Le rapport de la vérificatrice générale au sujet du scandale Atcon
Je me réjouirai cette semaine devant l’extase politique qu’a dû ressentir mon collègue d’à côté au plaisir d’écrire toute une chronique sur son sujet fétiche; la triste affaire Atcon! Un peu de méchanceté de ma part, lui rappellera cependant que ce scandale, si c’en est un, est loin d’être parmi les plus grands fiascos financiers que notre province ait subis due à l’incurie d’un conseil des ministres.
Je me contenterai dans ce contexte de réduire ma liste à des décisions du cabinet où le chroniqueur d’en face siégeait au conseil des ministres alors que des décisions de loin plus coûteuses que celle d’Atcon furent prises par le Cabinet.
Commençons par le dossier de l’orimulsion à la centrale de Coleson Cove, où un gouvernement pas trop éveillé a investi en 2004 près de 800 millions $ dans des modifications à la centrale pour qu’elle puisse utiliser de l’orimulsion comme combustible alors qu’ils n’avaient pas finalisé les contrats avec le Venezuela.
Résultats: des pertes de plus d’un demimilliard de dollars.
Réminiscence également d’un autre geste pas trop calculé d’un gouvernement où le chroniqueur d’en face était toujours ministre des Finances: le cabinet signe une entente mal bâclée pour la réfection de la centrale nucléaire de Pointe Lepreau, qui entraînera des pertes de plus d’un milliard de dollars pour les clients d’Énergie Nouveau-Brunswick.
Est-il nécessaire d’ajouter à cette liste la législation supportée par le même gouvernement et même ministre des Finances qui aura donné des concessions de taxes de plusieurs millions de dollars annuellement à la compagnie Irving dans le dossier du LNG Canaport?
Ceci n’excuse pas me direz-vous le fait que le fiasco Atcon est un exemple probant d’une mauvaise décision prise par un gouvernement qui, au bout du compte, aura coûté des dizaines de millions de dollars aux contribuables?
C’est une mauvaise décision peut-être, mais prise pour le bien d’une région. Je ne cache aucunement le fait que j’ai participé activement à toutes les réunions du cabinet et à toutes les réunions du premier ministre Shawn Graham sur ce sujet. J’assume entièrement que le gouvernement a pris une mauvaise décision et qu’il en a par la suite payé le prix aux élections de 2010.
Je déplore cependant le travail de la vérificatrice générale qui semble s’obstiner sur une histoire dont on connaît tous les détails. Son deuxième rapport ne nous a rien appris de nouveau puisqu’elle confirme que tout l’argent qu’Atcon a reçu du gouvernement aura servi à tenter en vain de sortir la compagnie du merdier dans lequel elle se trouvait.
Son document aurait pu mentionner que le groupe Tozer tenait à bout de bras l’économie de Miramichi et que la banque de la Nouvelle-Écosse devrait avoir honte du chantage qu’elle a exercé sur le gouvernement pour récupérer ses mises de fonds!
C’est le rôle du cabinet provincial de prendre des risques aux noms des régions et si un jour on enlève ce privilège au gouvernement, aussi bien fermer les régions, déménager à Saint-Jean et travailler pour Irving!
Selon la vérificatrice générale du N.-B., le premier ministre Shawn Graham et ses ministres ont démontré en 2009 un manque de respect flagrant envers les contribuables du N.-B. dans le dossier Atcon.
Le plus grand manque de jugement fut de laisser aller une garantie sur un prêt, donnant ainsi une position prioritaire à la Banque de la N.-É. qui en a profité pour couvrir ses pertes aux dépens des contribuables du N.-B. qui n’ont ainsi récupéré que 4% de leur investissement.
Le très célèbre Victor Boudreau, reconnu pour ses manques de jugements, fut celui qui a signé le document comme ministre responsable d’Entreprise NB. Une fois de plus, il démontrait son arrogance et son dédain pour les contribuables de la province.
La Banque de la N.-É. a protégé ses investisseurs alors que les ministres libéraux ont été négligents et ont failli à leur tâche de protéger les intérêts des contribuables de la province.
C’est certainement l’une des plus troublantes décisions financières de la province d’un gouvernement en pleine connaissance de cause.
Le plus triste, c’est que le premier ministre Gallant a nommé tous les ministres impliqués dans la décision Atcon, à des postes très importants dans son gouvernement. Personne n’a été tenu responsable. Même les frais juridiques du premier ministre Graham, qui avait été accusé d’être en conflit d’intérêts, ont été payés par les contribuables du N.-B.
Il avait pris part aux discussions de la décision Atcon alors que son père Allan Graham était directeur d’une des compagnies Atcon. Ce ne fut pas son seul manque de jugement et les défis financiers que la province vit aujourd’hui en sont les tristes résultats. Mais tout comme Justin Trudeau, il avait un beau sourire et aimait prendre des
La vérificatrice générale avait fait 15 recommandations en 2015 lors d’une première évaluation du dossier Atcon, afin que de telles décisions ne se répètent plus. Elle se dit troublée que seulement quatre de ses recommandations aient été mises en place et croit que les contribuables du N.-B. ne sont toujours pas protégés contre des décisions irrationnelles de petits politiciens.
Le sous-ministre responsable d’Opportunité NB avait pourtant informé les membres d’un comité législatif que toutes les recommandations avaient été mises en place. Le chef de l’opposition officiel a d’ailleurs demandé la démission du sous-ministre pour avoir menti au comité législatif. Même les ministres libéraux responsables s’étaient faits rassurants et avaient propagé de l’information erronée.
Aucun des ministres impliqués dans la décision Atcon n’a donné une raison rationnelle qui aurait pu justifier leur décision lorsqu’interrogé par la vérificatrice générale. Qui était derrière cette décision? Est-ce quelqu’un de la Banque de la N.-É. proche du Parti libéral? Est-ce un directeur ou une directrice d’Atcon proche du Parti libéral?
Les libéraux vont maintenant propager le message que tous les politiciens sont pareils, ce qui les fera monter à la moyenne aux dépens de ceux et celles qui sont intègres.