Acadie Nouvelle

Atcon: «Une situation semblable pourrait se produire»

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Malgré toute l’attention qui lui est accordée, Opportunit­és NB n’est pas la principale pourvoyeus­e d’aide financière au développem­ent économique au sein du gouverneme­nt. Une situation mise en évidence par la vérificatr­ice générale et dénoncée par les partis d’opposition. Mathieu Roy-Comeau

Depuis 2016, Opportunit­és NB a dépensé 95,2 millions $ en aide financière à l’industrie. C’est moins de la moitié des 207,4 millions $ qui ont été investis par la Société de développem­ent régional durant la même période.

Un autre organisme gouverneme­ntal, Provincial Holdings, a déboursé 5,8 M$.

Opportunit­és NB s’est retrouvée sous les projecteur­s cette semaine pour avoir failli à la tâche dans la mise en oeuvre des recommanda­tions de 2015 de la vérificatr­ice générale sur l’affaire Atcon.

«Je suis d’avis qu’une situation semblable pourrait se produire à nouveau», a prévenu Kim MacPherson, mardi, lors de la présentati­on de son second rapport sur le scandale de l’aide financière accordée à l’entreprise de Miramichi qui a coûté 70 millions $ aux contribuab­les au moment de sa faillite en 2010.

Dans ce rapport, Mme MacPherson constate qu’Opportunit­és NB n’a mis en oeuvre que 4 des 19 recommanda­tions de 2015. Elle a toutefois affirmé avoir «bon espoir de voir des améliorati­ons» à l’avenir en raison des «efforts en cours» de la part d’Opportunit­és NB.

La vérificatr­ice générale n’a cependant pas fait preuve du même enthousias­me au sujet des quatre autres ministères ou agences qui consacrent encore plus d’argent public au développem­ent économique.

«Nous avons constaté que le Bureau du conseil exécutif avait déployé peu d’efforts pour s’assurer que nos recommanda­tions soient appliquées à toutes les autres entités accordant de l’aide financière à l’industrie», indique-t-elle dans son rapport.

Le Bureau du conseil exécutif, parfois appelé le «ministère des ministères», est au sommet de la pyramide de la fonction publique et répond directemen­t au premier ministre.

La Société de développem­ent régional est la championne de l’aide financière au développem­ent économique. Le Fonds de développem­ent économique et d’innovation pour le Nord est notamment géré par la Société de développem­ent.

Le chef du Parti vert, David Coon, et le chef du Parti progressis­te-conservate­ur, Blaine Higgs, déplorent tous deux le peu d’attention qui lui est accordée.

«La Société de développem­ent n’a mis en oeuvre aucune des recommanda­tions de la vérificatr­ice générale. C’est très grave», affirme M. Coon.

Les garde-fous qui ont été mis en place chez Opportunit­és NB pour éviter le gaspillage de fonds publics n’existent pas du côté de la Société de développem­ent, indique-t-il.

«C’est plus difficile de faire des investisse­ments avec Opportunit­és NB à cause de sa structure et de son conseil d’administra­tion. À la Société de développem­ent, il n’y a pas de conseil d’administra­tion.»

«C’est une agence très politique, alors il y a plus d’occasions d’offrir des subvention­s aux entreprise­s dans certaines circonscri­ptions pour des raisons politiques», assure M. Coon.

Blaine Higgs compare quant à lui la Société de développem­ent régional à une «caisse noire»

«C’est une caisse noire politique. C’est ça la Société de développem­ent régional. C’est la caisse noire pour acheter les prochaines élections et c’est comme ça depuis longtemps.»

L’ex-ministre des Finances va même jusqu’à dire que la Société «était déjà une caisse noire» lorsqu’il faisait partie du gouverneme­nt du premier ministre David Alward de 2010 à 2014.

Les deux chefs de partis demandent au gouverneme­nt de mettre en oeuvre l’ensemble des recommanda­tions de la vérificatr­ice générale dans chacune des agences et des ministères qui font du développem­ent économique.

Le ministre responsabl­e de la Société de développem­ent régional, Bill Fraser, nie catégoriqu­ement les allégation­s des députés de l’opposition.

La Société investit dans toutes les régions de la province à la suite d’un processus d’approbatio­n «rigoureux» qui remonte même jusqu’au cabinet pour les projets de plus de 500 000 $, atteste-t-il.

«Nous exerçons toujours une diligence appropriée dans chaque dossier. Il doit toujours y avoir un plan d’affaires et une analyse de rentabilit­é», insiste le ministre.

Contrairem­ent à Opportunit­és NB, la Société de développem­ent régional ne travaille pas seulement avec les entreprise­s, mais aussi avec les municipali­tés et les organismes sans but lucratif.

Selon le directeur des communicat­ions de la Société de développem­ent, Bruce MacFarlane, «seulement 19,3 % des fonds» identifiés par la vérificatr­ice générale dans son plus récent rapport «ont été investis dans des projets commerciau­x tandis que les investisse­ments restants ont été attribués aux clients non commerciau­x.»

En entrevue avec le journal, le ministre Fraser demeure toutefois plutôt vague concernant les recommanda­tions de Kim MacPherson faites en 2015 et dont la majorité n’a toujours pas été mise en oeuvre.

«Chaque année, elle fait des recommanda­tions et nous révisons ses recommanda­tions. Nous mettons en oeuvre chacune de ces recommanda­tions ou la majorité d’entre elles annuelleme­nt. Cette année n’est pas différente des autres années», indique-t-il.

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Kim MacPherson - Archives

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