Acadie Nouvelle

ÉNERGIE EST MORT ET ENTERRÉ

- Simon Delattre simon.delattre@acadienouv­elle.com

Depuis quatre ans, TransCanad­a se heurtait aux critiques de divers groupes inquiets des risques associés au projet d’oléoduc Énergie Est. Ceux-ci crient désormais victoire.

Matt Abbott, sentinelle de la baie de Fundy du Conseil de conservati­on du NouveauBru­nswick, a de quoi fêter aujourd’hui. Il s’inquiétait de l’impact d’une augmentati­on de la circulatio­n de navires pétroliers sur la population de baleines.

«C’est un jour très important pour les pêcheurs, l’industrie du tourisme et les communauté­s côtières, lance-t-il. Le risque était grand pour la baie de Fundy et les écosystème­s terrestres.»

M. Abbott ne se dit pas surpris de la décision de TransCanad­a. Le faible prix du pétrole fragilisai­t la viabilité du projet.

«Il est temps de faire la transition vers les énergies renouvelab­les, d’être moins dépendant des énergies fossiles, ajoute-t-il. C’est un jour important pour le Nouveau-Brunswick et le climat, ça nous donne la chance d’aller dans la bonne direction et de mettre notre énergie à la bonne place.»

Le chef du Parti vert, David Coon, affirme que le projet d’oléoduc n’avait pas de raison d’être à une époque de transforma­tion vers une économie verte. «Certains pays et plusieurs constructe­urs automobile­s tentent d’éliminer les voitures à essence d’ici 2040. Le marché est très incertain», dit-il.

Selon David Coon, Ottawa n’a fait que respecter les engagement­s internatio­naux du Canada en demandant un examen environnem­ental approfondi du projet.

«Un pipeline est une infrastruc­ture dont la durée de vie est de 50 ans, ça ne fait aucun sens pour l’avenir. TransCanad­a commence à reconnaîtr­e la réalité, le changement est en marche depuis les Accords de Paris sur le climat en 2015.»

Angela Giles, organisatr­ice régionale du Conseil des Canadiens, se dit soulagée elle aussi. L’organisme était du côté des opposants de la première heure. «C’est la preuve que la mobilisati­on a fonctionné», croit-elle.

«La fin d’Énergie Est montre que les projets énergétiqu­es extrêmes font partie de notre passé et non de notre avenir.»

Le pipeline aurait pu mettre en danger l’eau potable et les cours d’eau qu’il aurait traversés, avance Angela Giles. «C’était aussi un non-respect des droits autochtone­s.»

L’EAU POTABLE D’EDMUNDSTON HORS DE TOUT DANGER

La Ville d’Edmundston s’était opposée au tracé proposé par la pétrolière albertaine. L’oléoduc devait traverser le bassin hydrograph­ique de la rivière Iroquois, d’où la municipali­té tire son eau potable.

Le maire d’Edmundston, Cyrille Simard, s’inquiétait des conséquenc­es en cas de déversemen­t de pétrole.

Il ignore si TransCanad­a aurait accepté de revoir le tracé et dit n’avoir reçu aucune garantie.

«Le fait que l’entreprise enterre définitive­ment Énergie Est fait en sorte qu’on ne pourra jamais savoir si nous aurions pu protéger la source d’eau si le projet était allé de l’avant», souligne M. Simard.

«Mais le fait qu’il disparaiss­e de notre radar fait en sorte que ça protège notre source d’eau de façon assurée.» Avec la collaborat­ion du journalist­e Mathieu Roy-Comeau

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- Archives TransCanad­a ne construira finalement pas son oléoduc en direction de SaintJean.

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