Entrées irrégulières: il n’y a jamais eu de crise, selon le ministre Hussen
La situation a eu beau faire les manchettes une bonne partie de l'été, il n'y a jamais eu de crise des migrants, selon le ministre fédéral de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté.
Le ministre Ahmed Hussen a fait ce commentaire alors qu'il témoignait devant un comité parlementaire jeudi matin. Le comité se penche sur la «situation des demandeurs d'asile qui entrent irrégulièrement au Canada à partir des États-Unis».
«Ce n'était pas une crise», a répondu le ministre à un de ses collègues libéraux qui a utilisé le mot dans le but évident de transmettre le message de son gouvernement.
Les autorités comptaient en moyenne 100 arrivées par jour en juillet et 190 en août, dans la région de Saint-Bernard-de-Lacolle. Il a fallu installer un campement, démantelé la semaine dernière.
En septembre, on comptait en moyenne 60 arrivées par jour. On ne sait pas combien de demandeurs d'asile emprunteront la même route dans les prochains mois, mais on installe des unités d'hébergement chauffées.
«Les nombres que nous avons eus cet été sortaient de l'ordinaire», a admis le ministre.
«Nous sommes passés de 20 à 30 par jour, à 50, puis à 200 à 300 par jour», a-t-il encore rappelé.
«Mais ce qu'il faut noter, c'est qu'il y a eu de la planification», a-t-il ajouté, citant le redéploiement et l'ajout de ressources de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ainsi que de son propre ministère.
Cela l'amène à conclure que la situation a toujours été sous contrôle et qu'il n'y a pas eu crise.
À ses côtés, le ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a dit qu'il y a eu une minuscule portion de cas problèmes. «C'est même moins d'un pour cent des cas qui sont des cas de criminalité sérieuse», a spécifié Jacques Cloutier, vice-président des opérations à l'ASFC, qui appuyait le témoignage des deux ministres au comité.
Les députés d'opposition ont voulu revenir sur l'entente sur les tiers pays sûrs. Les néodémocrates réclament que le gouvernement déchire l'entente, tandis que les conservateurs veulent la renégocier avec les États-Unis afin d'en élargir la portée à l'ensemble de la frontière. L'entente s'applique en ce moment seulement aux points d'entrée légaux, poussant les demandeurs d'asile à entrer au Canada en contournant les postes frontaliers.
Non, une telle négociation n'est pas en cours, a répondu le ministre Hussen aux questions de la conservatrice Michelle Rempel.
«Le ministre Hussen a dit que son gouvernement n'a pas discuté de la lacune de l'entente sur les tiers pays sûrs avec les États-Unis. Les libéraux doivent expliquer pourquoi ils ne font rien pour combler cette lacune», s'est offusquée plus tard Mme Rempel dans une déclaration écrite.
«L'entente (...), franchement, a été très, très bonne pour le Canada pour ce qui est de la gestion des demandeurs d'asile entre le Canada et les États-Unis», a aussi offert le ministre pour contrer les arguments de la néodémocrate Jenny Kwan.
Celle-ci venait d'attaquer le bilan des Américains face aux demandeurs d'asile, citant le cas de Seidu Mohammed.
Le Ghanéen, qui se dit persécuté dans son pays d'origine à cause de son orientation sexuelle, n'a pas convaincu les autorités américaines. Il a traversé la frontière manitobaine en plein hiver, a eu les mains gelées et a dû alors subir des amputations. Le Canada lui a accordé le statut de réfugié le printemps dernier.