorte que ça protège notre source d’eau de façon assurée.» Avec la collaboration du journaliste Mathieu Roy-Comeau